Urban Athlé
Publié le mercredi 8 novembre 2006 à 17h29min
Urban Athlé, Benjamin Crouzet : « Le potentiel des jeunes dans les cités est énorme »
Au printemps dernier, avec l’appui de la Caisse d’Epargne, partenaire de l’opération, la Fédération Française d’athlétisme lançait Urban Athlé, grande opération de détection et de promotion de l’athlétisme dans les quartiers. En quelques semaines, dans plusieurs villes de région parisienne, des milliers de jeunes, dont les résultats ont été enregistrés et analysés, se sont amusés à sauter, courir, et lancer, avec la promesse, pour les meilleurs d’entre eux, d’être pris en charge et suivis par la FFA. Quelques mois plus tard, ils sont trois à avoir débarqué au pôle espoirs de Reims. Le point avec Benjamin Crouzet, Conseiller technique et sportif, l’un des responsables au CREPS de Reims du pôle espoir d’athlétisme, investi sur l’opération pour la FFA.
Vous avez intégré dans votre pôle trois jeunes de Viry, en banlieue parisienne, détectés grâce au projet Urban Athlé. Comment les avez-vous repérés ?
– Benjamin Crouzet : Lors d’une journée de détection organisée dans le cadre d’Urban Athlé dans la ville de Viry-Châtillon, Renaud Longuèvre (ndlr : l’entraîneur de Ladji Doucouré) et moi-même avions observé les jeunes dans les étapes de sélection. Même sans les résultats, on avait déjà une idée des jeunes susceptibles de nous intéresser. Ladji était présent et lui aussi avait repéré un des jeunes en question, Lassana Camara en l’occurrence. S’en est suivi une série de tests, notamment médicaux, et d’entretiens individuels, puis avec les parents.
Pouvez-vous nous les présenter ? Quels sont leurs points forts ?
– Il sont deux garçons, Lassana Camara et Sery Ohoueu, et une fille, Jedida Gnapi. Tous trois viennent de Viry-Châtillon. Le premier à nous avoir tapé dans l’œil, c’est Lassana. Il avait une aisance naturelle, il était mort de faim. C’était sûrement le plus motivé des trois. Venant du rugby, il a une « caisse » énorme et un potentiel intéressant sur des disciplines de sprint sur haies basses, autrement dit sur 400 haies. Pour Jedida Gnapi, qui connaît malheureusement quelques pépins physiques, ce sont ses qualités de saut, de vitesse et d’aisance gestuelle qui nous ont plu. Elle s’oriente plutôt vers les haies hautes, voir les sauts. Enfin Sery Ohoueu a un talent brut qu’il faut affiner. Il possède des qualités physiques intéressantes, notamment sur les sauts. Il se dirige vers des épreuves combinées. Les trois sont au début de leur apprentissage et leur spécialisation est loin d’être effective.
Comment ont-ils réagi ? Le passage de la cellule familiale au Creps de Reims a-t-il été facile ?
– Les trois jeunes et leurs parents se sont montrés enthousiastes. Pour des jeunes pas vraiment favorisés, c’est une opportunité pour réussir. Passer de la banlieue parisienne à un cadre beaucoup plus rural n’est pas une chose facile. Mais pour l’heure, ils s’y sont bien adaptés. En revanche, ce fut plus difficile au niveau scolaire. L’un d’entre eux était quasiment en échec scolaire. Le faire accepter en classe de troisième ne fut pas aisé. Mais nous ne le regrettons pas, car il a montré depuis une attitude positive, prenant même part aux cours de soutien scolaire. L’internat facilite aussi une intégration plus rapide et un contrôle plus efficace des efforts fournis. Enfin, le futur TGV leur permettra d’être à moins d’une heure de chez eux, ce qui est important.
Que vont t-ils faire dans les mois, les années à venir ?
– Nous continuons leur évaluation. Nous voulons encore les jauger, déceler des signes de fragilité. Ensuite il est prévu que nous les testions sur la saison hivernale pour se faire une idée plus précise de leurs capacités. Ils auront aussi l’occasion de s’entraîner pendant les vacances de Noël avec le groupe de Renaud Longuèvre à l’INSEP. Nous possédons, avec le Creps de Reims, un outil de travail de premier ordre avec notamment des installations indoor nous permettant un travail hivernal efficace. A base de quatre entraînements par semaine de deux heures environ dans un premier temps, l’objectif à moyen terme est de leur faire intégrer les équipes de France Jeunes d’ici à trois ans environ.
Que pourrait être la suite de cette première opération Urban Athlé ?
– La prise en charge de ces jeunes est positive. Il faut que les différents pôles consentent a des efforts financiers nécessaires à la formation et sortir d’une habitude de recrutement le plus souvent régionale. L’idéal serait d’étendre cette initiative à plus de municipalités, dans toute la France, et aussi organiser ces journées détection plus tôt dans l’année pour une meilleure prise en charge des jeunes. La FFA a mis en place une politique qu’il faut pérenniser. Il y a un potentiel énorme dans les cités. N’oublions pas que les trois jeunes sont originaires de Viry-Châtillon, comme un certain Ladji Doucouré... Ladji était très investit dans l’opération de détection qui se déroulait dans sa ville. Si sa réussite peut donner des idées et servir d’exemple, ce sera positif.
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