100 km du Spiridon Catalan : L’exploit de Pelissier

A peine le temps d’engloutir quelques fruits secs et le Toulousain douche l’enthousiasme ambiant. "Ça n’a rien d’un exploit, s’empresse-t-il de préciser. Mon temps à Millau (dont le relief est plus sélectif) cette année est plus significatif (8h25’10"). Aujourd’hui (ndlr : samedi), j’avais prévu d’arriver entre 8 et 9 heures. Dans les cinq derniers km, les larmes me sont montées aux yeux. C’était bon signe". S’il n’a pas battu le record de l’épreuve toujours détenu par le Belge Marc Vanderlinden (6h52’07"), ce père de trois enfants est un habitué des très longues distances (Transeurope Footrace 4488 km, Spartathlon en Grèce 245 km, Badwater 217 km dans la vallée de la mort aux USA).

"En moyenne, je m’entraîne entre 150 et 200 km par semaine. Et puis vous savez, un 100 km, c’est l’école de la patience. Au départ, j’ai cru participer à un 10 km tellement les coureurs sont partis vite. J’ai su gérer", poursuivait-il en tombant dans les bras de son dauphin, Philippe Herbert de Montelimar (8h25’10"), vainqueur l’an dernier (8h41’), mais 2ème hier. "Je fais 16 minutes de moins que l’an dernier et je bats mon record V2. J’ai fait ma course". Sur la 3ème marche, Alain Grasset (8h39’20"), vainqueur il y a deux ans, complétait le podium d’une épreuve aux allures d’école de l’humilité. N’est-ce pas Henri Giraut qui à 75 ans, bouclait hier son 580ème 100 km ? In extremis

Scène cocasse hier matin. 8 heures sonnent. Le pistolet de Robert Escaro est chargé. Le départ est imminent. Sur la ligne, la meute sautille, s’étire une dernière fois avant de s’élancer vers le grand voyage. Tout à coup, trois portes claquent. Du véhicule d’Ermano Calégari, trois coureurs déplient leurs guiboles. Le temps de jeter leurs affaires dans la salle communale de Baho et hop les voilà partis au milieu du peloton. "Nous avons démarré de Milan vendredi soir et nous devions arriver à Perpignan à 6 heures. Le problème, c’est que le train a pris du retard en Provence", précise Stephano Moltenis du Gimnastica de Côme, tout en allongeant ses premières foulées. Et que dire de cette autre athlète, débarqué de Barcelone, a quelques minutes à peine du départ abandonnant son certificat médical à l’organisation et s’élançant avec les lacets dénoués... "Mais ce n’est pas très grave, c’est aussi ça l’esprit des 100 kilomètres".

102 comme l’an dernier

Si l’an dernier, les candidats aux 100 km se comptaient 54, cette année, bon nombre de coureurs qui s’étaient testés sur le 50 km en 2010 (28) ont souhaité monter un barreau plus haut hier et doubler la mise. Pour preuve, les 69 inscrits hier au graphique de Frédéric Brousse. Corollaire, ils étaient forcément moins nombreux sur le 50 km (17) alors que 4 équipes de relais (5 joggers parcourant 10 km chacun) complétaient le peloton. Soit au final 102 coureurs, comme l’an passé.

Sécurité nocturne

Incontournables "Semelles de Plomb". Après un mois d’octobre XXL (marathon de Berlin, les Templiers, Marseille-Cassis), la bande à Boris Faitg et Amhed Djalout ne pouvait pas manquer l’exotique 100 km du Spiridon Catalan, samedi à Baho. Mais pour une fois, les petits maillots verts (ils étaient 7), assurait la partie nocturne de la sécurité (l’ultime arrivant était attendu vers 3 heures du matin dimanche), "histoire de rendre un peu à ce sport qui nous apporte tant", avouait hier matin Boris Faitg, alors que le jour se frottait à peine les yeux. Des "Semelles" qui ont déjà coché sur papier le calendrier 2012 dont le marathon de Barcelone fin mars, le Canigou début août et la "Saintélyon" en décembre seront les deux principaux objectifs.

* Article publié par Arnaud Hingray