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13ème édition du marathon de Beyrouth le 8 novembre


Publié le mercredi 4 novembre 2015 à 00h06min

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Pour sa treizième édition consécutive, le marathon de Beyrouth aura lieu dimanche prochain et rassemblera pas moins de 40000 athlètes et coureurs de tout bord, ainsi qu’une invitée de marque : l’athlète britannique Paula Radcliffe. En dépit d’une situation sécuritaire locale et régionale fragile, ainsi que d’énormes défis organisationnels et logistiques, la Beirut Marathon Association (BMA) n’a cessé de faire preuve de persévérance et d’opiniâtreté pour ordonnancer son grand événement annuel. Afin de mieux cerner cette manifestation sportive d’envergure et les défis auxquels est confrontée l’association, « L’Orient-Le Jour » a rencontré sa présidente May el-Khalil. Entrevue à bâtons rompus.




Chaque automne, depuis treize ans, le marathon de Beyrouth s’impose au mois de novembre (le dimanche 8 pour son édition 2015). Treize ans contre vents et marées en dépit des nombreux défis sécuritaires et logistiques. Quel est le secret de cette longévité appelée, semble-t-il, à perdurer ? Car le marathon est devenu un « incontournable » de la vie sociale libanaise, dans un pays où tout n’est qu’inconstance et incertitude. Un événement qui a évolué bien au-delà du seul sport, où athlètes aguerris et familles nombreuses se retrouvent dans la joie et la bonne humeur pour passer une journée agréable comme à un pique-nique.

Afin de mieux comprendre ce phénomène sportif et social, L’Orient-Le Jour a rencontré May el-Khalil, présidente de la Beirut Marathon Association (BMA) qui organise la grande manifestation. C’est une femme avenante, tout sourire et généreuse de cœur qui nous reçoit dans les locaux de la BMA, situés à Hazmieh-Mar Takla.

De prime abord, Mme Khalil tient à préciser que « la BMA, depuis sa création, a été conçue en tant qu’association à but non lucratif dont l’objectif principal est la promotion du sport et du marathon en particulier, d’où son nom ». Toutefois, ajoute-t-elle, « depuis l’été 2006, nous vivons dans une situation sécuritaire locale et régionale extrêmement volatile, et c’est pour cela que nos slogans sont devenus porteurs de message. Message de paix, essentiellement. Nous ne courons plus pour le "sport" seulement, nous courons aussi pour une "cause" ; pour cela, chaque année, nous adoptons une cause noble et nous en faisons la devise du marathon ».

Et de poursuivre : « Cette "cause" amènera-t-elle la paix et la sécurité ? Non ! Mais nous avons remarqué, au fil des ans et de l’expérience, qu’une "spiritualisation" s’effectue en chaque sportif. Celui qui court ressent une certaine plénitude, et cette sérénité acquise permet au marathonien de mieux accepter autrui avec ses différences. C’est ce sentiment de sérénité qui propage la paix ». De là est donc venue l’idée, selon Mme Khalil, d’encourager le sport en tant que vecteur de paix. C’est pour cela que la BMA lutte, afin d’augmenter le nombre de sportifs et de coureurs, car la « tolérance » en découle. « C’est ainsi que nos coureurs (ceux du marathon de Beyrouth) ont fini par se faire appeler les "peace runners" (coureurs pour la paix), nom qui est devenu un hashtag sur les réseaux sociaux : #PeaceRunners », ajoute la présidente de la Beirut Marathon Association.

Porte-voix des ONG

Pour cette édition 2015 du marathon, explique Mme Khalil, la devise de la course est la même que l’an dernier, Peace, Love, Run (qui est également devenue le slogan officiel de la BMA), toutefois, cette année, nous avons apporté une légère variation : « Je suis un "peace runner", mais je cours essentiellement pour une cause (le respect, la tolérance, le cancer, etc...) à titre individuel ; nous ciblons la "cause" surtout ». D’où la distribution de brassards aux participants, sur lesquels ils inscriront « leur » objectif et qu’ils arboreront à la poitrine pendant la course.

