Marathon France, Calendrier, Résultat & Actualité
vous etes ici : Accueil » Athlétisme » Teddy Tamgho : « Beaucoup plus fort que l’an dernier »

Teddy Tamgho : « Beaucoup plus fort que l’an dernier »

Publié le samedi 7 février 2009 à 05h25min

Il aime faire le spectacle en compétition, propose quelques secondes de rap en guise de messagerie téléphonique et ne passe jamais inaperçu avec ses boucles d’oreilles et ses chaussettes longues. Mais Teddy Tamgho, ce n’est pas que du show. Le triple sauteur du CA Montreuil 93, qui passera son Baccalauréat Economique et Social dans quelques mois, est un perfectionniste.

Il porte un regard lucide et pointu sur son parcours, sa technique et son avenir. Pas question de s’enflammer quelques jours après avoir battu à Mondeville, le 31 janvier, le record de France espoirs du triple saut avec 17,37 m. Les 17,59 m de Pierre Camara, meilleure marque française en salle de tous les temps, sont déjà dans son viseur. La preuve que son départ pour une année à Boulouris est déjà en train de porter ses fruits. Aux côtés de Laurence Bily, le champion du monde junior en titre a amélioré considérablement sa technique de course. Toujours suivi à distance par Jean-Hervé Stievenart, Teddy Tamgho entraîne toute une vague de jeunes « tripleux » talentueux dans son sillage. Interview.

Teddy, vous avez battu votre record personnel à Mondeville pour votre compétition de rentrée. Et pourtant, vous sembliez presque un peu déçu à l’issue du concours. Pourquoi ?

A l’entraînement, avec Laurence Bily, on a beaucoup travaillé la vitesse et le physique. J’avais remarqué avant la compétition que ma reprise après chaque saut était bien meilleure qu’avant et que j’étais beaucoup plus fort que l’été dernier. Je m’attendais donc à sauter à 17,50 m, 17,60 m. Mais je ne crache pas pour autant sur mes 17,37 m.

Que vous a-t-il manqué pour aller plus loin en Normandie ?

Avant d’aller chercher une performance, il faut accepter de se lâcher. A Mondeville, il y a un saut où je suis en déséquilibre à la reprise du cloche. Je retombe tout de même à douze mètres après le deuxième bond. Mais je ne finis pas mon saut par manque d’engagement. Il faut que je m’applique plus et que je gagne en engagement au fil des concours. Je ne me fixe pas de limites en termes de performances. Mon objectif, c’est de faire sauter le plus vite possible le record de Pierre Camara (ndlr : 17,59 m).

Comment vous êtes-vous senti lors de vos trois sauts à plus de 17 m ?

J’avais un sentiment d’incertitude pendant le concours, ce qui a provoqué une certaine retenue. Mais le point positif, c’est que j’avais les mêmes sensations sur mes sauts à plus de 17 m que sur mes sauts à 16,50 m de l’an dernier. En 2008, je m’entraînais encore comme un junior. Je faisais surtout du renforcement et de la musculation préventive. Stieve (Jean-Hervé Stievenart, son entraîneur à l’Insep) faisait attention par rapport à mon âge. Maintenant, les séances sont beaucoup plus consistantes. En plus, je ne peux plus m’entraîner deux fois par jour comme l’an dernier à cause de mon emploi du temps. Donc j’effectue un gros entraînement quotidien.

Laurence Bily est avant tout une spécialiste du sprint. Que vous a-t-elle apporté depuis que vous l’avez rejointe à Boulouris ?

Je peux désormais utiliser toute ma vitesse. Laurence est très à cheval sur ma technique de course. On répète beaucoup tous les mouvements. Du coup, je me sens beaucoup plus disponible que l’an dernier au cours de ma course d’élan. En junior 1, j’ai réalisé 10"83 sur 100 m. Mais ce n’est pas significatif. Au triple saut, c’est la vitesse à l’approche de la planche d’appel qui est importante. En Pologne, lors des Mondiaux juniors, Stieve m’a chronométré en 11,33 m/s sur les dix derniers mètres. Aujourd’hui, je pense que je suis facilement à 11,50 m/s.

Ne plus avoir à l’entraînement l’œil d’un spécialiste du triple saut est-il un handicap ?

Laurence connaît les points généraux de la discipline, la maîtrise du saut. Elle sait quand je suis dans les temps ou non. Elle fait bien son boulot. On a même mis de nouvelles choses en place sur le plan technique. Stieve donne mon programme à Laurence. Ensuite, cette dernière lui fait, tout comme moi, un compte-rendu. J’essaye d’écouter beaucoup mon corps. Je me connais. Avec Laurence, je sens tout de suite, lors de mes sauts, si j’ai réalisé ou non l’intention qui m’était demandée.

A l’Insep, vous apparteniez à un groupe de triple sauteurs de très haut niveau, avec une très forte émulation. Ça ne vous manque pas trop ?

A Boulouris, je m’entraîne avec Olivier Huet, le champion d’Europe junior à la longueur en 2007. On se tire la bourre, on se lance sans cesse de petits défis. J’ai bien sûr apprécié le stage en Afrique du Sud en janvier avec tous les tripleux. Mais l’avantage, quand on est seul, c’est qu’on progresse à son rythme. Au sein d’un groupe, le jour où l’on est fatigué, on peut avoir tendance à en faire trop pour suivre ses camarades d’entraînement.

