Athlé - Poids : 20 sur 20 pour Gaëtan Bucki

Apres une telle performance, la nuit a du être longue ?

Pas spécialement. Je travaillais lundi matin. J’ai donc été relativement sage. En revanche, depuis ce matin, ça n’arrête pas. Mon employeur m’a même quasiment donné l’ordre de rentrer chez moi. La sonnerie de mon téléphone les dérangeait. Mais je ne vais pas m’en plaindre, bien au contraire. Pour une discipline peu médiatisée comme le poids, les sollicitations sont toujours les bienvenues. C’est rare donc j’en profite au maximum.

Vous attendiez-vous à lancer aussi loin, aussi tôt dans la saison ?

On espère toujours réaliser un lancer comme celui-là, à partir du moment ou l’on participe à un concours. Pour ma première sortie hivernale, sur la même aire de lancer, j’avais fais un zéro pointé. C’était le 23 décembre dernier. J’ai donc gagné vingt mètres en à peine trois semaines, ce qui est tout simplement exceptionnel. Plus sérieusement, je me sentais en bonne forme. J’avais réussi à éviter les pépins physiques qui avaient freiné ma progression lors des deux dernières années. Depuis ma reprise de l’entraînement, au mois d’octobre, je réalisais de bonnes séances, surtout au niveau technique. Mes lacunes sur la pose de mon pied gauche, qui occasionnait un manque de puissance rédhibitoire, se sont peu à peu effacées. S’il y a eu un déclic, il s’est fait à l’usure. Lundi dernier, j’ai senti que je commençais à bien appréhender mon mouvement. Je me savais bien.

Au point de faire tomber le plus vieux record de l’athlétisme français en salle ?

J’étais venu pour retrouver le rythme de la compétition, pour jauger de mes progrès. Et pan ! Je fais mieux que ça, je tape le record de France. Cela représente énormément de choses pour moi, même si je n’ai pas, personnellement, beaucoup connu Yves Brouzet. Au moment où j’intégrais l’équipe de France de lancer, lui quittait l’encadrement technique. Mais il reste un grand monsieur. Je me souviens l’avoir croisé, peu de temps avant son décès, au critérium européen de lancer. Avec sa gouaille de sudiste, il m’avait dit : « Toi, petit, tu iras loin ». Cela m’avais motivé, un truc de dingue. J’ai immédiatement pensé à lui quand j’ai appris le résultat. Lui qui souhaitait plus que personne de voir son record battu, d’enfin pouvoir trouver un successeur. C’était ça, Brouzet. Il aurait été le plus heureux de voir son record tomber. Il aimait le poids plus que tout. C’est pour moi une grande fierté que de m’inscrire dans sa lignée.

Avec ce record, vos ambitions estivales sont t-elles revues à la hausse ?

Je m’étais dis que si je réalisais une bonne performance à Lille, je ne reprendrais la compétition qu’à l’occasion des championnats de France de Clermont. Donc jusqu’aux « France », je vais m’entraîner, peaufiner mes nouvelles sensations techniques au niveau de mon pied gauche. Ma performance ne change rien à mes objectifs sur le plan international. Je vise une qualification pour les finales européennes et mondiales. Il faut à tout prix que j’acquière de l’expérience en vue des jeux olympiques. Je ne peux pas espérer aller faire une performance aux jeux si je n’ai même pas sur mon palmarès une qualification pour une finale de championnats du Monde. Mais attention, mes vingt mètres ne sont pas un gage de réussite lors des prochaines échéances. Il me faut continuer à travailler et à aborder les concours avec l’envie de tout croquer. Cette année, j’ai quitté mon costume de Pierre Richard. Pour la première fois, j’arrive frais, sans aucun bobo. A moi d’en profiter.