À ce titre, outre propager la culture du marathon en vue de promouvoir la paix à travers de multiples initiatives (Youth’s Race, course annuelle pour les jeunes âgés de 9 à 17 ans ; Women’s Race, course annuelle réservée aux femmes comme son nom l’indique ; courses de relais dans le cadre du marathon ou encore le programme Beirut-542), ajoute Mme Khalil, la BMA cherche à devenir le plus grand tremplin et porte-voix des associations humanitaires afin de lever des fonds en leur faveur. « Ainsi, nous avons signé des protocoles avec 100 ONG. Ces ONG, devenues nos partenaires donc, profitent du marathon puisqu’une part des revenus de la BMA (25 %) leur revient de droit pour monnayer leurs objectifs, assure la présidente de l’association. La levée de fonds se fait par le biais des droits d’inscription au marathon. Elle se fait aussi, directement, par le biais d’un coureur en faveur d’une ONG de son choix, parmi nos 100 partenaires, à laquelle il reverse personnellement la totalité des donations qu’il amasse dans son entourage », dit-elle.

Interrogée sur les difficultés rencontrées pour organiser le marathon chaque année, Mme Khalil revient essentiellement sur la situation sécuritaire. « Nous coordonnons nos efforts avec les forces de l’ordre (FSI, armée) et avec la Croix-Rouge pour assurer la sécurité et le bien-être de tous, participants et spectateurs », affirme-t-elle, poursuivant : « Depuis le temps, le marathon est devenu la propriété de tout le Liban et de tous les Libanais. Chacun est désormais responsable de l’image (de paix) que nous véhiculons au monde. C’est pour cela que je n’ai aucune crainte de ce point de vue ».

La crise des déchets

Cependant, dit la présidente de la BMA, « cette année, nous avons dû faire face à d’énormes nouveaux défis organisationnels et logistiques. Le mouvement civil de protestation dans le centre-ville de Beyrouth nous a obligés à modifier tout le parcours du marathon. Cela a représenté un travail colossal de réorganisation et de coordination pour en créer un nouveau qui réponde aux normes internationales de la course. La place des Martyrs était habituellement notre "finish line", mais vu qu’elle est souvent occupée par les manifestants et pour éviter de gêner le mouvement civil, dont nous considérons être membres à part entière en tant que citoyens libanais, nous avons donc choisi un autre point d’arrivée. Le départ également a été modifié ; il sera ainsi donné à partir de Saïfi, près de l’église des Arméniens, en remplacement du Biel où il avait lieu auparavant. Quant au "finish line", il sera situé dans la rue du centre Starco ».

Autre gageure à relever, de taille celle-ci, puisqu’un gouvernement tout entier a été incapable de résoudre le problème jusqu’ici : la crise des déchets. En effet, il aurait été impensable de courir parmi les immondices et d’inviter des athlètes internationaux au marathon alors que les poubelles, ainsi que leurs effluves, envahissent les rues. « Nous avons contacté toutes les municipalités concernées par le marathon, assure Mme Khalil, et nous avons reçu de fermes garanties de leur part que les poubelles et autres monticules de déchets domestiques seront nettoyés avant la course. Soit ils seront enlevés, soit recouverts de chaux, soit ils seront cachés par divers moyens pour ne pas êtres vus ni sentis ». Cela reste à voir.

La présidente de la BMA poursuit ses explications, insistant sur un point essentiel à ses yeux et cher à son cœur : son association souhaite placer le Liban sur la carte mondiale des marathons. « L’obtention de la classification "Label d’argent" nous a beaucoup aidés dans cet objectif et a surtout été la consécration de nos efforts depuis 2003, année du tout premier marathon », dit-elle. « Ainsi, chaque année, nous recevons un nombre croissant de coureurs étrangers venus des États-Unis, d’Europe, d’Éthiopie et du Kenya bien sûr, et de bien d’autres pays aussi. Parvenir à avoir des invités de marque est également bénéfique pour cet objectif. L’an dernier, nous avons reçu en tant qu’invité d’honneur Haïlé Gebreselassié, qui a donné le coup d’envoi du marathon. Recevoir ce genre d’invités (champions mondiaux ou médaillés olympiques) attire les médias internationaux et donc aide à mieux faire connaître le Liban à l’étranger », ajoute Mme Khalil.

