Kafétien Gomis : « J’ai fait de l’anti-saut en longueur ! »
Publié le jeudi 17 juillet 2008 à 06h53min
Lors de ses quatre derniers concours, Kafétien Gomis a sauté trois fois au-delà des 8 m, avec une performance de pointe à 8,08 m mardi dernier, lors de la 4 ème étape du Lagardère Athlé Tour à Reims. Beaucoup se contenteraient d’une telle régularité. Pas lui. Avec un étonnant recul sur ses performances, le sociétaire du Lille Métropole Athlétisme regrette son manque d’engagement et souhaite désormais prendre plus de risques. A nouveau en piste le 18 juillet lors du meeting Golden League de Paris Saint-Denis, le protégé d’Yves N’kada Zogo sait qu’il a les minima (8,20 m) pour Pékin dans les jambes. Interview.
Kafétien, vous avez sauté une nouvelle fois au-delà des 8 m (8,08 m) lors du meeting de la Ville de Reims, mardi dernier. Pourtant, vous semblez déçu…
Pendant tout le concours, j’ai fait de l’anti-saut en longueur. Chaque fois que je me rapprochais de la planche, je ralentissais pour ne pas mordre. En prenant plus de risques, j’aurai mordu une ou deux fois mais j’aurais ainsi pu mettre en place des changements. En gros, je refusais l’approche de la planche. Un tel début de concours, en grand championnat, ça ne pardonne pas.
Vous êtes pourtant tout proche des minima pour Pékin (8,20 m)…
Si je ne les ai pas encore faits, c’est de ma faute. Physiquement, je sais que je les ai dans les jambes. Je les ai réalisés en 2004 (8,21 m) et, par rapport à il y a quatre ans, j’ai gagné en maturité, en technique et en physique. Sur mon saut à 8,08 m à Reims, je ne suis même pas sur la planche. Mais on ne mesure pas au pied les sauteurs en longueur !
La pression monte ?
La confiance, je l’ai. Il me manque juste des marques correctes mais je ne dois pas me focaliser sur les minima. A Reims, j’ai pratiqué de l’athlétisme pour les réaliser. Mais ce n’est pas dans cette philosophie-là que je dois aborder les concours. Car, avec cet état d’esprit, je me mets des barrières. Je ne suis pas tendu car je sais que le problème ne vient pas du physique. Il suffit que je prenne plus de risques et que je « rentre dedans ».
En 2004, vous aviez réalisé les minima pour les Jeux olympiques d’Athènes au dernier moment, lors des Championnats de France Elite…
J’étais arrivé aux France, à Sotteville-lès-Rouen, avec un record à 7,99 m en salle. Mais je n’avais justement pas sauté pour faire les minima. Je voulais monter sur le podium. Dans ma tête, j’étais un sauteur en longueur et pas un chasseur de minima.
Quels sont les prochains concours à votre programme ?
Je vais sauter lors du meeting de Paris Saint-Denis le 18 juillet puis aux Championnats de France Elite à Albi, le 26 juillet. Cette saison, je n’ai pas sauté à l’étranger mais j’ai quand même eu pas mal de concurrence lors des meetings auxquels j’ai participé. Pour rentrer en Golden League, il faut avoir une performance de pointe autour des 8,30 m. Au niveau français, il y a du beau monde avec Salim Sdiri et Frédéric Erin. Ce dernier est à surveiller. En 2001, il avait été champion de France espoirs devant Salim. Pour pouvoir s’imposer en grand championnat, il faut d’abord s’imposer chez soi. En plus, à Albi, j’aurai un titre à défendre.
Si vous obtenez votre qualification pour les Jeux olympiques de Pékin, dans quel état d’esprit irez-vous en Chine ?
En 2004, à Athènes, l’objectif était de passer en finale. Cette année, je vais être plus gourmand. Je vise la finale et même le podium. Je n’ai plus le même statut. En quatre ans, beaucoup de choses ont changé. En tout cas, je compte jouer ma carte à fond et prendre le maximum de risques. En grand championnat, tout est possible et accessible.
* Propos recueillis par Florian Gaudin-Winer
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