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Franck Chevallier : « DTN, un poste fusible »


Publié le samedi 7 février 2009 à 05h24min

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Franck Chevallier quittera ses fonctions de Directeur technique national de l’athlétisme français le 31 mars prochain. Il revient sur les raisons de sa décision et de son travail à la FFA durant quatre ans. L’ancien athlète évoque également les critiques qu’il a essuyées, notamment après les mauvais résultats aux JO de Pékin, et parle de l’avenir de son sport.




Bernard Amsalem a été réélu pour quatre ans à la tête de la fédération française mais vous n’irez pas au bout du mandat. Pourquoi ?

Il y a quatre ans, lorsqu’il m’a choisi, il voulait que je fasse deux mandats dans le cas où il serait réélu. Il y a un an, je lui ai dit que pour diverses raisons, familiales et par rapport à l’équipe de France, il était important que je passe la main. On lui a proposé alors une solution en interne tandis que je poursuivais le travail mais plus en tant que DTN.

Dans quelle mesure ?

Je proposais de m’occuper de la partie développement, la structuration des clubs, la professionnalisation. Je souhaite poursuivre le travail amorcé il y a quatre ans. On a fait une proposition au président avant Pékin, qu’il a sollicitée, puis écartée après les Jeux. Officiellement, je suis Directeur technique national jusqu’au 31 mars. Et normalement, un nouveau DTN sera désigné avant cette date.

Certaines critiques notamment celles émises à Pékin vous ont-elles poussé à cette réflexion ?

Ça fait partie du métier. On sait que le DTN est un poste exposé, un poste fusible. J’avais déjà eu une discussion à ce sujet avec Bernard Amsalem à Osaka (Les Mondiaux 2007, ndlr). A ce moment, je sens déjà qu’il faut un sang neuf, une nouvelle énergie. Avec l’usure du temps, il est important qu’il y ait du renouvellement.

Pourtant, vous n’êtes pas en place depuis une éternité. D’où vient cette lassitude ?

L’athlétisme est un sport exigent et traumatisant, pour les athlètes comme pour les dirigeants. C’est pourquoi, il faut un renouvellement régulier. Si on veut imaginer que l’équipe de France soit à 100 %, il faut des gens qui dynamisent ça en permanence. Et c’est avec des gens nouveaux qu’on le fait.

Un mot sur Christine Arron qui a changé récemment d’entraîneur. Comment voyez-vous son avenir ?

Lorsqu’elle est en pleine possession de ses moyens, Christine Arron peut se trouver parmi les meilleures mondiales. Maintenant, la vraie question, ce n’est pas de savoir si elle pourra être encore au sommet mais si elle peut régler ses problèmes physiques et rapidement.

Elle a une réputation d’être difficile à gérer. Avez-vous connu des problèmes avec elle ou d’autres athlètes en général ?

J’ai eu la chance d’avoir toujours de bonnes relations avec Christine, comme les athlètes français. Les grands champions ne sont pas si inaccessibles que ça mais c’est un sport individuel et ils ont l’habitude de gérer et d’affronter les évènements seuls.

Les tensions peuvent exister malgré tout ?

Dans l’adversité, lors de grandes épreuves comme les JO, il y beaucoup de tension. Les athlètes sont très exposés et il est difficile de les percevoir comme dans une équipe où il y a une véritable ambiance, le comportement est particulier.

Quelle direction doit prendre l’athlétisme français ?

Il est important de capitaliser sur cette expérience, le dispositif que l’on a mis en place et qui a fait évoluer les choses comme la création de la Ligue professionnelle et le travail avec les clubs et des concentrations sur des grands clubs d’athlétisme. C’est la marche à poursuivre pour que l’athlétisme se structure et devienne un sport majeur du paysage sportif français. Ce qui n’est pas le cas actuellement.

Pourtant en 2003, la formidable réussite des Mondiaux 2003, notamment au niveau sportive, constituait un moteur nécessaire pour le développement de l’athlétisme. On a l’impression que ça n’a pas suivi

En 2003, le contexte est particulier. On organise l’évènement et il y a une convergence heureuse qui fait que les Bleus réussissent. Mais si on analyse, après coup, la moitié des médailles remportées en 2003 et 2005 étaient l’œuvre de deux athlètes : Eunice Barber et Christine Arron. On ne peut pas imaginer un seul instant qu’elles soient au top niveau durant 10 ans.

Elles ne représentaient pas non plus forcément l’avenir

D’une part et puis elles ne sont pas issues d’un système globalement. Malheureusement en athlétisme, le système, c’est plutôt celui du hasard heureux. Quand Marie-Jo Pérec arrive, elle n’est pas issue d’un système. C’est une fille hors-norme qui est arrivée à ce sport et qui a gagné beaucoup de titres majeurs. Et depuis que sa carrière s’est arrêtée, on prie pour en avoir une autre. Pour l’instant, on n’en a pas. On a des athlètes talentueux, Baala, Arron, Barber, Doucouré ou Diniz mais le système ne produit pas la performance comme on peut penser que c’est le cas en natation.

Le modèle américain avec ses universités peut-il être copié ?

On n’a pas d’équivalent en France, que ce soit les universités ou dans nos clubs. C’est ce que l’on doit construire pour l’avenir. La natation a mis 10 ans pour construire et cela lui permet d’avoir de la densité. Et même si Manaudou est défaillante, il y a du monde derrière. Nous quand on est défaillant, on est en difficulté.

* Propos recueillis par Alexandre Sarkissian


Voir en ligne : Sports.fr

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