Chpts de France Elite : 12’’97 : Doucouré, c’est chaud !

Le soleil aura eu beau les accabler toute la journée, les athlètes engagés dans les championnats de France élite ont offert, pour la deuxième journée d’épreuves, un spectacle de très haute volée au public angevin. Les spectateurs présent ce vendredi 15 juillet pourront raconter qu’ils ont vu un Français descendre pour la première fois sous la barre des 13’’ au 110 m haies. Bien entendu, l’exploit ne pouvait venir que de Ladji Doucouré. Dans une finale que le finaliste olympique a tiré vers le haut, puisque tous les concurrents, ou presque, ont amélioré leurs records personnels, et ce avec un vent favorable de 1,0 m. Un bon départ, une course fluide, et Doucouré améliorait de 5 centièmes son record de France, qui datait de deux semaines, lors du meeting au Stade de France (13’’02). « Je crois que je n’ai pas encore réalisé ce que j’ai fait. Cela ne viendra que plus tard, petit à petit. Quand j’ai vu le chrono, je n’y ai pas cru. Ronald était passé sous les 10’’ au 100 m, Christine (Arron) sous les 11’’ à Lausanne, ils m’avaient dit que je devais maintenant descendre sous les 13’’, ils m’ont mis la pression. Mais je pensais que ça serait plus long pour y arriver, et que si je le cherchais cela n’arriverait jamais. Aujourd’hui, j’ai accéléré du début à la fin, et je sentais que j’allais vite. Mes jambes étaient relâchées. J’ai réussi à être bien dès la première haie. Les 13’’, c’est quand même un gros mur. Il y a celui des 14, celui des 13’’50, celui des 13’’... Le record du monde (12’’91, ndlr) ? Cela ne sert à rien d’y penser. Je sais que tout le monde va m’en parler, mais je ne veux pas y penser. Et puis, je veux rester à ma place. Tout ça n’est que du sport... Mais je veux aussi montrer que ce n’est pas un coup de chance, et refaire une telle performance avec les meilleurs mondiaux. »

Quelque trois heures plus tard, Vanessa Boslak allait offrir à l’athlétisme français le deuxième grand moment de la journée. Vite seule face à la barre et aux taquets de la perche, la Nordiste s’y prit à une reprise seulement pour porter son record de France de 4,56 m à 4,60 m (6e perf mondiale de la saison), une barre qu’elle avait déjà franchie à l’entraînement. Avant d’échouer dans ses trois tentatives à 4,70 m. « C’est une bonne chose pour la suite. Ces 4,60 m, voilà un moment que j’y pensais. Il était important de confirmer mon niveau de 4,56 m ici, aux Championnats de France. J’ai acquis des points techniques importants que je vais devoir reproduire. Tout cela donne en tout cas des idées pour la suite. Sur les 4,70 m ? Je n’y ai pas assez cru... Maintenant, je vais me reposer et bien m’entraîner pendant trois semaines avant les championnats du monde. »

Dans le sillage de Doucouré et Boslak, plusieurs athlètes ont profité de cette dernière étape, date butoir avant les Mondiaux, pour réaliser les minima pour Helsinki. Ils s’appellent Salim Sdiri, champion France grâce à un saut à 8,25 m (minima à 8,21 m), au dernier essai à la longueur ; Ronald Pognon, tranquille vainqueur de sa série du 200 m (20’’38, RP, contre des minima à 20’’43) ; Reina-Flor Okori (12’’75 contre des minima à 12’’80, et médaille d’argent sur 100 m haies derrière une Linda Khodadin qui a porté son record personnel à 12’’66) ; et enfin Sylviane Félix (11’’20 sur 100 m, soit les minima au centième près). Une Sylviane Félix qui n’est pas championne de France pour autant puisque le titre échoie à Sylvie Mballa, Franco-Camerounaise et championne de France en 11’’13 mais qui a choisi cet hiver de porter les couleurs du Cameroun... « Je suis super contente, car c’est la première fois que je décroche un titre et un record le même jour, souriait Linda Khodadin, ex Mademoiselle Ferga. Je savais que ces championnats de France se joueraient à la bagarre, et qu’ils seraient une étape importante. »

