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La chute de l’athlétisme français


Publié le vendredi 10 octobre 2008 à 09h06min

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Il n’y a pas qu’à la bourse que tout va mal. Risée du sport français lors des trois derniers Jeux olympiques, l’athlétisme tricolore est en perdition.




À la Bourse du sport français, le cours de l’action athlétique n’en finit plus de dévisser. Valeur stable jusqu’aux Jeux olympiques d’Atlanta en 1996 avec le doublé de Perec et le titre de Galfione, l’athlétisme tricolore a ensuite vu ses actifs sombrer. Zéro médaille aux JO 2000 de Sydney, puis deux de bronze à Athènes en 2004 et une seule d’argent cet été à Pékin. La petite entreprise bleue connaît bien la crise. Mais dans ce genre de circonstances, la lecture statistique s’accompagne souvent de querelles sémantiques. "Pour moi, il y a plutôt le feu et beaucoup de gâchis", estime Guy Ontanon, directeur du Team Lagardère Athlé. "Cette grosse maison où rien ne bouge ressemble de plus en plus à l’Éducation nationale", ose le marathonien Dominique Chauvelier, ancien international. "Je pense qu’il faut donner un bon coup de pied là-dedans", poursuit la sprinteuse Muriel Hurtis.

Au banc des accusés

"À Pékin, il n’y a pas eu d’échec ni de déroute de la part de l’équipe de France, tempère Franck Chevallier, le directeur technique national de la Fédération française d’athlétisme (FFA). Nos résultats n’ont peut-être pas été à la hauteur de nos ambitions, mais à quelques centièmes près (Baala, Doucouré et Djhone étaient proches du podium, ndlr), nous aurions été salués comme un grand sport". Il n’empêche, le butin reste bien maigre et les athlètes ont rapidement été expédiés sur le banc des accusés. À plus ou moins juste titre. "Certains athlètes doivent faire preuve d’humilité, reconnaît Bernard Amsalem, le président de la FFA. Mais il ne faut pas les pointer du doigt. Car c’est le système obsolète et sclérosé sur lequel repose le sport français depuis les années 60 qui a fabriqué des individus immatures et pas toujours conscients de leurs devoirs".

Sur les 35 athlètes engagés en individuel à Pékin, seuls 9 ont accédé à la finale et 6 sont parvenus à battre leur record personnel sur le tartan du Nid d’oiseau. "Ils ont manqué de mordant, insiste Franck Chevallier. Il va falloir trouver des solutions pour qu’ils se transcendent en compétition et qu’ils répondent présents le Jour J". Et Guy Ontanon d’asséner : "Certains athlètes se disent professionnels mais ne comprennent rien au haut niveau. Ils ne se comportent pas comme des pros dans leur manière de se préparer ou d’aborder un évènement comme les JO. Être pro, ce n’est pas seulement garnir son compte en banque. Ce sont également des devoirs à remplir. Et être pro, ce n’est pas non plus se regarder le nombril en claironnant qu’on a été finaliste des Jeux ou des Mondiaux.

Quand on fait du sport, c’est pour gagner. Pas pour être finaliste". Idéalement placé pour savoir ce qui s’est passé en coulisses, Romain Barras, 5 ème du décathlon olympique, n’en démord pas. "Il y a une starification du sportif en France. Pour moi, la meilleure sprinteuse de l’Hexagone (Christine Arron, ndlr) n’a, par exemple, pas le niveau de sa notoriété. Quand on fait 11"20 au 100 m, on devrait se faire petite et avoir un comportement exemplaire plutôt que dire que les meilleures sont dopées ! Et c’est le cas d’autres personnes en équipe de France qui se prennent pour les rois de leur cour !" Plus mesuré, Leslie Djhone, 5 ème au 400 m à Pékin, reconnaît avoir été "attristé de voir certains athlètes être éliminés sans qu’ils aient pour autant l’air déçu".

Arrêter le copinage

Mais résumer l’essoufflement de l’athlétisme à ses principaux acteurs serait aussi simpliste que de mettre le réchauffement de la planète sur le dos de la fondue savoyarde. À Pékin, la pseudo-grande famille de l’athlétisme français a offert une image déplorable de son sport. Invités à cohabiter au sein du collectif national, les 33 cadres techniques n’ont pas pu s’empêcher de régler leurs comptes. À tel point que ces querelles d’ego ont fini par plomber autant l’ambiance que la dynamique de groupe. "Il y a trop de personnes qui œuvrent pour leur intérêt personnel", lâche Guy Ontanon. "Il y a un manque évident de cohésion au sein de l’équipe de France, confie Hurtis. Ça se sent, et je l’ai vu. Certains entraîneurs arrivaient à monter les athlètes les uns contre les autres". De son côté, Bernard Amsalem n’en démord pas. S’il est réélu, dans deux mois, à sa propre succession à la tête de la Fédération, son chantier prioritaire visera à détacher les athlètes des pôles et des groupes d’entraînement personnalisés "qui donnent l’image d’un individualisme forcené", pour les réorienter vers l’esprit de club. Quant aux coaches intégrés à l’équipe de France, "il ne faut plus les recruter sur l’affectif ou le copinage. Il faut leur faire signer des chartes d’engagement de quatre ans avec des objectifs précis en termes de résultats". La plaisanterie, en effet, a suffisamment duré.


Voir en ligne : Myfreesport

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