Championnats du Monde Juniors à Pékin : Un exploit si mal récompensé
Publié le samedi 19 août 2006 à 00h00min
Médaillée de bronze jusqu’aux derniers instants du concours de la longueur, après avoir battu cinq fois son record en finale, Charlène Quernel a bien failli offrir à la France sa première médaille lors des Mondiaux juniors de Pékin. Mais les Bleuets ont encore quelques belles cartes à jouer, dimanche, avant la clôture des championnats.
Au cinquième soir d’épreuve, dans le parc des sports de Chaoyang, à la bordure est de Pékin, la France n’a toujours pas remporté de médaille. Mais personne ne saura en tenir grief à Charlène Quernel. En finale de la longueur, la jeune Française a réalisé le genre d’exploit qui n’arrive pas souvent dans une carrière : battre cinq fois de suite son record personnel de plus de quinze centimètres dans un même concours. Solidement installée sur le podium jusqu’aux tous derniers essais, la Française a dû céder sa troisième place sur le fil, tout en se retrouvant à neuf centimètres seulement du titre de championne du monde... Vous avez dit frustrant ? Rageant, même, quand on sait le déroulé de l’épreuve. Après une première tentative mordue, la Bleuette, dans un vent nul du début à la fin du concours, retombait à 6,30 m, puis 6,37 m. Son record en plein air, avant cette date, plafonnait à 6,11 m... Alors ancrée sur le podium, elle aurait pu se contenter de regarder ses adversaires tenter en vain de la rejoindre. Seules la Trinidadienne Rhonda Watkins (6,46) et la Chinoise Yuan Zhang (6,41) la devançaient. Mais la jeune Française ne voulait pas en rester là. 6,29 m, 6,31 m... Elle pouvait penser, un temps, que son deuxième meilleur essai lui permettrait de garder la médaille autour du cou, lorsque la Néo-Zélandaise Jessica Penney retombait, elle aussi, à 6,37 m. Las... Sur son ultime tentative, l’avant-dernière concurrente à pouvoir la priver du bronze, l’Allemande Anika Leipold, creusait le sable à 6,42 m. La jeune sauteuse de Cergy se retrouvait 4e. En choisissant de se réjouir de ces progrès plutôt que de pleurer sur son sort. Manuèla Galtier, après trois essais mordus, avait quitté la finale depuis un moment déjà.
La France, donc, a vu passer une médaille qui lui tendait les bras. Mais, en guise de consolation, elle n’a pas perdu l’une de ses meilleures chances de débloquer enfin son compteur, demain, pour la dernière journée des épreuves. Ce qui, à bien y regarder, tient quelque peu du miracle. Dans les starts de sa série du 110 m haies (haies à 99 cm), la troisième, Samuel Coco-Viloin a longtemps hésité à partir. La faute à un concurrent qui, près de lui, avait tellement bougé avant de s’élancer que le starter, pensait le Français, allait forcément le rappeler. Tout faux. Le temps de voir ses petits camarades filer sans lui, le hurdleur d’Ouest Yvelines voyait s’envoler, ou presque, ses rêves de finale. La remontée n’en fut que plus belle. Un par un, Coco-Viloin reprenait ses adversaires, jusqu’à passer en tête avant la 7e haie. Il se permettait même de relâcher sur la fin une fois la victoire acquise. Avec 13’’63 (deuxième temps des séries derrière le Polonais Artur Noga, en 13’’43) au compteur malgré un temps de réaction de 0’’276 et un vent de face de 0,4 m/s, le Français peut se dire qu’il a décidément un très beau coup à jouer en finale. Il y sera malheureusement le seul Tricolore. Stevy Telliam, 5e de la première série en 14’’03 (-1,4) était trop loin pour espérer se glisser parmi les huit premiers.