Derrière, sans avoir atteint les fameux minima pour les Mondiaux, de nombreux champions de France ont coiffé leurs couronnes grâce à des performances de premier plan. Certes, Florent Lacasse était loin d’être satisfait d’avoir mis 1’46’’25 pour devenir champion de France du 800 m (minima à 1’44’’92). « Je n’étais pas suffisamment à l’aise pour pouvoir sortir les minima, même si Jimmy Jean-Joseph m’y a aidé, regrettait le Provençal. Le 800 est une épreuve dure. On a beau avoir tous les ingrédients à l’entraînement, ça ne passe pas forcément. C’est une année sans, comme il y en a parfois. Je relèverai d’autant mieux la tête l’année prochaine. » Lueyi Dovi, lui, a remporté la finale du 100 m en 10’’24. Une performance qui pourrait avoir son importance : pour envoyer un relais masculin à Helsinki, l’ancien DTN, Robert Poirier, avait en effet établi une règle stricte : que quatre relayeurs au moins réalisent chacun moins de 10’’25. Ils sont désormais trois dans ce cas, entre Pognon (9’’99), De Lépine (10’’23) et donc Dovi. Si on pense à ce que les 12’’97 de Ladji Doucouré peuvent donner sur le plat, le relais 4x100 m a peut-être gagné sa place dans l’avion pour la Finlande... Champion de France également, Grégory Gabella, qui a plané à 2,28 m au-dessus du tapis de la hauteur. Bien revenu en forme après un début de saison déprimant, l’Aixois est resté bloqué à 2 cm des minima. Il fait partie de ceux dont le cas sera « étudié », dixit Franck Chevallier, pour un éventuel envol vers Helsinki. Maria Martins fera-t-elle partie du voyage ? Coincée à une grosse seconde des minima (4’04’’18), la Tourquennoise a fait belle impression en tenant la dragée haute tout au long de la finale à Hind Dehiba, nouvelle championne de France de la spécialité (4’16’’46 contre 4’16’’71).

La journée de samedi pourra-t-elle rivaliser, en intensité comme en émotion, avec celle de ce vendredi historique ? Marc Raquil, en forme montante sur 400 m (46’’14 en demi), Eunice Barber (53,10 m vendredi, deuxième au javelot derrière Sarah Walter), Naman Keita (50’’39 en demi du 400 m haies) ou encore Christine Arron sur 200 m devraient s’y employer. Et si Ronald Pognon a la bonne idée d’aller titiller le vieux record de France du 200 m de Gilles Quénéhervé (20’’16 en 1987 !), sait-on jamais...

 Ils ont dit :

Vanessa Boslak, championne de France de la perche avec 4,60 m (RF) :
« C’est une bonne chose pour la suite. Ces 4,60 m, voilà un moment que j’y pensais. Il était important de confirmer mon niveau de 4,56 m ici, aux Championnats de France. J’ai acquis des points techniques importants que je vais devoir reproduire. Tout cela donne en tout cas des idées pour la suite. Sur les essais à 4,70 m ? Je n’y ai pas assez cru... Maintenant, je vais me reposer et bien m’entraîner pendant trois semaines avant les Championnats du Monde. »
Linda Ferga, championne de France du 100 m haies en 12’’66 (record personnel) :
« Je suis super contente, car c’est la première fois que je décroche un titre et un record le même jour. Je savais que ces championnats de France se jouerait à la bagarre, et qu’ils seraient une étape importante. »

Lueyi Dovi, champion de France du 100 m en 10’’24 :
« Je venais ici avec l’ambition de battre, ne serait-ce que d’un centième, mon record de France, qui était de 10’’32. Je suis donc très content. J’étais pourtant très inquiet en demi-finale, quand j’ai réalisé 10’’46. Je me suis dit que tout se jouerait sur les trente premiers mètres en finale. Je me suis donc réveillé pour partir à fond, et voilà... »

Jamel Ahrass, médaille de bronze du 800 m en 1’48’’07 :
« J’étais très, très motivé pour un podium avec tous les sacrifices et les stages que j’ai faits cette année. Ça a pas mal bousculé pendant la course avec Driss Maazouzi et les autres gars dans le peloton, j’ai même cru sortir de la piste à un moment. J’espère maintenant aller beaucoup plus vite l’année prochaine, pour participer aux Championnats d’Europe 2006. »

Florent Lacasse, champion de France du 800 m en 1’46’’25 :
« Je n’étais as suffisamment à l’aise pour pouvoir sortir les minima, même si Jimmy Jean-Joseph m’y a aidé. Le 800 est une épreuve dure. On a beau avoir tous les ingrédients à l’entraînement, ça ne passe pas forcément. C’est une année sans, comme il y en a parfois. Je relèverai d’autant mieux la tête l’année prochaine. »

Ladji Doucouré, champion de France du 110 m haies en 12’’97 (RF et MPM) :
« Je crois que je n’ai pas encore réalisé ce que j’ai fait. Cela ne viendra que plus tard, petit à petit. Quand j’ai vu le chrono, je n’y ai pas cru. Ronald était passé sous les 10’’ au 100 m, Christine (Arron) aussi à Lausanne, ils m’avaient dit que je devais maintenant descendre sous les 13’’, ils m’ont mis la pression. Mais je pensais que ça serait plus long pour y arriver, et que si je le cherchais cela n’arriverait jamais. Aujourd’hui, j’ai accéléré du début à la fin, et je sentais que j’allais vite. Mes jambes étaient relâchées. J’ai réussi à être bien dès la première haie. Les 13’’, c’est quand même un gros mur. Il y a celui des 14, celui des 13’’50, celui des 13’’... Le record du monde (12’’91, ndlr) ? Cela ne sert à rien d’y penser. Je sais que tout le monde va m’en parler, mais je ne veux pas y penser. Et puis, je veux rester à ma place. Tout ça n’est que du sport... Mais je veux aussi montrer que ce n’est pas un coup de chance, et refaire une telle performance avec les meilleurs mondiaux. »

