Toute l’actualité des Marathons et de l’Athlétisme
vous etes ici : Accueil » Marathons » Autour du Mont-Blanc, le petit train tranquille de Marco Olmo

Autour du Mont-Blanc, le petit train tranquille de Marco Olmo


Publié le vendredi 29 août 2008 à 17h26min

agrandir

Ce soir à Chamonix, vêtu de son habituel collant rose, sanglé de deux gourdes et d’un léger sac à dos, il sera en tête sur la ligne de départ de l’ultra trail du Mont-Blanc (l’UTMB, lire encadré), la mythique course de montagne.




Marco Olmo a déjà remporté deux fois cette épreuve - il est le seul - et il espère la boucler en tête, une fois de plus, à 60 ans. Un âge que le Piémontais ne ressent pas comme un frein mais plutôt comme un atout. « A 60 ans, je n’ai plus rien à prouver, assure-t-il, je ne me sens plus l’obligation de gagner. » L’an dernier, avant le départ de la course, trois jeunes stars américaines du trail avaient fanfaronné, sûrs de ne faire qu’une bouchée de l’UTMB. Marco Olmo s’était lui contenté d’évoquer avec sobriété son plaisir d’arpenter les paysages fabuleux du massif du Mont-Blanc. Et puis il avait pris le départ, lentement, avec sa foulée rasante, économe. 21 heures 30 minutes plus tard, le visage à peine marqué, après avoir remonté tous ses concurrents, il était arrivé en tête à Chamonix. Deux des Américains avaient abandonné la course. La tactique d’Olmo paraît simple : partir doucement, courir toujours à la même allure et ne pas se soucier des autres. « C’est une course qui peut te griller », prévient-il. « Même le 1 000e coureur doit la gérer avec prudence. » L’an dernier, seuls 1 400 coureurs sur les 2 319 inscrits avaient bouclé l’UTMB en moins de 46 heures, le temps maximal autorisé.

Intuition

Olmo n’utilise jamais de bâton ni de cardiofréquencemètre, il se fie à sa « petite musique interne » et à son intuition pour trouver sa cadence. Il ne s’affole jamais, « même avec vingt minutes de retard sur les premiers. » Il ne court pas vite. 10 kilomètres par heure en moyenne, ce qui, sur un marathon, le classerait parmi les coureurs moyens. « Mais tenir cette moyenne pendant des heures, sans jamais ralentir, c’est extraordinaire » , souligne Michel Poletti, créateur de l’UTMB et coureur chevronné. Quand Olmo fatigue, il se courbe un peu en avant, croise ses mains dans le dos, ses yeux bleus ne quittent plus le sentier, mais il ne ralentit pas. « Il s’arrête très peu, c’est un vrai métronome », observe le Français Nicolas Mermoud, l’un de ses adversaires. Même s’il adore courir dans le sable - il a remporté trois fois le Marathon des Sables, quatre fois le Marathon de Libye, quatre fois les Désert Cup… l’UTMB reste la course préférée d’Olmo et celle à laquelle il doit sa notoriété. Très longue - quatre marathons en une étape -, harassante avec un dénivelé égal à deux fois l’ascension de l’Everest à partir du camp de base, elle convient bien à ce coureur long et sec - 1,81 m, 65 kilos -, doté d’un cœur qui bat à seulement 34 pulsations par minute. « A mon âge, plus la course dure, mieux c’est » , explique-t-il

Malgré un palmarès impressionnant, Marco Olmo n’est toutefois soutenu que par quelques sponsors qui lui versent au total… 5 000 euros par an. Le trail n’est pas un sport roi, même si en janvier, lors de l’ouverture des inscriptions pour l’UTMB, les organisateurs ont noté un raz de marée : 5 000 candidatures de plus de 40 nationalités en moins de dix minutes, pour trois courses aux places limitées, par respect des coureurs et de l’environnement. « Ils commencent seulement à se dire qu’un homme de 60 ans qui va bien, ça peut être intéressant ! » déplore Olmo et regrettant de ne pas avoir assez d’argent pour s’inscrire sur des trails lointains. Avec son éternel collant rose, ses chaussures de course en fin de vie, ses tee-shirts qu’il échancre lui-même, le coureur italien n’apparaît probablement pas aux annonceurs comme la « vitrine » idéale.

La course est une passion tardive pour cet ex-conducteur d’engins dans une carrière de ciment, en retraite depuis deux ans. « J’ai commencé dans une course de village dans le Piémont, à 27 ans, à la suite d’un pari. »

Résistance

Des débuts dont se souvient son épouse Renata. « Ce n’était pas à la mode à l’époque. On le regardait bizarrement, on lui demandait s’il n’avait rien d’autre à faire. » Rompu à l’endurance par les grandes sorties en ski de fond ou en ski-alpinisme, Olmo commence à enchaîner les courses sur route. « Dans les années 70, les courses en montagne n’existaient pas encore » , rappelle-t-il. Mais le macadam ne lui a jamais beaucoup plu ni réussi. Sa résistance, physique et mentale, il la forge jour après jour, sur les sentiers qui entourent son village. « Quand il ne court pas, soit dix jours par an environ lorsque le temps est trop mauvais, il est nerveux », observe Renata. Sa rigueur s’applique aussi à son alimentation. Depuis plus de vingt ans, Olmo est strictement végétalien. « Un choix », assume-t-il, « qui n’a rien à avoir avec la course mais correspond à une philosophie de vie. » Son alimentation à base de pain, pâtes, polenta, châtaignes, fromage et huile d’olive… « a changé sa vie, l’a rendu beaucoup plus optimiste », confie sa femme, qui l’accompagne sur les trails et l’attend à tous les ravitaillements sur l’UTMB. « Parfois, on ne se parle même pas, un regard suffit, il ne doit pas dépenser son énergie ou se déconcentrer. »

Adepte de la méditation, Olmo n’a pas fini de courir après la splendeur des paysages du massif du Mont-Blanc.


Voir en ligne : Libération

Sur le même sujet

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

Connexions’inscriremot de passe oublié ?