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Franck Chevallier : « La médaille de Mahiedine a été salie »


Publié le mercredi 17 septembre 2008 à 06h53min

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Alors qu’il aborde ses derniers mois à la tête de la DTN, Franck Chevallier dresse le bilan d’une saison en demi-teinte et revient sur le traitement réservé, dans les médias, à la performance de Mekhissi-Benabbad à Pékin.




Franck Chevallier, quel bilan tirez-vous de cette saison qui, dans la globalité, a un peu déçu ?

Je ne parlerais pas de globalité mais je dirais que l’on reste sur un sentiment très mitigé dans la mesure où l’objectif majeur de la saison, qui était les Jeux Olympiques, n’a pas été à la hauteur de nos ambitions. On avait imaginé pouvoir rapporter entre deux et quatre médailles de Pékin. Malheureusement, il n’y en a qu’une qui est rentrée. On est passé tout près pour les autres mais ça n’a pas suffi. On est forcément déçu d’un bilan qui, en termes de médailles, ne nous satisfait pas même si, globalement, l’équipe de France a été au niveau auquel on l’attendait. On a eu neuf finalistes, des gens quatrièmes et cinquièmes, soit tout près du podium. On ne peut donc pas dire qu’il y ait eu de défaillance ou un échec de la part de cette équipe. C’est juste que les médailles que l’on attendait ne sont pas rentrées sauf celle de Mahiedine Mekhissi-Benabbad qui n’était pas, dans ce cas précis, celle qu’on attendait le plus.

Comment pouvez-vous expliquer ce résultat. Beaucoup d’observateurs fustigent le manque d’esprit d’équipe de ce pôle France qui, entre autre, a pu être perçu quand il s’est agit de se battre pour les relais ?

Je ne suis pas vraiment d’accord, si ce n’est pour les relais. Un problème est apparu durant la Coupe d’Europe. On a essayé, tout au long de la saison, de recoller les morceaux avec les relayeurs mais ça n’a pas fonctionné. Pour le reste de l’équipe, ça se passe vraiment très bien. En interne, les athlètes s’entendent bien entre eux et avec l’encadrement. Il n’y a pas eu de soucis majeurs.

Au regard de la saison, et surtout des Jeux, quels sont les athlètes qui vous ont le plus donné satisfaction ?

Mahiedine Mekhissi-Benabbad. Il était champion d’Europe espoirs l’an passé et on savait que, durant une course tactique, il pourrait tirer son épingle du jeu. Il l’a montré magistralement à Pékin. C’est une grosse satisfaction car c’est un jeune qui, dès sa première grosse échéance mondiale, se retrouve au plus haut niveau. Autre satisfaction : Ladji Doucouré qui sortait de deux années de galère et a réussi à revenir tout près du podium, ce qui était loin d’être évident au départ. Il faut le féliciter, lui et son entraîneur, avec qui il a travaillé tout au long de la saison pour remonter la pente. Sensiblement au même niveau, on peut mettre Leslie Djhone qui a fait un très beau parcours olympique. Il s’en est fallu de peu, en finale, pour qu’il ne monte sur le podium. Pas très loin derrière, je mettrais Manuela Montebrun et Melina Robert-Michon puis quelques athlètes qui ont laissé entrevoir de belles choses et de belles perspectives pour les années à venir.

A qui pensez-vous ?

Elodie Guegan qui, malgré le fait qu’elle n’ait pas pu jouer sa chance en demi-finale, a montré de belles choses, Samuel Coco-Viloin, Martial M’Bandjock ou encore Ronald Pognon, qui revient tout doucement à son meilleur niveau. Ce sont des athlètes qui, je pense, vont continuer à s’illustrer dans les années à venir.

Peut-on parler de déception en ce qui concerne Tahri, Diniz, Baala ou encore Mesnil ?

