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Romain Mesnil : « Rappeler le but de l’olympisme »


Publié le samedi 24 mai 2008 à 08h44min

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Alors que le badge « Pour un monde meilleur » est actuellement en stand-by, Romain Mesnil révèle à Coach365 la continuité de son action pour promouvoir les valeurs de l’olympisme : cinq bracelets aux couleurs des anneaux qu’il arborera jusqu’aux JO.




Romain Mesnil, vous avez décidé de lancer une action pour mettre en avant les valeurs de l’olympisme. Quelle est-elle ?

Je vais porter cinq bracelets aux couleurs des anneaux olympiques durant toutes mes compétitions jusqu’aux Jeux. D’autres athlètes pourraient également le faire mais cette initiative est avant tout personnelle. J’en parlerai aux athlètes du syndicat et à ceux que je croiserai, notamment à l’étranger. Je ne ferai pas de lobbying mais si ça touche certains, tant mieux.

Quand et comment est née cette idée ?

Il y a un mois et demi quand les premières réponses négatives sur le badge sont arrivées. Je me suis dit que si on nous empêchait de porter quelque chose aux Jeux, rien ne nous l’interdisait durant les autres compétitions. Les propos de Jacques Rogge (ndlr : « Nous défendons le principe général des droits de l’homme sans entrer dans le domaine spécifique de la politique qui relève de la prérogative des Etats souverains ») ont également orienté mon action. Il est important d’aller dans le sens du CIO. L’utilisation des anneaux olympiques est interdite mais pas celle de bracelets de couleur. C’est en plus très simple à confectionner.

Exposer les anneaux olympiques est également le moyen d’éviter les amalgames avec des sujets précis comme le Tibet…

Les évènements au Tibet ont été l’élément déclencheur d’une prise de conscience. Mais ce n’est pas aux sportifs de dire aux Chinois de respecter les droits de l’homme. Cela se passe entre gouvernements ou organisations non gouvernementales. La crise de l’olympisme a en revanche été réelle et il faut bien en rappeler les valeurs, qui soutiennent forcément les droits de l’homme. Je pense d’ailleurs qu’il serait intéressant que les sportifs et les personnes qui s’intéressent au sport lisent les principes fondamentaux de l’olympisme (ndlr : page 11 de la charte olympique, disponible sur le site du CIO). Beaucoup de personnes sont concernées sans le savoir. L’organisation d’une course au profit d’une association caritative est par exemple complètement dans l’esprit olympique.

Envisagez-vous de porter ces bracelets aux JO ?

Je préfèrerais porter le badge car c’est ce projet qui doit se développer : les anneaux avec un message. Et je ne sais même pas si je pourrais. D’autant qu’il faudrait demander une nouvelle autorisation…

Cette action vient donc en soutien au badge « Pour un monde meilleur »…

Le but est de préparer quelque chose avant le badge, dans des compétitions où il n’y a pas de problème de charte. Mais l’idée est la même et, en attendant que le badge se concrétise, cela permet de montrer l’attachement des athlètes aux valeurs un peu oubliées de l’olympisme. La dernière crise m’a ouvert les yeux. En relisant la charte et la déclaration universelle des droits de l’homme, j’ai établi des relations entre elles et je me suis dit qu’il y avait des choses à faire. L’olympisme doit rester apolitique mais ses valeurs sont universelles et il faut rappeler son but, spécifié dans le deuxième principe de la charte olympique (ndlr : « Mettre le sport au service du développement harmonieux de l’homme en vue de promouvoir une société pacifique, soucieuse de préserver la dignité humaine »).

Comment défendre les droits de l’homme sans un minimum de politisation ?

Il ne s’agit pas de s’ingérer dans les politiques internes aux pays. Aujourd’hui, il faut juste dire : « L’olympisme, c’est ça ! » et ne pas l’oublier. C’est assez méconnu mais le CIO a monté en 2000, en accord avec les Nations Unis, la Fondation internationale pour la Trêve olympique, dont les missions s’appuient sur le deuxième principe de la charte. Son symbole est la flamme olympique associée à la colombe de la paix, au-dessus des anneaux olympiques. Cette fondation a notamment œuvré pour faire défiler les deux Corées derrière le même drapeau en 2000 à Sydney. Cette même année, Kofi Annan avait déclaré : « Les idéaux olympiques sont également ceux de l’Organisation des Nations Unies : tolérance, égalité, fair-play et, surtout, paix. Ensemble, les Jeux Olympiques et l’Organisation des Nations Unies peuvent former une équipe gagnante ». Tout cela montre que le CIO fait des choses concrètes et que des avancées sont possibles.

Intervenez-vous maintenant par peur qu’on oublie le badge après un gros emballement médiatique ?

Je trouve bien que cela se soit un peu tassé. On en a parlé jusqu’à saturation. On a fait trop d’amalgames, ce qui a généré de la tension, voire de la haine au moment du passage de la flamme à Paris. Je n’ai pas envie que tout ça se reproduise quand arriveront les Jeux. L’objectif est de faire quelque chose maintenant, de manière « fine », sans rentrer dans la politisation.

Craignez-vous qu’on trouve ce nouveau geste dérisoire ?

Ça m’est égal. Il peut y avoir des critiques mais passer un message est toujours plus intéressant que ne rien faire. Et on s’est aperçu récemment que le badge n’était peut-être pas aussi dérisoire que ça.

N’est-ce pas paradoxal de pouvoir défendre les valeurs de l’olympisme partout, sauf aux JO ?

Ce n’est pas encore fait. Le but de tout ça est qu’on puisse justement le faire aux Jeux.

* Propos recueillis par Sylvain Coullon

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