Sylviane Félix, médaille d’argent du 100 m haies féminin 11’’20 :
« C’était une belle course, des conditions idéales, avec une superbe course de Sylvie devant. Moi, je me suis accrochée derrière. Je réalise les minima (11’’20, ndlr), c’est la récompense de vingt mois de travail avec mon coach. J’ai eu des pépins physiques au genou cet hiver, ils me fallait du temps pour tout remette en ordre. »

Sylvie Mballa, championne de France du 100 m en 11’’13 (ndlr : Franco-Camerounaise, Sylvie, championne de France, a choisi cet hiver de porter les couleurs du Cameroun) :
« J’avais de très bonnes sensations en demi-finale, et je bats mon record en finale. Je suis folle de joie, c’est un des plus beaux jours de ma vie. Par rapport à ma décision de courir pour le Cameroun, ce fut une décision très difficile à prendre mais elle est maintenant définitive pour l’IAAF. J’ai l’impression d’avoir été laissée sur la touche pour le relais 4x100 m lorsque je pouvais courir pour la France. »

Marc Raquil, vainqueur en demi-finale du 400 m en 46’’14 :
« J’ai passé la vitesse supérieure par rapport à hier. J’ai voulu me tester sur 250 premiers mètres à vitesse réelle, en rattrapant le plus vite possible mes adversaires. Demain, il me faudra tenir sur 300 m, puis finir comme je sais le faire. »

Sarah Walter, championne de France du javelot avec 55,27 m :
« C’est une très bonne chose d’avoir gagné. Ce concours était très difficile, car nous avons commencé à 14 heures, en plein cagnard, et nous étions 18 à passer. Pour le reste, sur la technique, ce fut très moyen. Comme tout au long de cette saison, je n’ai pas réussi à lancer, à prendre le bon rythme, à trouver la bonne musique. Peut-être que je manque d’agressivité, ou que je réfléchis trop. »

Eunice Barber, deuxième du javelot (individuel) avec 53,10 m :
« Je suis très contente de lancer le javelot ici, où mon objectif était de trouver mes marques. Au début, cela n’allait pas du tout, je n’étais pas placée, mais finalement, je me suis bien reprise au 6e essai, et je refais 53 m, comme à Arles. Est-ce que je m’attendais à faire un podium ici ? Mais moi, je m’attends tout le temps à gagner, partout. Je veux battre mon record personnel à chaque épreuve. Mais la deuxième place est un bon résultat. Je referai du 200 m et de la longueur en compétition avant Helsinki. »

Hind Dehiba, championne de France du 1500 m en 4’16’’46 :
« J’avais gardé du jus pour le dernier 400 m. A ce rythme là, c’était facile. Maria Martins m’avait attaquée, mais je n’ai jamais douté. Même si j’avais mené, l’allure était supportable. »

Maria Martins, médaille d’argent du 1500 m en 4’16’’71 :
« J’ai fait de mon mieux, en courant à la sensation, sans chercher de chrono. Hind est meilleure que moi sur 800 m, elle a donc un meilleur finish. J’ai quand même tenté ma chance jusqu’au bout. Les minima ? Peut-être ai-je mal programmé ma saison. Je n’ai pas réussi à courir assez de meetings. Je ne m’attends pas spécialement à être repêchée par le DTN. On verra bien. »

Marie Collonvillé, 13e du javelot (individuel) avec 42,33 m :
« C’est nul, très mauvais. J’ai raté beaucoup de séances techniques au javelot, et je voulais savoir où j’en étais, mais les réglages ne sont pas encore là. C’est pour cela que j’ai voulu lancer ici, mais là, je suis perdue. Je n’ai pas de douleurs, mais cela ne va pas. Il va falloir que je travaille ça chez moi, avant Helsinki pour l’heptathlon. »

Naman Keita, vainqueur de sa demi-finale du 400 m haies en 50’’39 :
« Tout s’est bien passé, mais il faisait extrêmement chaud. Du coup, j’avais les jambes très lourdes. J’ai voulu appliquer mon bon schéma de course, passer en treize foulées à la 10e haie, mais je n’étais pas parti assez vite, et je n’ai pas pu. En finale, demain, je ne sais pas encore comment je courrai. Le 400 m haies est avant tout une course d’adaptation. Lundi, je partirai en stage pour dix jours avant de courir à Stockholm. Et c’est là que je déciderai de mon schéma de course pour les Mondiaux. C’est vrai que je me cherche encore un peu, mais cela n’a rien d’inquiétant vu que j’ai déjà réalisé 48’’27... »