Krimeau El Majjouti : « Une solidarité payante ! »

Racontez-nous le film de ces championnats d’Europe de course en montagne...

Avant de partir en République tchèque, j’estimais que nous pourrions viser une médaille mais je ne pensais que nous reviendrions en France avec trois médailles dans notre besace ! Dès le départ, j’ai essayé de jouer sur l’effet de groupe car, pour réussir individuellement, il faut s’appuyer sur le collectif et ne pas laisser les athlètes isolés, livrés à eux-mêmes. Le parcours d’Upice était bien tracé mais miné de pièges. Il y avait une belle pente de 7 à 8 minutes et 900 m de dénivelé au départ. Au milieu du parcours se trouvait une section plus calme, nécessitant beaucoup de changements de rythme. A la fin, les athlètes ont dû faire face à un mur énorme. Le parcours masculin était de 11,160 kms contre 7,440 kms pour les filles. J’ai dit à mes athlètes : « Courez pour les autres et pas pour vous... vous verrez, cela paiera ! » Ils m’ont écouté et je voudrais ici les féliciter car ils ont affiché une très belle solidarité.

Une solidarité qui s’est donc soldée par trois médailles...

Oui. Les garçons se sont classés deuxièmes par équipes derrière les Italiens : Julien Rancon fait troisième, Franck Lelut onzième et Jean-Christophe Dupont douzième. Les filles sont montées sur la troisième marche du podium par équipes, derrière les Italiennes et les Tchèques, grâce à Sylvie Clauss (quatrième), Isabelle Guillot (sixième) et Valérie Galland (dix-huitième). La surprise du chef fut signée Julien Rancon. A seulement 26 ans, il a su faire preuve d’une grande expérience. Il a quasiment mené la course du début à la fin et il aurait pu l’emporter mais il a un peu craqué sur la fin. A l’arrivée, il s’est classé troisième, à seulement 17 secondes de Marco Gaiardo, le vainqueur italien. Une fois la ligne d’arrivée franchie, Julien pleurait. Je suis allé le voir pour le réconforter mais il m’a alors expliqué qu’il ne pleurait pas de rage mais de bonheur. Cette médaille est sa première grande performance au niveau international et il était très ému. Moi aussi.

D’autres motifs de satisfactions ?

Oui. La médaille de bronze féminine par équipes n’aurait jamais été remportée si Valérie Galland n’était pas allée au bout d’elle-même pour décrocher un très honorable dix-huitième place. Elle a vraiment su se transcender pour le groupe. Je lui tire un beau coup de chapeau. Je veux aussi souligner la belle place de Sylvie Claus qui a terminé au pied du podium. Elle aurait pu, elle aussi, toucher le bronze en individuel... ce n’est que partie remise !

Quelles seront les prochaines grandes échéances de l’équipe de France de course en montagne ?

Les championnats de France auront lieu le 20 août à Courchevel et seront qualificatifs pour les championnats du monde de Bursa, qui se dérouleront les 9 et 10 septembre en Turquie. Je remarque que de plus en plus d’athlètes venant de la route, du cross ou de la piste, sont intéressés par la montagne. Il y a un vrai engouement pour cette discipline qui associe haut niveau et nature. En même temps, réussir en course en montagne n’est pas donné à tout le monde. Il faut s’entraîner sans relâche, être dur au mal et avoir un mental d’acier car les compétitions sont extrêmement sélectives.