Paula Radcliffe au Liban

Pour l’édition 2015 du marathon, elle nous réserve une belle surprise : la venue à Beyrouth de l’athlète britannique Paula Radcliffe, détentrice du record du monde féminin du marathon avec un temps de 2h15’25’’ (obtenu à Londres en 2003). « Il nous a fallu un grand pouvoir de persuasion et beaucoup de patience pour la convaincre de venir au Liban, chose que Paula Radcliffe craignait vu l’insécurité régionale, affirme Mme Khalil. Elle sera accompagnée de grands médias internationaux, comme la BBC entre autres, et donnera le coup d’envoi de la course sans toutefois y participer ».

Paula Radcliffe atterrira à Beyrouth jeudi soir. Pour accueillir son invitée, à 21h25, la BMA organisera une fête de réception au salon d’honneur de l’aéroport. Vendredi, l’athlète britannique, qui a pris sa retraite professionnelle le 26 avril dernier à 41 ans, participera à une conférence de presse à 9h45 à l’hôtel Lancaster Plaza, situé à Raouché. Cette conférence est destinée à présenter au public les marathoniens professionnels étrangers, inscrits à la course. Vendredi également, l’ex-championne assurera des séminaires à la Lebanese American University (LAU - Hamra, rue Sadate ; à 14h) et à l’Université arabe de Beyrouth (UAB - région de Tarik Jdidé ; à 18h). Ces rencontres sont ouvertes au public. Samedi, elle donnera une séance de formation dans le cadre du programme d’entraînement Beirut-542, à 7h dans les environs de Zaitunay Bay. Ensuite, Paula Radcliffe visitera un camp de réfugiés syriens, où elle rencontrera les enfants notamment. Et dimanche, l’athlète sifflera le départ du marathon à 7h avant de distribuer les prix et médailles aux vainqueurs, à 10h45.

Quand, enfin, nous questionnons Mme Khalil sur le nombre des participants au marathon, la présidente de la BMA divulgue fièrement le chiffre de 40000 coureurs inscrits. Dont Chirine Noujeim, nouvelle détentrice du record du Liban sur la distance (42,195 km) en 2h46’41’’ (l’ancien record était la propriété de Maria-Pia Nehmé en 3h00’02’’). Ce chiffre mirobolant, symbole du succès de la course libanaise tant au niveau local qu’international, est toutefois terni par la défection de coureuses élites nationales parties chercher gloire et reconnaissance sous d’autres cieux. Qu’à cela ne tienne, le marathon de Beyrouth a encore de beaux jours devant lui.

Qu’est-ce que le programme 542 ?

Le programme 542 est une initiative de la BMA qui vise à promouvoir la culture du marathon auprès des Libanais. Le terme 542 représente : 5 entraîneurs, 42 kilomètres.

Ainsi, cinq coaches (tous bénévoles) entraînent des hommes et des femmes qui n’ont jamais couru de leur vie et les encouragent de la sorte à participer à la course.

Les athlètes en herbe sont âgés de 18 ans et au-delà. Ce programme est aujourd’hui appelé « Beirut-542 », mais il va prochainement se transformer en « Lebanon-542 ». Les cinq entraîneurs actuels s’occupent pour le moment des habitants de Beyrouth, mais avec Lebanon-542, de nouveaux coaches seront engagés (eux aussi à titre bénévole) et entraîneront des hommes et des femmes sur tout le territoire libanais.

* Article publié par Joe Mezher


Voir en ligne : L’Orient Le Jour

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