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Les 1265,85 kms du marathon de Paris


Publié le samedi 8 avril 2006 à 20h58min

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Avant la course des 30 ans dimanche, le fondateur et le premier vainqueur se souviennent des premières foulées de l’épreuve parisienne, en septembre 1976.




Il faisait chaud ce 18 septembre 1976, même si l’on était loin des températures caniculaires que venait d’endurer la France pendant plusieurs mois. Un temps parfait pour courir. Jean-Pierre Eudier se souvient du départ dans le stade Jean-Bouin. Puis des chemins en terre du bois de Boulogne. Trois boucles de 14 kilomètres, exigeantes car marquées par des accidents de terrain. Autour de lui, des athlètes qu’il connaît bien. Notamment Fernand Kolbeck, un strasbourgeois quatre fois champion de France de marathon. Le patron du peloton en quelque sorte. Alors, quand, au 25 ème kilomètre, Kolbeck décide de démarrer, tout le monde se regarde et se dit que c’est plié.

A la surprise générale, un homme prend sa foulée, Bernard Sehedic, fort des 2 h 20 min 52 s réalisées l’année précédente. Jean-Pierre Eudier, qui avait raté sa qualification pour les jeux olympiques de Montréal, a soif de revanche. Et gicle derrière Sehedic. Le trio reste soudé jusqu’au 30 ème kilomètre. Là, Eudier accélère et accentue son avance. Jusqu’à ce qu’un terrible point de côté au 40 ème kilomètre le force à ralentir. Sehedic revient fort. Mais trop tard. Eudier passe, avec quelques secondes d’avance, la ligne d’arrivée dans le stade Jean-Bouin. En 2 h 20 min 57 s. Le souvenir est précis. C’était il y a trente ans, pourtant. Mais une victoire, cela ne s’oublie pas. Surtout dans le premier marathon de Paris.

Hérésie

Ils seront 126 à passer la ligne d’arrivée ce jour-là. Quelques athlètes de haut niveau venus concourir pour le titre de champion de France. Et quelques dizaines de joggers du dimanche prêts à soutenir le pari fou de leur ami Raymond Lorre. Un phénomène dans le monde de l’athlétisme, connu pour avoir créé, en 1968, le meeting de Paris (devenu aujourd’hui meeting Gaz de France). Et réussit le tour de force d’attirer au stade Charlety des athlètes américains, comme Tommie Smith et John Carlos, entrés dans la légende des JO pour avoir levé leur poing ganté de noir sur le podium du 200 m de Mexico en 1968. Comment ? En les payant. « C’est l’argent qui a permis à l’athlétisme d’être médiatisé. Sinon, il aurait aujourd’hui la notoriété du badminton », assure Raymond Lorre. Ce qui est perçu comme une hérésie dans la traditionnelle Europe de l’athlétisme. Et cela lui vaudra d’être suspendu en 1976 par le président de la fédération française.

« Puisque je ne pouvais plus organiser de course sur stade, j’ai annoncé que j’en ferai sur route », raconte dans un rire l’ancien champion de France du 400 m. Le marathon de Paris est donc né d’une boutade. Raymond Lorre a pu alors s’appuyer sur l’expérience du Relais à travers Paris, organisé par son club, le Stade français. Lors de cette course originale, 30 équipes de 50 coureurs se relayaient entre le jardin des Tuileries et Bercy. Entraînant de nombreux blocages de la circulation que le préfet de police ne voulait pas voir se multiplier avec la création d’une nouvelle course intra-muros. Il a donc demandé à Raymond Lorre de choisir : le Relais à travers Paris, ou le marathon de Paris. La décision ne fut pas longue à prendre : ce passionné d’antiquités grecques se rappela avec émotion du voyage initiatique réalisé à 22 ans à Marathon, là où les Athéniens remportèrent une victoire militaire mettant fin à la première guerre médique.

Débandade

Encouragé par Fred Lebow, fondateur du marathon de New York, Raymond Lorre réunit donc ses amis, dont les acteurs Michel Creton et Michel Le Royer, ce 18 septembre 1976, au bois de Boulogne. « Une joyeuse débandade, car peu avaient déjà parcouru cette distance », sourit l’homme, aujourd’hui âgé de 81 ans. Quand il quitte les rênes de l’organisation en 1986, 14000 coureurs se pressent sur la ligne de départ. « C’était déjà fantastique. Jamais je n’aurai imaginé qu’on puisse atteindre le chiffre de 35000. C’est la preuve qu’il y a de la qualité dans les hommes et les femmes pour aller au-delà d’eux-mêmes ». La preuve aussi que le marathon reste une épreuve difficile et cruelle. Jean-Pierre Eudier s’est aligné deux fois dans l’épreuve parisienne. Résultat : une victoire et un abandon. Raymond Lorre aura tenté trois fois de venir à bout des 42,195 kms, mais il se sera à chaque fois heurté au mur du trentième kilomètre.

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