Ultra Trail du Mont-Blanc : Kilian Jornet intouchable

« Ce deuxième succès a une saveur différente de celui de l’an dernier » a expliqué Kilian sur la ligne d’arrivée. « Cette nuit a été très difficile, avec de la pluie, du vent et du froid autour de la frontière franco-suisse ». Une météo capricieuse qui aura certainement handicapé l’Espagnol dans sa quête dune victoire en moins de 20 heures. Kilian rejoint dans la légende de l’UTMB son "aîné" Marco Olmo avec deux victoires consécutives autour du Mont Blanc. Alors que Kilian franchissait en vainqueur la ligne d’arrivée, le Français Sébastien Chaigneau (The North Face) pointait à environ une heure du vainqueur, talonné par le Japonais Kaburaki (The North Face), déjà 4 ème l’an passé. Scott Jurek et Julien Chorier (Lafuma) auront tenté longtemps de tenir tête à ce trio de tête, avant de ne plus pouvoir tenir le rythme effréné et de descendre doucement dans le Top 10.

Jornet n’aura jamais vraiment été inquiété tout au long de son périple qui avait rassemblé 2286 concurrents, pointant en tête à chacun des points de contrôle du parcours long de 166 km et 9400 m D+. Il aura cependant un « coup de moins bien » au niveau de La Fouly (km 108), avant de retrouver des ressources et de lâcher définitivement ses poursuivants. En début de nuit hier soir, plusieurs outsiders baissaient rapidement pavillon. Les premiers furent Marco Olmo (ITA) et Dawa Sherpa (NEP). Ce dernier rendait son dossard à la Balme. "Je n’avais aucune force, ni dans les bras, ni dans les jambes, j’étais vidé, cela ne servait plus à rien que je continue dans ces conditions" expliquait le Népalais, qui pronostiquait un début d’anémie. Son compère du team Quechua, Vincent Delebarre, abandonnait pour sa part au Lac Combe.

Hier soir peu avant 22 heures, le Suisse Jean-Yves Rey (Nike) a remporté la CCC après 11h40 de course pour couvrir les 98 km de course et 5500 m D+. Déjà vainqueur du marathon du Mont Blanc en 2008, le coureur helvète a récidivé sur ce demi-tour du Mont Blanc, pour sa première apparition sur l’épreuve. "C’est vrai que cette région me sourit" souriait le Suisse. Jean-Yves aura effectué un cavalier seul depuis le départ de Courmayeur, prenant régulièrement du temps à ses différents adversaires. "La grosse chaleur et le fait de courir tout seul en tête auront été les principales difficultés" reconnaîtra le vainqueur 2009. "Sinon, les conditions étaient vraiment parfaites, et le parcours magnifique". Perturbé par des ennuis gastriques passagers à Vallorcine, le coureur suisse aura tenu le choc pour terminer en trombe dans les rues de Chamonix.

Il devance de près de 35 minutes le Grec Nikolaos Kalofyris (team Salomon), vainqueur de l’Olympus Marathon en 2006, et le Français Ludo Pommeret (Team Quechua), encore auteur d’un podium en cette saison 2009. Absence de marque sur le podium : Thomas Lorblanchet, qui s’alignait pour la première fois sur une aussi longue distance. Victime il y a une dizaine de jours d’un début de pubalgie, le Clermontois n’avait pas récupéré l’intégralité de ses moyens et a abandonné à La Fouly. "Au bout du 20 ème kilomètre, je sentais déjà des douleurs, c’était impossible d’enchaîner les montées et descentes" expliquait Lorblanchet, venu sportivement accueillir le vainqueur sur la ligne d’arrivée. Le tenant du titre, Guillaume Lenormand (Quechua) terminait beaucoup plus tard, à la 15 ème place, en franchissant la ligne d’arrivée main dans la main avec trois compagnons de route. À trois heures du matin, la réunionnaise Chantal Bègue terminait première féminine, vingt minutes seulement devant les italiennes Pensa-Arrigoni.