Autre chance de médaille qui s’est dessinée sur la piste brûlante de Chaoyang, en fin de matinée : celle du relais 4x100 m féminin. Premières de leur série en 44’’02, mesdemoiselles Danois, Gaydu, Baflan et Distel ont fait belle impression. Au point qu’elles entreront demain en finale avec le deuxième temps des séries, derrière les Américaines (43’’67), qui ont battu au début du mois le record du monde, et devant la Grande-Bretagne (44’’33). Les garçons, de leur côté, ont amélioré d’une seconde leur record de la saison, pour le porter à 40’’16. Ce ne fut pas suffisant. 4e de leur série, 11e temps d’un classement dominé par la Jamaïque (39’’18), ils n’auront pas droit à un dernier tour de piste.
huit premiers, afin d’endosser le statut de finaliste. Mais les choses sérieuses n’allaient commencer qu’à 5,20 m, à un centimètre du record du Clermontois. La hauteur même ou celui-ci allait bloquer, après avoir franchi 5,10 m, pour en rester à la treizième place (sur quinze garçons en finale).
Autre finaliste déçu, Vincent Chapuis. Le steepleur, impérial en série, où il avait fracassé son record en s’emparant de la troisième place, nourrissait de grosses ambitions, qui lorgnaient du côté du record de France et d’une place de finaliste. Mais difficile de maîtriser le cours des choses lorsqu’on est embarqué dans une course que les Kenyans eurent le mauvais goût d’emmener sur des bases inouïes pour des juniors. Derrière les 8’14’’ du vainqueur, Chapuis terminait 12e en 8’55’’10.
Déception, également, pour le 4x400 m féminin. Malgré le 8e temps des deux séries, le quatuor tricolore, formé d’une demi-fondeuse (Sabattini), de deux spécialistes de 400 m haies (Augé et Denis) et d’une seule coureuse de 400 m (Lacordelle), passait à la trappe pour être tombé dans la série la plus relevée, dont les filles terminaient 6e en 3’39’’28. Pas plus de chance pour les garçons. Dans des séries du 4x400 m hétéroclites, ils s’en sortaient avec le neuvième temps global, laissant derrière eux la Jamaïque, toutefois qualifiée à la place dans une autre course... Messieurs Décimus, François, Biron et Fonsat n’auront donc pas l’occasion de prendre une revanche sur leurs désillusions chinoises en s’offrant une finale mondiale.
Yasmina Omrani, elle non plus, ne sera pas finaliste mondiale chez les juniors. Une consolation pour l’heptathlète : elle a su, au fil de la deuxième journée, aller chercher les ressources nécessaires pour battre son record personnel, porté de 5333 à 5376 points. Un record personnel à la longueur (5,89 m) et au javelot (35,69 m) auront compensé une petite baisse de régime sur la fin du 800 m (2’20’’59). La voilà 11e au classement général.
Le reste de la journée ? Il aura été marqué, entre autres, par deux doublés. Ceux des Chinois Xiangdong Bo (42’’50) et Hong Liu (45’12) sur 10 000 mètres marche hommes et femmes, et des Kenyanes Veronica Wanjiru (9’02’’90) et Pauline Korikwiang (9’05’’21) sur 3000 m dans une course tactique. Mais le haut fait de la journée est venu du sautoir à la perche. D’abord parce que le duel entre le Chinois Yansheng Yang (deuxième avec 5,54 m) et l’Argentin German Chiaraviglio aura comblé d’aise le public asiatique. Mais surtout parce que le second se sera finalement envolé à 5,71 m (record de la compétition) avant de manquer 5,81 - un centimètre de mieux que le record du monde junior de Maksim Tarasov. En voilà un qui a de beaux jours devant lui. La France, elle, a dans sa ligne de mire une journée qui sera belle si elle parvient à concrétiser les quelques sérieux espoirs de médaille dont elle dispose encore.
Heptathlon Longueur : Yasmina OMARANI : 8. 5m40 - 5m70 - 5m89 816 pts- 3958 pts, 13è après 5 épreuves
Après un saut assuré à 30,2 cm de la plasticine Yasmina améliore sa meilleure marque de l’année sur sa seconde tentative en restant néanmoins à 20 cm de la plasticine pour finir avec un nouveau record personnel en prenant la marque à 2mm près.
