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Accros au marathon


Publié le mercredi 26 octobre 2011 à 12h54min

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Dépassement de soi, goût du défi, culte du corps et manière inédite de voyager... les valeurs de cette course mythique séduisent une nouvelle génération de sportifs, mais pas seulement.




Tapez "marathon" sur un moteur de recherche : vous obtenez 71400000 résultats, à savoir beaucoup plus que le nombre de lecteurs sérieusement envisageable, et tout ça en 0,27 seconde, donc au quart de tour, le temps de faire au mieux 1 mètre, voire 1,50 mètre en courant. Les premiers mots de Marathon(s), beau livre illustré d’une centaine de photos d’archives, qui vient de paraître au Seuil, donnent une idée de la fascination qu’exerce la discipline.

Son auteur, Bernard Chambaz, prof, romancier et fou de défis (il vient de traverser les Etats-Unis à bicyclette), rappelle ce qui fait courir les hommes depuis l’Antiquité : "C’est le mythe à portée de main, enfin, de pied ! C’est un précipité de vie, un reflet de la vie, mais en accéléré".

Des marathoniens portés par un mythe

Il y a de fortes chances que vous ayez dans votre entourage au moins un(e) marathonien(ne). Cette race en expansion d’hommes et de femmes que vous croisez, corps secs et minishorts, courant inlassablement sous la bruine de novembre, sans une esquisse de rictus, quand vous peinez à faire un tour d’échauffement sans défaillir. Ils sont portés par le mythe, certes, mais surtout par le goût du challenge. "Tu l’as fait en combien ?" est toujours l’entrée en matière d’une conversation marathonienne. Si c’est en moins de quatre heures, ça commence à être sérieux. Au-delà de cinq, c’est carrément pathétique.

"Il y a un plaisir arithmétique à rêver aux secondes que l’on va gagner", confirme Bernard Chambaz. Décuplé par le fait que l’on sait que l’on devient meilleur avec le temps ; la maturité d’un marathonien bien entraîné se situe en effet autour de 40 ans. Un âge où les femmes, notamment, commencent à s’inquiéter des effets du temps qui passe. Or, un corps qui court vieillit mieux qu’un corps statique. Et puis, comme le reconnaît volontiers Valérie Frydman, médecin, la petite cinquantaine, "la course a un côté addictif. Il a fallu que je me blesse en courant pour faire une pause, contrainte. Mais je ne deviens pas raisonnable pour autant. La course est le meilleur des antidépresseurs". C’est une drogue, sans doute, mais c’est également un combat psychologique. Ils sont tous d’accord, ces piqués de l’endurance : la moitié du travail, c’est dans la tête. "Il faut de l’humilité et de la constance", explique Karen Bastien, marathonienne trentenaire, avant d’ajouter : "La douleur peut être extrême, mais quelle joie, quelle satisfaction quand la tête prend le dessus sur le corps !"

Car de la souffrance, aucun ne nie qu’il y en a, et beaucoup. Pour autant, tous sans exception évoquent des moments d’une intensité incroyable. Des images qui restent, poétiques, de course au crépuscule, de foule en délire, comme à New York, où la ville entière vibre à l’unisson le temps d’un marathon. De coureurs unis dans un objectif commun, foule formidable de vieux, de jeunes, de Noirs, de Blancs, de Nike dernier cri et de baskets pourries. Ils ne se parlent pas mais ils partagent le même moment, se sourient, se tapent dans le dos. Dans une époque ultra-individualiste, c’est un bastion de résistance collective qui donne de l’espoir. Avec humour, Bernard Chambaz raconte : "Au quarantième kilomètre, je rattrape un athlète sublime, sosie de Carl Lewis, une statue vivante. Vous imaginez mon exaltation. 100 mètres plus loin, on me dépasse : c’est un petit vieux, chauve ! Ça remet les choses à leur place". La course, enfin, c’est une géographie réinventée, un univers que l’on s’approprie : une paire de baskets, un short, il n’en faut pas plus pour arpenter une ville, avaler un paysage. N’importe où dans le monde, on peut courir, et ainsi découvrir.

