Saadia Bourgailh-Haddioui : « J’ai pris conscience de mon niveau »
Publié le mercredi 2 avril 2008 à 08h21min
A Edimbourg, Saadia Bourgailh-Haddioui a épaté le clan français. Pour sa première participation aux Championnats du Monde de cross, la protégée de Roger Milhau a en effet décroché une superbe dix-neuvième place grâce à une course parfaitement gérée. Le point d’orgue d’une saison exceptionnelle dans les labours, avec une huitième place lors des Championnats d’Europe et un titre national décroché haut la main. La sociétaire du SCO Sainte-Marguerite n’a découvert pourtant le très haut niveau que cette année, après avoir débuté l’athlétisme en 2000. Athlète à temps plein depuis peu, la pétillante Française n’entend pas s’arrêter là. Et pense déjà avec appétit à l’alléchante saison sur piste qui s’annonce. Interview.
Saadia, pour votre première participation aux Championnats du Monde de cross, vous terminez dix-neuvième. Satisfaite ?
Je suis contente de ce que j’ai fait. Cette compétition m’a permis d’évaluer mon niveau par rapport au gratin mondial. Je ne pensais pas que les Mondiaux étaient aussi denses. Sincèrement, j’ai été surprise. Mêmes les Marocaines se sont prises une gifle. Personnellement, je termine avec des filles de mon niveau.
Comment s’est déroulée la course ?
Je suis partie avec les meilleures et j’ai tenu le maximum de temps. Au niveau du souffle, ça allait très bien. En revanche, les jambes m’ont vite brûlée dès que ça a accéléré. Heureusement, je me suis retrouvée avec la Britannique Yelling qui m’avait battu lors du cross d’Edimbourg, en janvier. Il y a eu pas mal d’à-coups car on cherchait toutes les deux à faire une place au niveau européen. J’avais très vite compris qu’avec les Africaines devant, c’est ce qu’il fallait viser.
Justement, que vous manque-t-il pour accrocher un peu plus longtemps les coureuses des hauts plateaux ?
Il me manque de l’entraînement et de la PPG (préparation physique générale). Je n’ai augmenté le kilométrage à l’entraînement qu’en septembre dernier lorsque j’ai commencé à m’entraîner deux fois par jour. Actuellement, je suis à 100, 110 km par semaine. Il faut que je mette également l’accent sur le renforcement musculaire, que je n’ai toujours pas commencé, même si je me suis mise aux côtes. Si je ne le fais pas, je risque de me blesser lors de la saison sur piste.
Comment expliquez-vous votre explosion au plus haut niveau cette année ?
Au début, j’ai moi-même été surprise par ce que je réalisais. En fait, j’ai pris conscience de mon niveau. Et les performances nourrissent la confiance. Je m’attendais à progresser en m’entraînant plus mais pas dans de telles proportions. Jacky Carlier, l’entraîneur de Samira Chellah, m’a dit en début de saison qu’avec les qualités que j’avais, il n’y aurait pas beaucoup de monde devant moi en France. C’est quelque chose qui m’a aidé, qui m’a donné plus confiance en moi.
Quels sont maintenant les objectifs à venir ?
Je suis motivée pour faire de la piste. Je vais tenter le 3000 m, le 5000 m et, peut-être le 10000 m. J’aimerais participer à la Coupe d’Europe par équipes. Sur le plan des chronos, je n’ai pas trop de repères. Moins de 32’30" sur 10000 m, ça serait bien. Les Jeux olympiques restent un peu flou dans ma tête. En tout cas, j’ai envie de m’approcher des minima demandés.
Comment s’organise votre entraînement ?
Je suis coachée par Roger Milhau. Je m’entraîne seule avec seulement Roger qui prend mes chronos. Ne pas avoir de partenaires d’entraînement ne me gêne pas. L’athlétisme est un sport individuel. Il faut se battre. C’est la première année où je me consacre entièrement à l’athlétisme après avoir obtenu un DEA de Sciences du langage. Maintenant, je me vois continuer l’athlétisme au moins jusqu’en 2012. En me donnant à fond !
* Propos recueillis par Florian Gaudin-Winer
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