Romain Mesnil : « Il fallait que je prenne mon temps »
Publié le mercredi 12 mars 2008 à 08h08min
Une pause rapide et Romain Mesnil s’est remis au travail. Plus motivé que jamais, le vice-champion du monde de perche prépare l’été pied au plancher, des ambitions olympiques plein la tête.
La reprise
Je me suis remis au travail la semaine dernière. La coupure m’a fait du bien physiquement. Dans la tête, comme je n’étais pas hyper concentré cet hiver, je n’avais pas besoin de m’aérer complètement l’esprit. Par contre, j’ai retrouvé une motivation à la fin de l’hiver que je n’avais pas au début. C’est hyper important pour moi. J’ai pu descendre petit à petit de mon nuage d’Osaka. J’ai réussi à me remobiliser pour cet été, ce qui était l’objectif. Tout cela dépend beaucoup du caractère de la personne et du stade de sa carrière qu’il est en train de vivre. Moi, ça faisait dix ans que l’on me parlait de cette médaille en grand Championnat. L’attente a été tellement longue qu’il fallait que ça retombe. Il fallait que je prenne mon temps. C’est un choix personnel. J’avais fait ça pour Göteborg et je pense que c’est pour cela que j’ai pu, deux années de suite, réaliser de bons résultats en grands Championnats. Peu de Français font ça en athlétisme et c’est peut-être pour cela que, souvent, une année ça marche, une année ça ne marche pas.
Objectif, Pékin
Je suis focalisé sur les Jeux. J’ai repris l’entraînement et je suis beaucoup plus concentré dans ce que je fais. Même dans les séances de course, je fais beaucoup plus attention à mon travail de pied. C’est une chose que je ne voulais pas faire cet hiver pour ne pas saturer. Je ne voulais pas saturer à l’approche des Jeux, ni relâcher la pression avant. Là, je suis concentré, même pour les séances techniques. J’ai envie de faire les choses vachement bien et de manière très précise.
Le planning
Pendant deux mois, je vais alterner le quantitatif et le qualitatif. Le quantitatif concerne tout ce qui est course afin d’avoir une grosse caisse pour cet été ; le qualitatif concerne tout ce qui est technique. Nous ne faisons qu’une seule séance par jour. Deux, mon corps ne tient pas. On débute par un bon échauffement pour travailler le cardiaque. On bosse aussi un peu la proprioception c’est-à-dire que l’on travaille à droite et à gauche car, on a tellement l’habitude de courir dans l’axe qu’il faut faire du travail différent. Enfin, il y a une séance technique qui dure plus ou moins longtemps selon les conditions météo, la motivation du jour… et une séance de course. C’est le schéma classique. Au début, les séances de course sont plus longues, les séances techniques sur un élan plus réduit. Petit à petit, on réduit les séances de course avec plus de vitesse. En ce qui concerne les séances techniques, on fait plus d’élan pour sauter plus haut.
Le programme
Il y a aura un petit interlude les 20 et 21 avril où nous allons faire des démonstrations d’ « extreme pole vault » : on va dans un lac, dans des pare-feu, par-dessus les vagues… Après, je pars en stage au mois d’avril à Monaco. C’est un stage avec le groupe de Gérald Baudouin dans lequel évolue Jérôme Clavier. C’est bien de regrouper deux groupes d’entraînement, on peut se tirer la bourre.
Le retour à la compétition
J’ai les Interclubs le 3 mai. Ensuite, je reprends aux alentours du 25 mai ou du 1er juin. Je veux faire pas mal de sorties durant l’été, une douzaine. En perche, on a besoin de faire beaucoup de choses pour se régler (choix de perche, réglages de poteaux). Je ne vais cependant pas en faire énormément à l’étranger parce que les déplacements sont fatigants. Après dix ans, je sature. Partir sauter à l’étranger, c’est tout de suite sept heures de voyage minimum avec des changements. On n’est pas certain que les perches arrivent. Et puis, il n’y a pas énormément de compétitions de très haut niveau à l’étranger et il y en a pas mal de bonnes en France.
Retour sur les Championnats du monde en salle
Je les ai suivis. Jérôme Clavier prend une très belle quatrième place. C’est motivant de voir qu’il y a un autre perchiste en France qui va vraiment me bouger. Le Russe Evgeniy Lukyanenko a vraiment progressé et montre qu’il va être très dangereux. Après, on retrouve les mêmes : Brad Walker, Steve Hooker… Il y a une grosse densité en perche. Quoi qu’il en soit, globalement, ça ne va pas changer ma vision des choses. A Pékin, ce sera le même principe qu’à Osaka ce qui signifie que ça va être très dur et que ça va, je pense, monter un petit plus haut.
La polémique
Les médias ont beaucoup parlé des absences des Français aux Championnats du monde en salle. Il y a eu beaucoup de critiques par rapport à ça. Il faut néanmoins savoir qu’un athlète ne se prépare pas de la même manière lorsqu’il a 20 ans, 25 ans ou 30 ans. Faire des impasses l’hiver peut être psychologique pour certains et aussi physique car le but est d’arriver en forme pour les Jeux. Faire une saison hivernale, c’est toujours prendre un peu plus de risques et participer aux « Monde » implique de pousser le corps un peu plus loin. Si on n’a pas totalement récupéré de la saison d’avant, ça peut être dangereux. Faire l’impasse sur l’hiver est toujours difficile mais c’est un choix personnel. Quoi qu’il en soit, il est important de garder le contact avec la compétition. Après, il faut savoir se remobiliser pour être bon et ça, ça dépend du caractère de chacun. Il reste que je suis déçu pour l’athlétisme mais, malheureusement, quand il y a des Championnats moins importants médiatiquement, au fur et à mesure des années, les athlètes viennent de moins en moins. Il faut repenser en partie le système de Championnat pour que les Championnats en salle soient plus intéressants.
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