Relais 4 x 100 m Femmes, série 1 couloir 7 - 2 premiers + 2 m.t. qualifiées pour la finale : 1. 44"02 (Danois, Gaydu, Baflan, Distel) Qualifiées
La série sera très difficile puisque nous nous retrouvons avec l’Allemagne, la Chine, la Finlande, l’Espagne notamment.
Victoire avec plus d’une seconde sur les chinoises deuxièmes.
L’équipe de France a donc le 2è temps des qualification. Nous noterons l’absence des allemandes pour la finale de demain.
Relais 4 x 100 m Hommes, série 3 couloir 8 - 2 premiers + 2 m.t. qualifiés pour la finale : 4. 40"16 (Lesourd, Mubayi, Adalbert, Nubret) 11 è temps des qualifs.
Nous retrouverons la Jamaïque, la Grande Bretagne et le Nigéria.
Meilleur temps pour la Jamaïque (39"18) suivie des anglais (39"30) et des américains (39"50).
110m Haies (0,99cm) : les 2 premiers + les meilleurs temps qualifiés pour la finale :
Stevy TELLIAM, demie 1, couloir 7 : 5. 14"03 -1,3 m/s
Samuel COCO-VILOIN, demie 3, couloir 5 : 1. 13"63 -0,4 m/s Qualifié
Perche Hommes : Loïc MARTINOT : 13. 4m90 O - 5m10 O - 5m20 XXX
Le concours de perche s’avère très relevé, encore plus que ne le laissait présager les concours de qualification
Longueur Femmes : Charlène QUERNEL : 4. X - 6m30 (+0.1) RP - 6m37 (+0.3) RP - 6m29 (+0.1) - 6m31 (+0.0) - 6m25 (+0.2)
Manuela GALTIER : NC. X - X - X
3000m steeple Masculin : Vincent CHAPUIS : 12. 8’55"10
4x400m Féminin : Marie Angélique LACORDELLE - Amélie AUGE - Cyndie SABATTINI - Laétitia DENIS : 6. 3’39"28 Eliminées (dommage : elles ont un meilleur temps que la deuxième équipe de la première série)
800m Heptathlon : OMRANI Yasmina : 2. 2’20"59 -
Heptathlon : 11. 5376 Points RP
4x400m Masculin : Yoann DECIMUS - Michaël FRANCOIS - Emmanuel BIRON - Yannick FONSAT : 4. 3’07"76 Eliminés
Alexandre Adalbert (3e relayeur du 4x100 m, 4e de la 3e série en 40’’16, éliminé) : « Nous avons battu notre record, nous faisons une bonne course, mais le problème a été les transmissions. »
Nyls Nubret (4e relayeur du 4x100 m, 4e de la 3e série en 40’’16, éliminé) : « Nous passons de 41 à 40’’, nous battons notre record d’une seconde. Sur les transmissions, soit nous partions trop tôt, soit nous ne réagissions pas. »
Philémon Mubiayi (2e relayeur du 4x100 m, 4e de la 3e série en 40’’16, éliminé) : « Le relais entre Yannick (Lesourd) et moi est bon, celui entre moi et Alex n’est pas parfait car il a dû ralentir. Et je crois qu’Alex et Nyls se sont rentrés dedans. Mais ce n’est pas grave, on sera là la prochaine fois. »
Joéllie Baflan (3e relayeuse du 4x100 m, vainqueur de la première série en 44’’02, qualifiée pour la finale) :
« Je suis super heureuse de cette course, et surtout du temps. La course a été très rapide. Il fallait tout donner. Je tremblais avant la course... En finale, j’aimerais qu’on batte notre record. »
Emilie Gaydu (2e relayeuse du 4x100 m, vainqueur de la première série en 44’’02, qualifiée pour la finale) :
« J’étais trop mal la veille, j’avais des problèmes intestinaux. Même ce matin, j’avais encore mal à la tête. Mais la motivation est venue à l’échauffement, et nous nous sommes toutes encouragées dans la chambre d’appel. Cela fait plaisir. J’espère qu’on battra notre record en finale. »
Céline Distel (4e relayeuse du 4x100 m, vainqueur de la première série en 44’’02, qualifiée pour la finale) :
