Renaud Longuevre : « Ladji fait du bon boulot »

Renaud Longuèvre, comment s’est passé le stage du High Frequency Team à Monaco, en particulier pour Ladji Doucouré ?

Cela fait dix jours que nous sommes là. Ladji avait pu repasser des haies fin mars, début avril. Nous avons vu que les répercussions de la chute du mois de janvier n’étaient plus un problème. Ça fait trois semaines complètes qu’il n’y a plus de conséquences mais, lorsque l’on s’arrête aussi longtemps, c’est un peu rouillé, un peu fatigué. En plus, Ladji avait perdu un peu de force dans le mollet dû au problème du nerf qui a été comprimé. Tout cela a engendré une petite fonte du mollet. Nous avions donc décidé de commencer prudemment. Depuis que nous sommes à Monaco, nous avons beaucoup axé sur le renforcement de la force impulsive du pied. Il fait trois grosses séances de travail d’impulsion dans la semaine, un travail d’impulsion directement appliqué au franchissement de haies.

Ladji dit ne pas avoir encore recouvré toutes ses sensations dans le pied…

Ladji ne m’en parle pas. Il a dit ça à un journaliste. Moi, lorsque je le regarde, je vois juste un mec qui s’entraîne comme ses camarades. Ce sont plus des sensations qui n’ont pas de conséquences sur sa motricité.

Quelles conséquences ce retard a-t-il sur votre programme ?

Dans un déroulement de saison parfait, j’avais prévu que l’on consacre tout mars et tout avril à un travail de résistance et d’impulsion. Le mois de mars a finalement servi à Ladji de mois de récupération. Nous avons donc décidé de décaler toute la planification d’un mois. Il fera bien les huit semaines prévues pour l’impulsion résistance mais le travail se déroulera sur avril et mai et non mars et avril. Au lieu de faire du sprint sur le plat en mai, on a tiré un trait dessus pour tout miser sur une entrée en matière directement sur les haies dans la deuxième quinzaine de juin.

Vous avez choisi la prudence…

Non, justement. On a misé sur ce travail d’impulsion et de résistance pour que ça ne lui manque pas sur les fins de courses. Le travail sur le plat au mois de mai était plus un luxe qu’autre chose.

Travailler dans l’urgence, ou, du moins, moins confortablement, est quelque chose qui lui a réussi souvent par le passé…

Par le passé, il avait réussi à revenir de situations un peu identiques. Mais, avec le temps, on est devenu mesurés et prudents dans nos sentiments. Ce qui est bien, c’est que là, il s’entraîne bien. Il bosse trois heures tous les jours et il fait du bon boulot.

Qu’en est-il du reste du groupe ?

Tout va bien aussi. La petite Lesueur a des courbatures partout. C’est la première saison où elle s’entraîne aussi dur alors elle m’en veut un peu en ce moment. Mais je pense que ça devrait payer cet été. Linda (Ferga-Khodadin), c’est pas mal aussi. Elle devrait faire un 100 mètres plat le 1er mai à Saint-Quentin en Picardie, puis aux Interclubs et à Bonneuil. Tout le mois de mai, on va attaquer par du plat pour travailler à fond sa vitesse en compétition. Elle devrait reprendre sur les haies le 24 mai en tout anonymat dans une toute petite compétition régionale.

Le retour sur Paris est programmé dimanche ?

Oui. Après, retour à l’INSEP. Ladji partira deux jours à Barcelone tourner un spot de pub. Ça va lui permettre de se ressourcer un peu et, dès le milieu de la semaine, il sera d’attaque pour continuer le travail jusqu’à fin mai. Je voulais juste ajouter que nous sommes avec Yelena Isinbayeva et Christian Olsson à Monaco. La semaine dernière, il y avait également Vitali Petrov, le coach de Bubka et Isinbayeva, et nous avons pas mal discuté. Il a coaché le décathlonien que j’entraîne, à la perche. Olsson, je le trouve très fort, il fait des séances de bondissement impressionnantes. S’il ne se blesse pas, il sera très dur à battre pour le titre olympique. Isinbayeva, quant à elle, devrait faire sa rentrée au meeting de Rome.

* Propos recueillis par Sophie Danger