Comrades Marathon : L’ultramarathon légendaire qui unit l’Afrique du Sud à chaque foulée

Une légende née dans le sang et la mémoire
Le Comrades Marathon est né en 1921, à l’initiative de Vic Clapham, un vétéran de la Première Guerre mondiale. Marqué à vie par les horreurs du front, il imagine une course en hommage aux soldats sud-africains morts au combat, une manière de témoigner par l’effort de l’endurance humaine. La toute première édition, disputée entre Pietermaritzburg et Durban, rassemble 34 coureurs, dont seulement 16 rallient l’arrivée.

Depuis, plus de 100 éditions ont eu lieu, sauf pendant la Seconde Guerre mondiale et durant la pandémie de COVID-19. Aujourd’hui, c’est le plus ancien et le plus prestigieux ultramarathon du monde. Une légende vivante du sport sud-africain, gravée dans l’ADN du pays.

KwaZulu-Natal : entre collines rouges et océan Indien
Le Comrades Marathon se court dans la province de KwaZulu-Natal, entre deux villes emblématiques : Pietermaritzburg, capitale administrative nichée dans les collines, et Durban, métropole vibrante au bord de l’océan.

Tous les ans, la course alterne entre une édition "Down Run" (descente de Pietermaritzburg vers Durban) et une édition "Up Run" (ascension vers Pietermaritzburg). En 2025, si la logique est respectée, ce sera donc un Down Run, plus roulant mais non moins éprouvant.

Durban offre un cadre unique : plages immenses, marché indien, chaleur festive. Pietermaritzburg, plus tranquille, dégage un charme colonial. Le parcours relie ces deux pôles dans une épopée spectaculaire de près de 90 kilomètres à travers des paysages vallonnés, des villages zoulous, des fermes, des collines mythiques comme Polly Shorts ou Inchanga.

Un peloton bigarré, entre héros locaux et coureurs du monde
En 2024, plus de 20 000 coureurs étaient inscrits, dont environ 1 500 internationaux, venus de plus de 60 pays. Les Sud-Africains constituent l’écrasante majorité du peloton, mais la présence d’athlètes venus du Zimbabwe, du Kenya, du Royaume-Uni, des États-Unis, du Brésil ou de France souligne la dimension globale de l’événement. Le Comrades est unique en ce qu’il mélange l’élite absolue (certains terminent en moins de 5h30 !) et des milliers d’amateurs, certains marchant, d’autres en binômes, tous avec des histoires personnelles bouleversantes. Les barrières horaires sont sévères, mais tout le monde vise le Graal : franchir la ligne d’arrivée avant la limite des 12 heures.

Pas de marathon ici : un seul monstre, l’ultra
Le Comrades Marathon, ce n’est qu’une seule distance : environ 87 à 90 kilomètres selon l’année et la direction choisie. Il n’y a pas de semi, pas de 10 km, pas de course enfants. C’est un défi total. Pour participer, il faut avoir couru un marathon officiel en moins de 4h50 dans les mois précédents. Cette exigence de performance garantit un minimum de condition physique pour affronter l’épreuve.

Un week-end de passion, entre expo et communion
Dès le jeudi précédant la course, l’ambiance monte à Durban ou Pietermaritzburg (selon le sens). L’expo running ouvre ses portes : stands Adidas, nutrition sportive, équipements techniques, conférences avec anciens champions… Des milliers de visiteurs y passent pour retirer leur dossard et capter l’âme de l’événement. Le samedi, veille de la course, la ville est suspendue dans une tension douce. Les vétérans racontent leurs anecdotes dans les hôtels, les familles préparent des banderoles, les bénévoles installent les 40 postes de ravitaillement… Le Comrades se vit autant qu’il se court.

Parcours : entre beauté et brutalité
Le parcours 2025 (probablement Down Run) s’élancera de Pietermaritzburg pour rejoindre Durban via cinq bosses célèbres : Polly Shorts, Inchanga, Botha’s Hill, Field’s Hill, et Cowie’s Hill. Ces noms sont gravés dans le cœur des "Comrades" comme les 21 virages du Mont Ventoux pour les cyclistes. Le revêtement est majoritairement bitumé. Les paysages sont superbes : champs, forêts d’eucalyptus, rivières, villages animés. Des milliers de spectateurs offrent du soutien, des biscuits, parfois même des massages improvisés.

Un dénivelé trompeur
Même en "descente", le parcours n’est jamais plat. On cumule plus de 1 000 m de dénivelé positif, avec des pentes souvent longues, parfois insidieuses. L’altitude de départ (600 m) et l’humidité en arrivant à Durban testent les organismes au maximum. Il est fréquent de marcher sur certaines bosses, même pour les coureurs aguerris. La clé : gérer, écouter son corps, et respecter chaque mètre.

Une météo à surveiller
Début juin en Afrique du Sud correspond à l’hiver austral. Les matins peuvent être froids (6 à 12 °C à Pietermaritzburg), mais les températures grimpent vite à l’approche de Durban (20 à 28 °C à l’arrivée). Il fait généralement sec, mais les coups de chaud sont fréquents. L’hydratation est une priorité.

L’âme du Comrades : une émotion collective
Le long de la route, ce sont plus de 200 000 spectateurs qui encouragent. Des chorales, des percussions zouloues, des familles entières installées dans des fauteuils de camping… Tout le pays vibre pour ses "Comrades". On y voit des t-shirts en hommage à des proches disparus, des maillots bariolés, des vétérans de 70 ans avec 20 Comrades au compteur. À l’arrivée dans le Kingsmead Stadium de Durban, l’émotion est à son comble. Les larmes coulent. Les bras s’ouvrent. L’exploit est collectif.

Médaille : 90 km pour un bijou en métal
Les médailles sont distribuées selon le temps réalisé. Il y en a 11 types différents, de l’or (top 10) à la médaille Vic Clapham (10h-12h). Tous ceux qui terminent avant la barrière horaire reçoivent un bijou à la hauteur de l’effort accompli. Un système de médailles cumulatives récompense également les multi-participants : 10 courses terminées = Green Number, un numéro personnel pour la vie.

Logistique : exigeante, mais efficace
Durban est desservie par un aéroport international. L’organisation met en place des navettes entre Durban et Pietermaritzburg avant la course. Les hôtels affichent complet rapidement, mieux vaut réserver en novembre. Des vestiaires, toilettes, douches et espaces de récupération sont prévus à l’arrivée. Les Sud-Africains appellent ça le "Comrades village", où tout est fait pour aider les finishers à retrouver leurs esprits.

Pourquoi y participer ? Parce que c’est unique
Le Comrades Marathon n’est pas une course. C’est une légende vivante, un pèlerinage, une fête, une guerre intérieure. C’est 90 kilomètres de doutes, de joie, de douleurs, de liens humains profonds. C’est aussi un miroir de l’Afrique du Sud : diverse, résiliente, forte, parfois blessée, mais toujours en mouvement. Si tu ne dois courir qu’un seul ultra dans ta vie, que ce soit celui-là.