« Cela s’est super bien passé, j’étais cool. On visera la première place en finale, comme les autres d’ailleurs, même si ce sera dur. »
Charlène Quernel (4e de la longueur avec 6,37 m) :
« Mon premier sentiment est la joie. J’ai eu du mal à me qualifier pour les Mondiaux, et mon but était d’entrer dans les cinq premières. Ici, j’ai amélioré ma technique, grâce aux conseils de Dominique (ndlr : Hernandez, le responsable des sauts de l’équipe de France sur ces championnats). Il m’a montré ce qui n’allait pas et j’ai corrigé plusieurs défauts, un bassin trop en arrière sur la course, un bras trop en retrait sur le saut. C’est pour cette raison que j’ai battu mon record cinq fois dans la compétition. Pendant la finale, je ne savais pas que j’étais troisième, je me concentrais sur mes sauts. Je ne l’ai découvert qu’au 4e essai. Là, je me suis dit qu’il fallait essayer d’aller encore plus loin, sans me préoccuper des autres. J’ai été un peu déçue quand l’Allemande m’a dépassée, mais je me suis dit que 4e, c’est déjà ça... »
Samuel Coco-Viloin (vainqueur da sa demi-finale du 110 m haies en 13’’63, -0,4, qualifié pour la finale) : « Au départ, il y a un gars qui bouge trois fois à côté de moi. Je commence à me relever, avant de voir qu’elle (le starter) ne rappelle pas la course. Là, je me dis que c’est mort. Mais qu’il faut quand même que j’essaie. Je me dis « non, pas de malheur, pas de malheur », et je commence à rattraper les autres. Mais je vois que je ne remonte pas assez vite. Mais je n’ai pas abandonné. Et j’ai eu raison, car je passe devant à la sixième haie, et je me permets même de me relâcher à la fin. Je perds beaucoup, beaucoup de temps au départ. Je suis donc un peu déçu, mais content de m’en sortir comme ça. »
Vinvent Chapuis (12e de la finale du 3000 m steeple en 8’’55’’10) : « J’étais parti pour faire dans les huit premiers et battre le record de France, c’était mes objectifs de la saison. Mais la course est partie trop vite, j’étais tout le temps derrière... Je n’ai jamais fait une course comme ça. C’était trop dur. J’avais pourtant bien récupéré, je n’étais pas plus fatigué qu’en séries. Mais je me faisais lâcher sur chaque barrière. J’ai coincé, j’ai été doublé par beaucoup de gars, et la tête n’y était plus. La seule chose qui me console est qu’il y a eu un seul autre Français finaliste du steeple aux Mondiaux juniors : Bob Tahri. Mais il avait fini 7e... »
Yasmina Omrani (11e de l’heptathlon avec 5376 points) :
« Je regrette de ne pas être dans les huit premières, mais contente aussi de battre mon record personnel. Je bats mes records par épreuve à la longueur et au javelot. Je n’ai pas été assez forte dans ma tête sur le 800 m. Je suis quand même super heureuse d’être là. »
Equipe du 4x400 m féminin, 6e de sa série en 3’39’’28, éliminée :
Cyndie Sabattini : « Je suis bien partie, mais j’ai un peu craqué aux 300 m. Mais pour une demi-fondeuse, je suis contente. On s’est bien entendues, l’ambiance était super. »
Laëtitia Denis : « J’ai essayé de revenir, je pense que mon relais n’est pas si mauvais que cela. Il y avait en tout cas une bonne ambiance dans l’équipe. »
Marie-Angélique Lacordelle : « Pour ma part, c’était une course très rapide, que j’ai su gérer, je crois. Vu qu’il y avait dans ce relais des filles du 400 m haies, et une du 800 m, c’est bien. On a au moins essayé. »
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