- "J’ai monté ma boîte dans ma tête pendant que je courais". Elodie Bernascon-Bonnin, 35 ans, chef d’entreprise.

A l’origine : "Le sport, c’est ma passion, mais je détestais la course ! Je vivais en Angleterre, j’avais pris 8 kilos, donc il a fallu agir. J’ai commencé à courir en famille et j’y ai pris goût au point que je ne pourrais plus m’en passer".

Pourquoi je cours ? "J’aime pousser mes limites, aller toujours plus loin. Et j’en ai un besoin physique et psychique. C’est bête à dire, mais ça évite de prendre du poids, et comme je suis plutôt gourmande, c’est indispensable. Je fais le tri entre les bonnes et les mauvaises idées : je n’aurais jamais créé mon entreprise si je n’avais pas couru. Et enfin, tous mes potes courent avec moi et, comme on parle en courant, c’est génial".

Mode d’emploi : "Trois fois par semaine (deux fois le soir et une fois le week-end), entre 10 et 20 kilomètres".

Mon marathon : "J’ai déjà couru cinq fois le marathon de Paris. Etre marathonien, c’est un truc de fou, ça vous définit en tant qu’individu. Mon meilleur temps ? 3h17’, au mois d’avril dernier. Faire 3 heures, ce serait formidable, mais c’est compliqué".

Signe particulier : "Je voudrais courir le Marathon des sables, 280 kilomètres dans le désert, en six jours".

- "Ça m’évite d’aller chez le psy !". Mélanie Kah, 32 ans, comédienne et animatrice radio.

A l’origine : "J’ai toujours été sportive, j’ai fait de la gym de haut niveau et beaucoup de danse. Je suis quelqu’un de rigoureux ; donc, quand j’ai commencé à courir, ça a été avec régularité. Ma révélation, je l’ai eue lors des 10 kilomètres de La Grande-Motte".

Pourquoi je cours ? "Parce que ça crée des moments forts avec mon père, grand coureur lui-même, que ça me permet de m’évader, de tout relativiser et d’aborder la vie avec plus de sérénité. Ensuite, j’ai l’esprit de compétition, j’aime le challenge soft et collectif".

Mode d’emploi : "Trois fois par semaine, toujours la même boucle, entre 10 et 15 kilomètres".

Mon marathon : "Je ne l’ai pas encore couru ! Je me suis inscrite pour mon premier marathon de Paris, en 2012 ; j’ai déjà mon numéro de dossard. J’aimerais faire un temps de 4h02’. Mais 3h58’, ce serait vraiment mieux. En tout cas, à 4h15’, je serais super énervée. Je pressens que ça va être génial ; je vais voir Paris comme je ne l’ai jamais vue. Après, je suis sûre que je vais m’inscrire au marathon de New York".

Signe particulier : "Quand je vois un couple de vieux qui se tiennent la main au moment de la ligne d’arrivée, je suis émue aux larmes, moi qui pleure très rarement dans la vie".

- "On court pour savoir ce que l’on vaut". Hervé Borne, 39 ans, journaliste.

A l’origine : "Je vivais aux Etats-Unis, où le jogging est quasiment une religion. Je m’y suis mis et, rapidement, je me suis aperçu que je n’étais pas mauvais. Le marathon a une dimension mythique ; donc, je me suis lancé le défi, histoire de voir si j’en serais capable".

Pourquoi je cours ? "Parce que j’aime me prouver que je peux y arriver. Je suis hypercompétitif. Le paradoxe, c’est qu’il y a une ambiance géniale quand on court un marathon (toute la ville est derrière vous), et pourtant, moi, je suis très individualiste : je n’ai pas d’empathie si on tombe devant moi..."

Mode d’emploi : "En période d’entraînement, je cours avec un coach, quatre fois par semaine, 15 kilomètres".

Mon marathon : "J’ai été extrêmement ému après le marathon de New York. J’ai aussi couru ceux de Paris et du Médoc. Mon meilleur temps : 3h29’, à Berlin".

Signe particulier : "J’embarque tout le monde avec moi, famille et amis, quand je cours un marathon à l’étranger".

* Article publié par Elvira Masson


Voir en ligne : L’express

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