Arnaud Assoumani : « J’étais venu chercher l’or ! »

D’autres athlètes tricolores ont brillé à Pékin. A commencer par Assia El Hannouni en catégorie T12. La protégée de Patrice Gergès au Paris Université Club a remporté deux titres sur 200 m (24"84, nouveau record du monde) et 400 m (55"06). Paradoxalement, ses deux meilleures performances ne lui ont offert « que » l’argent sur 800 m (2’04"96) et 1500 m (4’19"20). Les autres médaillés ? Trésor Makunda (3 ème du 100 m T11), Marie-Amélie Le Fur (2 ème du saut en longueur et du 100 m F44), Djamel Mastouri (3 ème du 800 m T37), Nantenin Keita (2 ème du 200 m et 3 ème du 400 m T13), les relais 4 x 400 m fauteuil (Casoli, Fairbank, Fuss, Lemeunier) et 4 x 100 m T11-T13 (Makunda, Gallo, Bozzolo, Pallier) en bronze et enfin Jean-Pierre Talatini (3 ème du javelot F34). Un très bon bilan pour une équipe de France d’athlétisme pleine de jeunesse et de talent.

Arnaud, racontez-nous votre concours en or au saut en longueur

Mon objectif était d’assurer un bon saut dès le 1er essai. Ce que j’ai fait en retombant à 7,12 m. J’ai donc été tout de suite en tête avec pas mal d’avance. J’ai accentué l’écart au 2 ème essai avec 7,23 m. Je mords le 3 ème puis je sors un peu du concours car personne ne vient me titiller. Je termine par un 6 ème et dernier saut à 7,14 m. C’était donc un concours régulier. Mais le niveau était moins dense qu’il y a 4 ans à Athènes puisque la médaille d’argent se gagne à 6,64 m.

Votre saut à 7,23 m est considéré comme le nouveau record du monde. Pourtant, vous avez déjà sauté plus loin cette saison… Qu’en est-il exactement ?

Effectivement, j’ai sauté à 7,32 m au mois de juillet. Mais le Comité International Paralympique ne valide pas forcément toutes les performances. Le record officiel est donc ma performance des Jeux Paralympiques. De toute façon, c’est anecdotique. Remporter l’or était le plus important.

En revanche, les courses auxquelles vous avez pris part se sont moins bien passées

Je termine 6 ème du 200 m en 22"56. Je n’étais pas vraiment préparé pour courir sur cette distance. J’ai craqué dans les cinquante derniers mètres. J’avais beaucoup plus ciblé le 100 m avec mon entraîneur Guy Ontanon, au sein du Team Lagardère. Je cours en 11"09 en série. Mais je rate complètement ma finale. Je prends un très mauvais départ et je suis tout de suite à la bagarre. Je me crispe. Et je termine 4 ème en 11"34. La course se gagne en 11"05 alors que j’ai couru plusieurs fois sous les 11" cette saison. C’est une grosse déception. Je suis passé à côté.

Et puis il y a un 4 x 100 m rocambolesque

Ça a été un peu folklorique. Nous nous sommes très bien préparés pour ce relais avec Jo Maïsetti. Et puis, en chambre d’appel, on voit qu’il y a dans l’équipe brésilienne un double amputé des membres supérieurs. Et on nous annonce qu’il y a un changement de règles. Le passage de témoin est supprimé, les relayeurs ont juste à se taper dans la main. Tout cela seulement dix minutes avant la course ! Ce sont plusieurs années de travail qui s’évanouissent. Nous terminons au pied du podium. Mais nous n’avons pas eu l’impression de participer à un relais.

De la joie mais aussi des déceptions. Quel bilan tirez-vous de vos Jeux Paralympiques ?

Avec du recul, c’est un bilan un peu mitigé mais tout de même positif car j’ai obtenu l’or à la longueur. Et c’est ce que j’étais venu chercher avant tout.

* Propos recueillis par Florian Gaudin-Winer