Athlé - Diack : « Doucouré a du potentiel »

Lamine Diack, après les championnats d’Europe 2006 disputés l’été dernier en Suède, la saison 2007 sera marquée par les 11 èmes championnats du monde qui auront lieu du 24 août au 2 septembre à Osaka. Comment se présente cette nouvelle saison ?

Très bien. Les répétitions générales se poursuivent en prévision des jeux olympiques de 2008. Cette année, les championnats du monde juniors nous ont prouvé que les chinois étaient déjà presque prêts. Il faut même freiner leur enthousiasme. Malgré quelques petites erreurs au démarrage, tout s’est finalement très bien passé. Les chinois acceptent d’apprendre et ne se focalisent pas sur la réussite. Ce sont des gens humbles. Les officiels ont été à la hauteur : tout devrait donc très bien se passer à l’avenir.

Lors des championnats d’Europe de Götebörg, disputés en août dernier, l’équipe de France a remporté huit médailles. Où situez-vous aujourd’hui cette formation tricolore dans la hiérarchie mondiale ?

Les français ont prouvé cette année qu’ils étaient très forts. Malgré les blessures et les absences, l’équipe de France a obtenu de bons résultats. Ils ont même remporté la coupe d’Europe des Nations chez les hommes. Pourquoi les américains devraient-ils avoir des stars et pas les français ? Ladji Doucouré, par exemple, est un jeune athlète certes, mais il est déja très performant. Non, vraiment, la France a un bel avenir dans l’athlétisme.

Vous parliez de stars à l’instant. Après la retraite d’Hicham El Guerrouj ou la suspension de Marion Jones par exemple, qui sont pour vous les stars de demain ?

Nous venons d’en citer une. Ladji Doucouré est une star. Il est déjà champion du monde et a vraiment le potentiel pour réussir des grandes performances à l’avenir. Dans la même discipline, il y a aussi le chinois Liu Xiang qui a battu le record du monde du 110 m haies cette saison à Lausanne (12"88). Certes, ces deux athlètes n’ont pas remplacé El Guerrouj mais ils sont encore très jeunes. Dans le même esprit, les deux américains Xavier Carter et Tyson Gay sont aussi d’excellents compétiteurs. Ils sont tous les deux passés sous la barre des 20" cette année (19"63 et 19"68) et sont les seuls à se rapprocher régulièrement du record de Michael Johnson. Et il y a Asafa Powell bien sûr, l’athlète de l’année.

Et chez les femmes ?

Comment ne pas citer Sonia Richards qui a tout gagné sur 400 m. Elle est aussi très jeune et commence même à doubler ses courses en s’alignant sur le 200 m. Elle me fait penser à Marie-José Pérec en son temps qui n’arrivait pas à choisir entre le 100 m, le 200 m, le 400 m et le 400 m haies tellement elle était forte.

Tous ces athlètes sont très jeunes. Seront-ils capables de tenir sur la durée ?

Pourquoi pas ? Si un jeune éclate à l’âge de 10-12 ans et qu’il se maintient par la suite, il a tout pour faire une grande carrière.

Parlons à présent du dopage. Que doit-on faire pour faire enlever toutes suspicions de dopage lorsqu’un athlète réalise un grand résultat ?

Il faut harmoniser les réglementations et les sanctions pour toutes les fédérations. Jusqu’en 1957, la première suspension pour un athlète contrôlé positif était de quatre ans. Aujourd’hui, on est arrivé à se mettre d’accord pour une suspension harmonisée de deux ans. L’IAAF a également organisé un symposium sur le dopage en octobre dernier à Lausanne, au cours duquel 2000 participants ont assisté. Les fédérations, des scientifiques et des athlètes tels que Stéphane Diagana, Paula Ratcliffe ou Debbie Ferguson se sont exprimés. Ce colloque a été extrêmement bénéfique pour l’athlétisme.

Et la convention adoptée devant l’UNESCO...

Oui, il y a également cette convention ratifiée aujourd’hui par 24 pays. Mais il nous manque encore six signatures. Parce que cette convention n’est applicable qu’avec l’accord de 30 pays. La France, les Etats-Unis, la Russie, l’Italie ou l’Allemagne ne l’ont pas encore signé par exemple.

Pourquoi ?

Demandez-leur ! Il y a sans doute certains articles qui ne leur conviennent pas. En tout cas, on continue de travailler avec les athlètes, qui, je dois dire, se montrent très motivés. Et j’espère vraiment que les gouvernements nous aideront plus à l’avenir.

Que doit-on vous souhaiter pour l’avenir ?

Que l’athlétisme ne fasse plus la une des journaux avec le dopage ! Car c’est terrible d’entendre parler de son sport uniquement pour des faits divers et non pas pour des performances. Sur 2000 tests effectués dans l’année 2006, une centaine seulement ont été déclarés posififs. Cela représente donc une infime minorité ».