A des degrés moindres. Même si on aurait pu espérer de Bob Tahri qu’il s’implique un peu plus stratégiquement lors de la finale, il termine cinquième mondial. Il est sensiblement au niveau où on l’imaginait. Mehdi a montré, y compris dans la finale, qu’il était prêt mais, sur une absence de quelques instants, il perd une médaille. Romain Mesnil, qui a galéré toute la saison avec des petit pépins physiques, aurait dû faire partie des prétendants au podium et Diniz souffrait d’une sciatique. On peut penser que ce sont des déceptions.

Comment avez-vous réagi lorsque la médaille de Mahiedine Mekhissi-Benabbad a donné lieu, non à des félicitations, mais à des soupçons ?

La médaille a été salie. Jusqu’à preuve du contraire, Mahiedine n’a jamais été contrôlé positif. Il a suivi toutes les règles du suivi longitudinal et il n’y a eu aucun problème le concernant. Il n’y a aucune raison de le montrer du doigt et d’émettre des doutes quant à la validité de ses performances même si, malheureusement, on est dans un monde où il n’y a plus de certitudes en athlétisme. Aujourd’hui, aucun élément ne nous permet de douter de sa performance et les médias ont émis des doutes sur cette performance. C’est dramatique de se retrouver dans cette situation pour un jeune de 23 ans, champion d’Europe espoir l’an dernier, qui fait ses premiers Jeux Olympiques et était à la limite de la finale de Mondiaux d’Osaka. Il réalise une très grosse performance à Pékin et se trouve montré du doigt, comme si il était un paria. Ce n’est pas correct.

L’équipe de France donne l’impression d’avoir du mal à se renouveler, à faire le lien entre génération sur le départ et les espoirs. Comment voyez-vous l’avenir de l’athlétisme français d’ici Londres 2012 ?

Londres, c’est demain. Les athlètes qui seront à Londres, on les connait déjà. Ils sont déjà dans le suivi fédéral depuis au moins deux ans. C’est 2016 qu’il faut commencer à préparer dès aujourd’hui. On n’a pas un si grand réservoir que ça pour l’instant mais on y travaille. En l’espace de trois ou quatre olympiades, le potentiel de l’équipe de France s’est renforcé. Il y a trois ou quatre olympiades, on pouvait compter sur Galfione, Diagana, Pérec et ça s’est arrêté là. Derrière, on espérait qu’il y aurait des gens capables de rentrer en finale. Aujourd’hui, on a une dizaine, une quinzaine d’athlètes qui peuvent prétendre rentrer en finale et, parmi eux, cinq ou six qui peuvent prétendre à une médaille. On est dans une situation un peu plus favorable même si, malheureusement, ça ne se concrétise pas toujours. Il y a encore des jeunes générations qui nous laissent entrevoir de beaux espoirs. Il y a des perspectives d’avenir mais tout ça prend du temps. Pour qu’un athlète atteigne le plus haut niveau, il faut une dizaine d’années d’entraînement.

Concernant votre avenir propre, le voyez toujours à la tête de la DTN d’ici 2012 ?

Pas dans la fonction de DTN. La première raison est que c’est une fonction extrêmement exigeante et qui demande énormément de temps. S’occuper des autres, c’est bien mais j’ai aussi une famille et il faut que j’y fasse attention. La deuxième raison est que l’équipe de France demande énormément en termes d’investissement et d’engagement. C’est très difficile d’imaginer donner encore pendant quatre ans. Je pense qu’il faut du sang neuf à la direction de cette équipe. Enfin, le président a annoncé un souhait de rupture dans la politique du haut niveau et je ne suis pas certain qu’il envisage qu’il y ait une continuité dans l’équipe mise en place à la DTN. Ces trois éléments me font dire que je ne serai plus DTN après les élections du mois de décembre. Peut-être serai-je dans d’autres fonctions auprès de la Fédération puisqu’il y a d’autres dossiers à faire avancer notamment en ce qui concerne les plus jeunes, l’accompagnement du grand public vers l’athlétisme… mais ça ne dépend plus de moi.

* Propos recueillis par Sophie Danger

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