Chpts de France en salle à Bordeaux : Le vendredi, c’est séries !

Un vendredi de championnat de France, il n’y a pas grand-chose à gagner mais beaucoup à perdre. Car séries et qualifications restent un écueil délicat à franchir pour les athlètes. Qu’ils soient invités de dernière minute ou favoris. Les demi-fondeurs craignent la chute, les sprinteurs le faux départ fatal et les sauteurs et lanceurs des marques mal réglées. Bref, beaucoup d’illusions peuvent s’envoler très vite. D’ailleurs, les mots « bizarres, dures à gérer, compliquées » reviennent dans les bouches de tous les athlètes lorsqu’il s’agit d’évoquer ces fameuses qualifications.
Mais pour Vanessa Boslak, 5 ème des derniers Mondiaux d’Osaka, les qualifications du saut à la perche n’ont pas trop duré.

Et pour cause, alors que toutes ses adversaires en bavaient face à une barre placée à 4,00 m, la Nordiste alignait les lignes droites en jogging. Résultat : un unique saut à 4,10 m, « pourri » selon ses propres dires, et elle pouvait déjà plier les gaules. La concurrence a du mal à exister derrière la chef de file de la perche féminine. Seules les trois sœurs Ribeiro Tavares semblent en mesure de donner demain du fil à retordre à la sociétaire du Lagardère Paris Racing. Cette dernière a d’ailleurs annoncé qu’elle ferait l’impasse sur les Championnats du Monde en salle de Valence. Pour mieux se concentrer sur son objectif de l’année : Les Jeux olympiques de Pékin.

Tamgho déjà chaud

Le saut en longueur féminin s’est lui aussi trouvé il y a peu une vraie leader en la personne d’Eloyse Lesueur. Mais la toute fraîche recordwoman de France en salle, seulement 19 ans, a choisi de faire l’impasse sur sa spécialité pour se consacrer le temps d’un week-end exclusivement au 60 m. Après les qualifications, c’est donc la spécialiste des épreuves combinées Marie Collonvillé et Eva Gérard qui mènent la danse de concert, en attendant la finale, avec un bond à 6,18 m. Eloyse Lesueur, 19 ans, étonne par sa précocité. Alors que dire de Teddy Tamgho, encore junior, et qui pourrait réussir l’exploit de l’emporter chez les « grands » ce week-end. Nouveau recordman de France junior, le sociétaire du CA Montreuil a survolé les qualifications avec un triple bond à 16,53 m. Mais l’ « ancien » Karl Taillepierre, bien plus expérimenté que son jeune compère parisien, n’a sans doute pas dit son dernier mot. En revanche, Colomba Fofana n’est déjà plus dans la course à la victoire. Avec trois essais mordus, le sociétaire de l’AC Paris Joinville n’a pas franchi les qualifications.

Les quatre couloirs de l’étroite piste d’athlétisme du Stadium Bordeaux-Lac, surplombés par une imposante piste de cyclisme sur piste, ne sont pas le lieu idéal pour réaliser de grands chronos sur 200 m. Ce qui n’a pas empêché la spécialiste du 400 m Virginie Michanol de réaliser un intéressant 23"85, meilleur temps des séries. Elle devance de deux centièmes une autre spécialiste du tour de piste, Phara Anacharsis, au finish impressionnant de relâchement. Côté messieurs, Anthony Couffe réalise le meilleur temps des séries en 21"59. Les demi-fondeurs pâtissent beaucoup moins de ces virages ultras serrés. La preuve avec Elodie Guégan, grande favorite du 800 m, qui a remporté sa série avec une facilité déconcertante. Partie en tête dès le coup de feu du starter, elle s’est permis un dernier 200 m au petit trot. Ce qui ne l’a pas empêché de réaliser la marque référence des séries en 2’09"56. A noter que Assia El Hannouni, qui rêvait de devenir la première athlète française handisport médaillée chez les valides, n’a pas obtenu son billet pour la finale. La sociétaire du PUC n’a pas senti la franche attaque de Laetitia Valdonado.

Elle se croyait donc en tête jusqu’à l’entrée de la dernière ligne droite. Et ce n’est qu’en entendant le speaker crier le nom de son adversaire qu’elle a compris qu’elle n’allait pas remporter sa série… Si Elodie Guégan fait figure d’immense favorite en finale, la lutte pour la victoire s’annonce beaucoup plus indécise chez les hommes. Jamel Ahrass (1’49"84 en série) et Abdelslam Kennouche partent avec la faveur des pronostics. Même suspens sur la distance supérieure avec trois athlètes ayant réalisé les minima pour les Championnats du Monde : Mounir Yemmouni (3’39"81), Guillaume Eraud (3’39"86) et Yoann Kowal (3’41"11). Mais ils ne seront que deux en partance pour Valence. Difficile de tirer des enseignements de ces séries tant les trois milers ont semblé cacher leur jeu tout en contrôlant parfaitement leurs séries respectives. Vendredi, c’était jour de séries. Sauf pour les « combinards » masculins, déjà en plein cœur de leur heptathlon. A mi-course, Nicolas Moulay occupe la tête avec 3140 points. La lutte s’annonce serrer avec Franck Logel (3121 points) Et avec les premières finales aujourd’hui, le Stadium de Bordeaux-Lac va monter en pression…