Y aura-t’il une athlète afghane aux JO ?

Non, Mehbooda Andyar n’est pas une athlète comme les autres. Pourtant, elle ne demande que cela. Cette jeune Afghane de 19 ans doit s’aligner sur l’épreuve du 1500 m et s’afficher ainsi comme la seule femme de son pays à participer à ces Jeux Olympiques. Doit seulement… Car pour l’instant, personne n’a de nouvelles. Fin juin, Andyar a quitté Kaboul pour rejoindre une petite ville italienne où l’attendaient d’autres athlètes internationaux. Quelques semaines à peine après son arrivée, la jeune femme disparaissait du centre d’entraînement. Et depuis le 9 juillet dernier, elle n’a donné aucun signe de vie. Alors que les premières rumeurs laissaient planer le doute d’un enlèvement organisé par les Talibans, les faits ont finalement penché vers une fuite de la jeune femme, son passeport et toutes ses affaires ayant disparu.

Andyar n’était donc pas présente lors de la cérémonie d’ouverture le 8 août dernier. Et personne ne sait encore si elle sera présente mardi 19 août à 10h pour disputer le premier tour du 1500 m. Si elle réapparaît à la dernière minute, elle ne viendra pas, en tout cas, inquiéter les prétendantes au sacre olympique. Avec un chrono qui la place à plus d’une minute des meilleures, Mehbooda n’a aucune chance de remporter une médaille sur la piste du Nid d’Oiseau pékinois. Mais ce n’est pas l’objectif de cette sportive courageuse qui annonçait il y a plusieurs mois qu’elle voulait « battre son propre record et représenter son pays ».

La fuite sous les menaces des Talibans

Sa volonté est (était ?) donc seulement de courir sous le drapeau d’un pays qu’elle a dû fuir. Insultée et menacée par les Talibans, la sportive afghane a vécu un véritable enfer en Afghanistan depuis qu’elle s’est emparée du record national. Le Comité Olympique lui offrait à cette occasion une bourse et un ticket olympique destinés à soutenir les athlètes évoluant dans des pays difficiles. Un rêve pour la jeune femme qui n’imaginait sûrement pas une seconde qu’il se transformerait en un tel cauchemar. Avertis par la présence de plusieurs journalistes occidentaux de plus en plus présents aux abords de la maison familiale, les extrémistes ont vite appris la nouvelle et n’ont pas supporté que cette femme affiche des ambitions en sport, une pratique réservée aux hommes.

« Allah et son prophète Mahomet exigent qu’hommes et femmes aient les mêmes droits, expliquait Mehboba il y a plus de six mois à une Web TV anglo-saxonne. Ce n’est pas le cas en Afghanistan. En sport, si un homme est bon et devient célèbre, il reçoit la considération et le respect de la société. Pour une femme, c’est le contraire : le peuple a une mauvaise opinion d’elle et les ragots se multiplient ». Selon les dernières informations, la jeune afghane aurait demandé l’asile politique à la Norvège et prévenu ses parents qu’elle ne reviendrait pas à Kaboul. Cette évolution suffira-t-elle pour qu’elle puisse s’aligner sans danger sur le 1500 m ? Difficile de l’affirmer. Mais si mardi matin, une jeune femme discrète, cachée sous un voile et emmitouflée dans un survêtement trop ample, apparaît sur la piste chinoise, ce serait déjà une grande victoire.