Chpts de France Elite : Aux caprices d’Eole

Les concurrents du 110 m haies viennent de franchir la ligne d’arrivée, emmenés par Ladji Doucouré et ses 13"28 malgré dix derniers mètres en roue libre. Quelques secondes de suspens et le verdict du panneau électronique tombe : 13"39 pour Dimitri Bascou et 13"43 (les minima olympiques au centième près) pour Garfield Darien, qui complètent le podium. Puis l’on détourne la tête et d’autres chiffres apparaissent, ceux d’un vent décidément fort capricieux aujourd’hui comme tout au long des trois jours de compétition. 2,6 m/s de vent favorable, c’est au-delà de la limite autorisée (2 m/s). Les jeunes Bascou et Darien ont répondu présents le jour J, en tenant le choc face à la pression de la course la plus importante de leur carrière naissante.

Suffisant pour aller à Pékin ? Non, puisque leur performance n’est pas homologable. Ils n’ont donc pas réalisé les minima IAAF (13"50) cette année, une condition indispensable pour participer aux JO. Seul Samuel Coco-Viloin (13"46 cette année et 16 ème au bilan mondial à trois par pays) accompagnera donc Ladji Doucouré en Chine. Toujours sur les haies hautes, mais cette fois chez les dames, Reina-Flor Okori confirme qu’elle pourra aborder les JO avec ambition en remportant le 100 m haies en 12"78 (+ 1,5 m/s), pour des minima fixés à 12"88. Elle devance une admirable Patricia Girard, 2 ème en 13"23 l’année de ses 40 ans !

Des présélectionnés rassurants

Mélanie Skotnik était, elle, présélectionnée pour les Jeux olympiques. Mais la pression a pourtant atteint également des sommets du côté du sautoir en hauteur. La Direction Technique Nationale lui avait demandé de franchir une barre à 1,90 m pour valider son envol vers l’Asie. Eloignée des pistes depuis les Mondiaux d’Osaka, elle devait prouver que la forme était revenue. Contrat rempli puisque la sociétaire d’Alsace Nord Athlétisme a atteint cette hauteur malgré une contracture déclenchée par le stress, le tout sur seulement cinq foulées d’élan. En revanche, les rêves teintés de JO s’arrêtent là pour les spécialistes de la longueur, Kafetien Gomis (8,08 m) et Eunice Barber (6,60 m, + 2,1 m/s). Il ne leur manque que quelques centimètres mais ils ont fait preuve tous les deux d’une volonté sans failles. Franck Chevallier soulignait d’ailleurs quelques minutes après la fin de la compétition le courage de la championne du monde 2003 de l’heptathlon, dont l’état d’esprit manquera à l’équipe de France à Pékin. Gomis et Barber ont été devancés par des athlètes qui seront présents en Chine : les très rassurants Salim Sdiri (8,15 m, + 2,4 m/s) et Antoinette Nana Djimou Ida (6,61 m, + 3,3 m/s).

Ceux qui avaient déjà réalisé les minima olympiques ou étaient présélectionnés avaient la chance de courir l’esprit libre. Ils ont tous fait preuve d’un excellent état de forme. De Ronald Pognon et Muriel Hurtis-Houairi, vainqueurs respectivement des 200 m en 20"45 (+3,3 m/s) et 22"77 (+ 1,3 m/s) à Elodie Guégan, titrée à l’issue d’un 1500 m tactique (4’20"28), en passant par Romain Mesnil à la perche (5,71 m), ils se sont imposés avec la manière. Au lancer du marteau dames, le formidable duel au sommet entre Stéphanie Falzon et Manuela Montebrun a tourné à l’avantage de la première nommée, auteur d’un jet à 73,40 m, ce qui constitue son record personnel. Enfin, quel contraste entre la joie de Driss Yousfi, champion de France à la surprise générale pour la seconde fois consécutive sur 800 m, et la déception des coureurs de « quatrache » Aurore Kassambara (57"11) et Salah Eddine Ghaidi (49"44) ou de Laurent Dorique (78,38 m au javelot), titrés eux aussi mais sans minima olympiques au bout. Un résumé parfait de trois jours de compétition riches en émotion, sous les yeux du formidable public du stadium municipal d’Albi.