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JO 2008 - Stephane Diagana : « Un souvenir confus »


Publié le mardi 8 avril 2008 à 11h44min

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Quatrième aux JO de Barcelone en 1992, Stéphane Diagana se faisait une joie de porter la flamme olympique. Désigné premier porteur, il a vite déchanté et regrette que la flamme ait fini dans un bus.




Stéphane Diagana, qu’est-ce que cela fait de porter la flamme ?

C’est une émotion car ça représente beaucoup quand vous avez été sportif et que vous avez eu l’occasion de participer aux Jeux. J’ai eu cette chance une fois et ça représente beaucoup de valeurs. Donc c’est de l’émotion. Mais dans ce contexte-là, on se rend compte qu’il y a quelque chose qui cloche et qui ne va pas.

Comment s’est passé ce premier relais pour vous ?

Il y a eu des sympathisants qui ont exprimé tout de suite « Liberté Tibet » dès le premier étage de la Tour Eiffel. Après, je suis descendu. Tout ça dans un cordon de sécurité de police. Ce qui fait que ce n’est pas le sens que doit avoir la flamme olympique, ni l’image que doit donner ce symbole important. Ensuite, la flamme a été mise dans un bus car les autorités organisatrices chinoises ont souhaité qu’il en soit ainsi car ça devenait trop compliqué.

Cette décision de mettre la flamme dans le bus émanerait donc bien des autorités chinoises ?

Oui, c’est ce que l’on appelle le BOCOG, c’est-à-dire le comité d’organisation en charge des JO de Pékin et qui est également en charge sur le relais. Ils sont un peu maîtres d’œuvre et ont décidé, peut-être parce que la flamme ne pouvait plus progresser, de la mettre dans le bus. Cela aurait dû être la fête normalement. C’est quelque chose qui doit réunir et non pas diviser. Mais je comprends pourquoi cela divise et je comprends le problème que pose aujourd’hui la flamme, en chemin vers Pékin.

Parlez-nous de cette flamme-là, cette flamme de Pékin…

C’est particulier. C’est un sentiment mêlé. Une fois que j’ai eu cette flamme en main, c’est bien sûr avant tout le symbole que cela représente mais en même temps, derrière, il y a cette confusion et ce message que doit porter le sport. Et c’est pour ça que les athlètes ont voulu exprimer ce que représente le sport pour eux. Et c’est un message qui doit aller au-delà des enceintes sportives. Et là, aujourd’hui, c’est difficile pour les athlètes d’envisager d’aller faire des compétitions là-bas, même s’ils ont envie d’y aller, parce qu’il y a un décalage entre ce qu’ils vont vivre sur le terrain, ces valeurs-là, et celles qui sont à l’œuvre aux portes du stade.

Etes-vous déçu que le parcours ne s’est pas passé comme prévu ?

Je me doutais bien que cela serait difficile. On a vu que ça avait été compliqué partout, donc je me doutais bien que ça allait l’être également à Paris.

Comprenez-vous la déception du public qui était venu nombreux pour voir passer la flamme ?

Oui, bien sûr. Il y a une déception du public. Moi, j’espérais que ça se passe bien, que les gens manifestent leurs idées calmement et profitent de cette vitrine pour exprimer le plus sobrement et librement leurs idées, mais tout en laissant la flamme faire son parcours.

Pensez-vous que l’on puisse associer l’aspect festif et ces revendications politiques ?

Les Jeux ont une telle importance aujourd’hui, ils représentent une scène d’expression importante et un enjeu considérable, donc c’est sûr qu’il faudra que le CIO, à l’avenir, envisage les choses différemment sur l’attribution des Jeux. Est-ce que les pays sont conformes à nos valeurs et à celles de l’olympisme ? Il faudrait des engagements par écrit auprès des instances internationales pour que le sport joue son rôle. Modestement, mais qu’il le joue aussi. Il faut prendre le problème à bras le corps. De toute façon, ou le sport jouera ce rôle de manière active, ou il le jouera en étant ballotté et complètement spectateur des enjeux qu’il représente aujourd’hui.

Quel souvenir garderez-vous de cette journée ?

Un souvenir confus. Quand on est sportif, il y a une émotion car on attache tellement d’importance à ça, mais on a surtout envie que cette flamme apporte quelque chose au-delà des enceintes sportives, qu’elle apporte ce que nous en tant que sportifs avons pu vivre en terme de rapport à l’autre. Si elle arrive jusqu’à Pékin, il faut qu’elle arrive avec ça. Et que d’ici là, il y ait une activité intense pour amener un plus sur ce terrain-là. Parce que sinon, ce seront des Jeux immanquablement ratés.


Voir en ligne : Sport 365

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