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La croisade de Tegla Loroupe, athlète au grand cœur


Publié le vendredi 7 octobre 2005 à 11h04min

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De passage à Genève, la kényane évoque les buts de sa fondation. « Mon rêve, ce serait que les femmes de mon pays n’aient plus à marcher des jours pour accoucher dans un dispensaire, que les hommes n’aient plus à piller et à tuer pour réunir la dot nécessaire à leur mariage, que les enfants, surtout les filles, n’aient plus à souffrir d’un manque de scolarisation... » Tegla Loroupe rêve dans ce lobby d’hôtel sans grâce. Son visage est extatique. L’intensité de son regard souligne la profondeur de son âme.




Là-bas, sur les hauts plateaux de la vallée du Rift, à Kapenguria, une école sort de terre. Le projet de la Tegla Loroupe Peace Foundation (TLPF) prend forme. Brique après brique. « L’internat devrait être inauguré en 2007 », explique l’athlète kényane, qui espère ainsi scolariser un millier d’enfants défavorisés issus d’une population rurale et semi-nomade, les Pokots.

Une course pour la paix

C’est là que Tegla Loroupe est née il y a trente-deux ans. Enfance pastorale aliénée à l’archaïsme des us et coutumes. La jeune fille échappe à la volonté du père (« il ne voulait pas que j’aille en classe ») en parcourant chaque jour vingt kilomètres pour se rendre à l’école. Drôle d’école buissonnière qui émancipe l’insoumise et lui donne le goût de la course à pied.

Des pistes poussiéreuses au bitume des grandes villes, Tegla Loroupe a fait du chemin. Jugée trop chétive, elle a appris à se battre contre les préjugés. En 1994, son succès à New York, dans la Mecque du marathon, l’a révélée au grand jour. Depuis, elle court le monde, affole les chronos et triomphe sous les banderoles. Certes, les lauriers sont moins brillants depuis 2000 et une intoxication alimentaire qui a fauché ses illusions olympiques à Sydney.

Cet été, aux mondiaux d’Helsinki, l’ex-détentrice du record du monde du marathon (2h20’43") a même connu la déroute (40 ème). « J’ai changé d’équipementier cette saison. Je ne m’étais pas assez habituée à mes nouvelles chaussures », explique Tegla Loprupe. « Elle s’engage tellement dans ses projets d’entraide », note de son côté Richard Krop, le coordinateur de sa fondation.

Petite marathonienne au grand cœur, la kényane a créé la TLPF en 2003. Sa mission : promouvoir la coexistence pacifique, le développement socio-économique et l’éducation dans cette région déshéritée des grands lacs où l’on vole des vaches pour se marier, où l’eau et l’électricité sont un luxe, où l’école ne s’ouvre qu’à une minorité.

Plus d’un million de francs, provenant de ses revenus de sportive, ont déjà financé de nombreux projets. Mais celui qui lui tient le plus à cœur, la Tegla Loroupe Peace Race, a surtout valeur symbolique. « Le sport est un outil de paix, il contribue au rapprochement des peuples », note la jeune femme en évoquant la compétition qu’elle organise à Kapenguria. L’an passé, 5000 coureurs de différentes ethnies ont transpiré ensemble, en laissant derrière eux fusil, rivalité et conflit. En fraternisant la ligne d’arrivée franchie.

Cette course pour la paix ne fait que commencer. Tegla Loroupe n’aura de cesse de la faire vivre. Sa résistance est légendaire.

Genève dans la course ?

Si elle continue d’arpenter le bitume (2 ème du récent Tour du Greifensee), Tegla Loroupe sillonne surtout la planète afin de diffuser son message de paix. Sur ses pas naissent des projets de coopération, comme à Uttwil où 330 élèves thurgoviens ont couru et récolté 21000 francs pour les enfants du Kénya. L’opération « kids to kids » a vécu hier au Tessin une grande journée de solidarité en présence de l’athlète africaine. « La fraternité entre les enfants est le plus bel espoir de paix », dit-elle.

Tegla Loroupe a une relation très intime avec la Suisse, notamment en raison de l’amitié très profonde qui l’unissait à Franziska Rochat-Moser, « ma sœur disparue ». « Ma victoire à Lausanne, en 2002, fut le plus bel hommage que je pouvais lui rendre ».

C’est à Genève, « ville des causes humanitaires », qu’elle espère établir le siège international de sa fondation. Durant son court séjour au bout du lac, organisé avec le soutien du CDAC (Comprehensive Dialogue Among Civilizations), elle y a rencontré des représentants de la Ville, du Bureau de l’intégration et de l’ONU. L’idée de l’associer à la course de l’Escalade ou au marathon de Genève est dans l’air.

Tegla Loroupe en bref

32 ans. 1 m 56, 48 kg.

3 ème des mondiaux de 10000 m (1995 et 1999). Championne du monde de semi-marathon (1997, 1998 et 1999). 11 victoires en marathon, dont New York (1994 et 1995), Berlin (1999), Londres (2000), Rotterdam (1997, 1998 et 1999). Records du monde de l’heure (18,34 kms), du 20, 25 et 30 km. Record personnel : 2h20’43" au marathon.

Messages (1)

  • Je suis vraiment très touché par l’engagement de Tegla laroupe dans la lutte contre la misère et les discriminations dans ce monde. Son investissement me touche particulièrement car à mon avis les enfants vivant dans la misère sont incapables d’aimer la nature et l’environnement. Leur permettre d’aller au delà de leurs besoins primaires en les donnant le minimum nécessaire est une contribution non négligeable à la conquête de la paix dans la planète. Il est est certain que l’organisation des tournois réunissant des communes ou des collectivités différentes y contribue aussi mais à mon sens la lutte contre la misère est prioritaire. Je félicite vraiment Tegla Laroupe ;
    qu’elle continue ainsi et que d’autre prenne, elle et ses pratiques comme exemples pour amener les enfants et les adultes du monde entier à se connecter à la nature et à l’environnement.

    Simo

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