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La course à pied pour combattre la dépression


Publié le dimanche 21 mars 2004 à 12h05min

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Selon l’office fédéral de la santé publique, 43% des dépressions pourraient être évitées en pratiquant une activité physique comme la course à pied. Les Allemands, les Autrichiens et les Américains utilisent déjà ce sport comme thérapie.
Les psychiatres redécouvrent les vertus anti-dépressives de la course à pied.




Pour soigner une dépression, inutile de courir les médecins : il suffit de courir, tout simplement. D’ailleurs, certains psychiatres utilisent la course à pied pour soigner les patients dépressifs. Cette forme de psychothérapie est reconnue en Allemagne depuis 1988. Il s’agit là-bas d’une formation qualifiante. A ce jour, plusieurs centaines de praticiens ont obtenu le diplôme de Lauftherapeut décerné par l’Institut allemand de thérapie par la course à pied, à Bad Lippringe, en Rhénanie du Nord-Westphalie.

Les consultations se déroulent en plein air, par exemple dans un parc. Le but n’est pas de transformer les patients en athlètes accomplis : n’oublions pas qu’il s’agit d’une psychothérapie. Le rythme des foulées doit leur permettre de tenir une conversation. Autant dire que beaucoup préfèrent marcher. Certains thérapeutes rapportent même avoir traité des patients dépressifs qui s’arrêtaient pour pouvoir pleurer à leur aise.

Dès les début des années 80, les Autrichiens ont copié l’exemple allemand. On pourrait donc penser qu’il s’agit d’une spécialité germanophone, si les Américains n’avaient pas également exploité la course à pied, à partir de 1974 déjà, pour soigner les dépressifs et les alcooliques, notamment. Ils ont même créé une association professionnelle, baptisée American medial joggers. Aux Etats-Unis, des milliers de personnes sont actuellement traitées par un walking therapist ou un running therapist. Les « consultations assises » sont facturées plus chères, pour inciter les patients à choisir la formule active.

La méthode a obtenu le soutien de certaines personnalités comme Joschka Fischer, ministre allemand des affaires étrangères, marathonien à ses heures, ou Ray Fowler, ancien président de l’Association des psychologues américains. Il existe pourtant quelques contre-indications. Chez les sujets anorexiques et, plus généralement, les patients manifestant un comportement auto-agressif, il existe un risque de développer une dépendance à l’entraînement.

En Suisse, la course à pied thérapeutique est pratiquement inconnue. Certes, les jeux de ballon et les promenades sont couramment intégrés dans les activités proposées aux patients psychiatriques. Mais il s’agit davantage d’occuper les pensionnaires que de les soigner. D’autre part, la randonnée est utilisée pour la rééducation des malades cardiaques : « L’influence de l’activité physique sur la dépression est reconnue par les cardiologues », souligne Cédric Vuille, médecin chef au centre de réadaptation cardiovasculaire de Genolier (GE). C’est à peu près tout.

« A mon avis, c’est un truisme que de dire que la course à pied fait du bien. Il n’y pas besoin de faire des études et d’avoir un diplôme pour le savoir », estime Alexis Berger, responsable de la Société suisse romande de gestalt-thérapie. « Avec ce genre d’approche, ajoute-t-il, il y a un risque de parcellisation de l’individu. On connaît déjà la thérapie par le rire, par les animaux, etc. Elles sont très bonnes en soi, mais ne tiennent pas compte de la personne dans sa globalité. » Alexis Berger reconnaît toutefois que le développement de ces méthodes plus ou moins reconnues trahit peut-être un besoin mal couvert par la psychiatrie traditionnelle. « L’idée que l’activité physique fait du bien est décrite dans les manuels de médecine, mais elle n’est pas assez présente dans les cabinets », regrette-t-il. Les deux mamelles de la psychiatrie restent la médication et la psychothérapie.

Or, des études ont montré que la course à pied pouvait remplacer une médication légère en cas de dépression. Dans une prise de position scientifique publiée en 1999, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) affirme que 43% des dépressions pourraient être évitées grâce à la pratique d’une activité physique, d’où une économie potentielle de 531 millions de francs par an au niveau national. Le risque d’apparition de la maladie serait trois fois plus élevé chez les personnes inactives. Une quantité d’études ont confirmé les bienfaits de l’exercice physique, notamment sur les fonctions cognitives.

En fait, depuis quelques années, la course à pied est tout simplement en voie de réhabilitation scientifique, après avoir été accusée par la presse tout public de constituer une forme de drogue pour ses adeptes. Tout le monde se souvient d’avoir lu ou entendu que la course à pied rendait accro aux endomorphines sécrétées pendant l’effort. On est bien loin de ces accusations à présent. Mais les Allemands, non sans humour, utilisent exprès l’abréviation LSD (long slow distance) pour désigner les longues sorties en endurance…

Francesca Sacco

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