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Quand le marathon devient facteur de mort


Publié le mardi 9 octobre 2007 à 14h36min

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Triste palmarès pour le marathon de Chicago : un mort, 350 coureurs hospitalisés. Sous une chaleur caniculaire, les organisateurs ont donné le départ de la course dimanche matin, avant de tenter de l’interrompre au milieu du parcours. Mesure ignorée par des milliers de concurrents, qui ont continué de courir par 31 degrés et 86 % d’humidité avant de s’écrouler sur l’asphalte.




« Ce n’est pas normal, tempête Olivier Baldacchino. J’espère que la famille de la victime va poursuivre les organisateurs ! Ils savent que dans de telles conditions, ils envoient les gens au casse-pipe ». L’entraîneur genevois prépare de nombreux adeptes des marathons. Il leur déconseille de prendre le départ si la température dépasse les 25 degrés. « Le marathon est déjà une course particulière, dont l’intensité de l’effort est à la limite du raisonnable. Mais dans ces conditions, ça devient dangereux et la performance ne sera de toute façon pas au rendez-vous ».

Les trois quarts de l’énergie fournie par la contraction des muscles se transforment en chaleur, explique Olivier Baldacchino. Cette chaleur s’élimine grâce aux contacts entre le corps et l’extérieur. S’il fait trop chaud, la température corporelle monte dangereusement. « Le problème s’est déjà présenté au mois d’avril, au marathon de Rotterdam. Les organisateurs ont voulu interrompre la course à cause de la chaleur mais n’ont pas réussi. Une personne a fait un malaise juste après l’arrivée. Sa température corporelle était de 39,5 degrés ». Difficile de stopper des coureurs en plein effort. Ils se sont entraînés durement pour ce défi sportif et ont parfois fait un long voyage afin de se rendre à New York ou Chicago.

Hydratation excessive

Finn Mahler est responsable du service de médecine du sport à l’Hôpital de la Tour, à Genève : « En marathon, il y a en moyenne un décès pour 200000 participants. Essentiellement parce que des personnes ont déjà des problèmes cardiaques et que la course est un déclencheur. La mort d’une personne n’est donc pas significative, même si elle est tragique. En revanche, il n’est pas normal que 350 athlètes doivent se faire hospitaliser ». Les effets des conditions climatiques sur l’être humain se calculent au moyen d’un indicateur nommé « wet bulb globe temperature » (WBGT), qui prend en compte l’humidité, le rayonnement solaire et la température ambiante. Un sportif ne court pas de risque particulier si la valeur se situe entre 4 et 15. « Je ne peux pas imaginer qu’aux Etats-Unis, ils aient donné le départ d’un marathon alors que le WBGT dépassait 15, explique Finn Mahler. Cette valeur a dû être atteinte en cours de course. Je ne sais pas s’ils auraient pu le prévoir, mais ils ont probablement compté un peu trop sur une chance de voir la météo changer ».

Selon le médecin, la cause principale de malaise chez les marathoniens amateurs est l’hyponatrémie, soit un manque de sel dans l’organisme dû à une hydratation excessive. A force de s’entendre dire qu’il faut boire beaucoup, les coureurs auraient tendance à se jeter sur tous les stands de ravitaillement.
« Si c’est une hyperthermie qui est la cause de l’hospitalisation des coureurs, cela relève de la responsabilité des organisateurs, objecte Finn Mahler. Ils doivent garantir la sécurité des concurrents. Il est normal que des sportifs qui se sont entraînés dans ce but ne veuillent pas interrompre la course ». Toutes les causes d’hospitalisation des marathoniens de Chicago ne sont pas connues, mais des médecins ont déclaré au New York Times avoir vu arriver des patients dont la température corporelle dépassait les 41 degrés. Le cafouillage sportif se transformera-t-il en affaire juridique ?

Rien à craindre à Pékin ?

Les conditions climatiques du marathon de Chicago et leurs conséquences font craindre le pire pour les Jeux olympiques de Pékin, qui se dérouleront dans un climat tropical. « Les risques sont moindres car un sportif très entraîné supporte mieux la chaleur, objecte Finn Mahler. De plus ces sportifs se connaissent mieux et sont plus rapides. Ils vont courir deux heures dans la canicule quand un coureur amateur y passera quatre heures ».


Voir en ligne : Le Temps

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