Meeting de Strasbourg : Leslie Djhone en famille

« Je suis un peu fatigué. Mais Strasbourg, c’est un meeting que j’aime bien et mon coach (NDLR : François Pépin) veut que je le fasse ». Le discours semble anodin, mais il cache d’autres motivations, plus personnelles, plus intimes. Un peu plus loin, Leslie Djhone remet le sujet de sa participation à Strasbourg sur le tapis. Et en lisant entre les lignes, on se dit que public et organisateurs doivent une fière chandelle à Sophie Herbrecht, l’ex-Kingersheimoise, désormais à Issy-les-Moulineaux, après avoir brillé à Besançon et au Havre, aujourd’hui capitaine de l’équipe de France de handball.

Destin commun

Sophie partage la vie de Leslie depuis trois ans. Ou plutôt des morceaux de vie. « Nous connaissons tous les deux les exigences du sport de haut-niveau, note l’athlète. On le comprend. On se comprend. Je m’imagine mal lui dire qu’on ne se voit pas assez. Et puis, quelque part, nous fonctionnons comme un couple normal où chacun part au boulot ». Enfin, si on veut. Car là, on ne quitte pas le foyer le matin pour le réintégrer nécessairement le soir. L’absence de l’un ou l’autre se compte souvent en jours voire en semaines.

« Dans l’ensemble, ça va, sauf en pleine saison, comme pour moi en ce moment. Cela peut atteindre le mois ». Ce qu’il ne dit pas, c’est que d’ici aux JO de Pékin, avec les mondiaux d’Osaka pour lui entre temps et surtout d’exaltants championnats du monde à domicile pour elle en toute fin d’année, la cohabitation entre l’athlète et la handballeuse tournera bien à l’épisodique. Mais tous deux sont prêts aux sacrifices, dans l’espoir de se retrouver en Chine, pour un destin commun sous le drapeau tricolore, comme à Athènes en 2004.

Argument décisif

En attendant, plus modestement, place au meeting de Strasbourg et des DNA. Et donc, n’eut été la présence annoncée de la belle famille dans les tribunes de Hautepierre, il se peut bien que Leslie Djhone se serait épargné le crochet par l’Alsace. « Je me faisais un plaisir d’évoluer devant ma belle famille. Je me demande si ce n’est pas l’élément décisif qui me fait venir ». C’est que jeudi soir, Djhone enchaînera son troisième tour de piste en onze jours. Et la Golden League au stade de France, c’est pour huit jours plus tard. Or, le champion d’Europe du 4 X 400 m à Göteborg, bronzé en individuel, l’abordera sans doute avec une idée derrière la tête, même s’il assure que les exigeants minima pour les mondiaux d’Osaka (45"10) ne hantent pas ses nuits. « C’est vrai que les minima sont moins sévères ailleurs comme pour les Allemands ou les Anglais, avec qui j’ai discuté ce week-end. Mais bon, je vais tomber sur de bonnes courses ces prochains temps ».

Première à Strasbourg ?

Celle de St-Denis le 6 juillet en fait partie au premier chef. Il l’abordera avec la confiance nécessaire, emmagasinée à Munich (45"55) après sa rentrée acceptable à Jean-Bouin le 17 juin (46"02). « Je n’avais pas réussi à m’exprimer à Paris, estime-t-il cependant. Mais en Allemagne, je tenais absolument à gagner. Pour l’équipe de France, mais aussi pour marquer mon territoire au niveau européen. Ça m’aurait agacé de perdre. Le plus intéressant pour la suite, c’est que je ne suis pas au top physiquement ». Compte-tenu de la fatigue passagère, il ne le sera pas non plus à Strasbourg. Et s’il compensait mentalement, transcendé par la présence de ses proches ? Une première victoire sur 400 m à Strasbourg pourrait être à ce prix.