Et sur le plan de l’adaptation, quitter Paris n’a pas été trop dur ?

La seule différence avec l’Ile-de-France, c’est qu’ici, à Boulouris, même quand il pleut il ne fait pas froid ! Sinon, tout est pareil. Sur le plan scolaire, je suis en Terminale ES (Economique et Sociale). Je suis loin de mes amis et de ma famille mais j’ai déjà fait beaucoup de connaissances. Je me suis adapté assez vite.

Jusqu’à avoir envie de rester dans le sud ces prochaines années ?

Je reviendrai à l’Insep l’an prochain avec Jean-Hervé Stievenart. J’espère que je serai accompagné de Laurence. Je pense qu’elle n’aimerait pas, tout comme moi, que notre collaboration se finisse comme ça, au bout d’une année.

En 2008, vous êtes passé tout près d’une qualification aux Jeux olympiques (ndlr : Teddy Tamgho a réalisé les minima le 29 juillet, soit trois jours après la date limite). Pas trop dur à encaisser ?

Sur le coup, j’ai eu du mal à m’en remettre. Mais, ensuite, j’ai très vite tourné la page. J’ai suivi les JO à la télévision. Je peux le dire maintenant, avec Stieve, on visait 17,60 m, 17,70 m aux Jeux. Je pense que j’aurais pu jouer la victoire ou au moins le podium. J’espérais quelque chose de très fort. Finalement, je me suis dit : « L’an prochain, tu gagneras à Berlin ». Je prends les choses qui me font mal pour m’en servir plus tard.

Avant Berlin, il y a la suite de la saison en salle avec, pour commencer, le Meeting SEAT le 13 février à Bercy…

Il y aura les Cubains Sands et Giralt, Fuentes, le champion du Monde cadet 2005, les Français Colomba Fofana et Jules Lechanga... Il faudra gagner là-bas. C’est sûr que ça va aller loin. Mes amis et les gens de mon quartier seront dans les tribunes. Je veux faire quelque chose pour eux. Il y aura une sacrée ambiance, une sacrée claque. Et plus il y a de monde, plus je suis motivé !

Que viserez-vous aux Championnats d’Europe indoor (à Turin, du 6 au 9 mars) ?

Même avec 17,37 m, je ne me sens pas à l’abri. Ma qualification n’est pas acquise. Colomba Fofana, Jules Lechanga et Karl Taillepierre peuvent sortir une très grosse perf. Il faudra aller gagner sa place. Benjamin Compaoré s’est malheureusement blessé à Metz. C’est la grosse déception. En Afrique du Sud, on était kif-kif à l’entraînement. Si je gagnais un exercice de pentabond, il était ensuite devant au décabond. D’ailleurs, s’il avait été présent à Mondeville, je pense que le record de France de Pierre Camara aurait été battu.

La bagarre sera également intense pour aller à Berlin…

L’an dernier, cinq sauteurs français ont sauté au-delà des 17 m. C’est la plus grosse densité au monde. Il va falloir se battre pour avoir sa place. Avec Jules et Benjamin, on forme un sacré trio. D’ailleurs, je n’oublie pas les Championnats d’Europe espoirs (à Kaunas en Lituanie, du 16 au 19 juillet). On peut réaliser le triplé avec Louis-Grégory Occin. Ce serait historique.

* Propos recueillis par Florian Gaudin-Winer


Voir en ligne : FFA

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

Dans la même rubrique

Mondiaux en salle : Marie-Julie Bonnin championne du...
La zimbabwéenne Kirsty Coventry, 1ère femme présidente du...
Euro d’athlétisme en salle : Agathe Guillemot titrée sur...
All Star Perche : RM pour Armand Duplantis
Meeting indoor de Boston : RM pour Grant Fisher, RE pour...
Meeting en salle de Liévin : RM en salle pour Jakob...
Meeting de Düsseldorf : Grande première au saut en longueur

Rechercher


Actu. Marathons

Kigali Peace Marathon : Laban Korir et Teresiah Omosa...
Castle Run Séries Marathon : Victoires pour Rodolphe...
Marathon du Lac du Der : Julien Huard et Mathilde Reteau...
Marathon de la Bière : Succès pour Toni Caporale et...
Courir Paris à pleine vitesse : L’expérience totale de...
Comrades Marathon : L’ultramarathon légendaire qui unit...
Live Marathon

Actu. Santé & Conseils

L’après marathon : Ce que le corps encaisse vraiment et...
Marathon et bien-être : Comment préparer son corps et son...
Marathon et cerveau : quand la myéline s’efface pour...
Vitamine K : L’alliée méconnue de vos artères
Malbouffe : Le piège moderne qui nous guette
Course à pied : État des lieux, risques et prévention
Régime cétogène ou Low Carb : est-ce efficace ?

Articles les plus lus

Calendrier des Marathons de France
Marathon de Paris
Calendrier des Marathons du Monde
Semi-Marathon de Paris
Marathon de la Mer
Classement 2023 des marathons français par affluence
Marathon de Rome