Mélanie Skotnik : « Je vois beaucoup plus loin que le record de France »

Le record de France, perché à 1,96 m et détenu conjointement par Madely Beaugendre et Maryse Ewanje-Epée, se rapproche. Mais la Franco-Allemande, qui porte le maillot bleu depuis la saison 2005, ne se fixe pas de limites. Interview.

Mélanie, on ne vous avait pas vue sur les pistes depuis le 20 août 2006. Réaliser 1,95 m pour votre rentrée, à Bruxelles, c’est une surprise ?

Pas du tout. La clé, c’est que j’ai bien su patienter après ma longue blessure au ménisque, survenue lors de la coupe d’Europe à Malaga. Après mon opération du genou, je n’ai pas repris l’entraînement trop tôt. Cela m’a permis de retrouver les pistes sans appréhension. Je me suis arrêtée pendant près de six mois. Dans la tête, ça n’a pas été facile à gérer. Mais j’ai fait ce qu’il fallait à l’entraînement pour retrouver mon niveau.

Racontez-nous ce concours bruxellois...

C’était un meeting consacré uniquement au saut en hauteur, en l’honneur de la belge Tia Hellebaut, championne d’Europe cet été. Les organisateurs souhaitaient inviter dix des meilleures sauteuses en hauteur internationales. Et Tia m’a invité. Cela m’a surpris car je ne la connaissais pas. Curieusement, nous n’avions jamais eu l’occasion de nous croiser sur des meetings. J’étais bien sûr hyper contente de participer à cette compétition. Parmi les meilleures mondiales, il ne manquait que les suédoises. L’ambiance était exceptionnelle, avec un public de feu. Un grand spectacle était même organisé juste avant le concours, ce qui a d’ailleurs posé quelques problèmes lors de l’échauffement.

Et vous terminez à la 4 ème place...

J’ai commencé à 1,80 m. Ensuite, j’ai franchi plusieurs hauteurs au troisième essai. Je suis très satisfaite de ma performance mais je pense avoir manqué de régularité. J’étais encore à la recherche de ma technique. Cela prouve que j’ai encore quelques réglages à effectuer. D’ailleurs, ce concours n’est pas comparable avec celui que j’ai réalisé à Maromme, le 3 février, beaucoup plus abouti même si je me suis arrêtée à 1,93 m. Là-bas, j’ai tout passé au premier essai, excepté 1,93 m. Et lors de mes tentatives à 1,96 m, il ne m’a pas manqué pas grand chose.

Justement, vous flirtez depuis 2005 avec le record de France, tant en salle qu’en plein air, sans réussir à le faire tomber. S’agit-il votre principal objectif cette année ?

Je ne m’inquiète pas. Je sais que ça va venir. La saison a très bien commencé, c’est la meilleure en salle de ma carrière. Ce record, j’ai bien sûr envie de le battre. Mais je ne souhaite pas me limiter à une hauteur précise. Je vois beaucoup plus haut. L’important, c’est de faire partie du très haut niveau international. Je n’aime pas donner de chiffres mais, aujourd’hui, il y a plusieurs filles qui sautent régulièrement 2 m. Je sais que j’en suis capable. C’est juste une question de réglages et d’élan.

Votre beau début de saison indoor est-il dû à des modifications techniques ?

Ma course d’élan n’est plus du tout la même. Elle est beaucoup plus longue. Je voulais la changer car je n’avais pas reculé mes marques depuis plusieurs années. En compétition, ça me faisait drôle de voir des filles partir quatre mètres derrière moi. Cela ne signifie pas que mes performances actuelles sont la conséquence de ce changement. Mais je me sens désormais plus à l’aise.

Le 14 janvier dernier, vous avez couru un 200 m en 26"81 à Vittel. Il est plutôt rare de voir des sauteuses en hauteur s’aventurer sur ce genre de distances...

Rassurez-vous, c’était pour m’amuser. Je ne comptais pas battre les meilleures sprinteuses françaises. A chacun sa spécialité. Et, sur le plan de la préparation, travailler sa vitesse sert toujours dans notre discipline.