Championnats du Monde Juniors Pékin : Chloé Mourand rate le coche

Le coup n’est pas passé loin. Et Chloé Mourand s’en voulait de constater que la médaille, dans cette finale mondiale de la perche, ne se jouait pas plus haut qu’à 4,20 m, elle qui avait déjà franchi 4,30 m cette saison. Avec les espoirs de la jeune femme, c’est la première grosse chance de médaille française qui s’envolait. La faute à un concours pourtant bien entamé pour la Française, sans coup férir jusqu’à 4,00 m. Mais les trois essais qu’elle allait employer pour franchir 4,10 m annonçaient peut-être déjà l’échec à 4,20 m. Devant elle, la Chinoise Yang Zhou faisait le bonheur du sage public du stade Chaoyang en devenant la première championne du monde chinoise à la perche. 4,30 m lui auront suffi pour dompter la Slovène Tina Sutej (4,25 m) et l’Australienne Vicky Parnov (4,20 m). Chloé Mourand, elle, devait se contenter de regrets, et de la cinquième place.

S’il est un grief qu’on ne pourra pas retenir contre les juniors engagés à Pékin, c’est de ne pas avoir été à la hauteur de l’événement. Tout simplement parce que la plupart d’entre eux ont choisi le sommet de la saison pour battre leur record personnel - ou au pire pour l’effleurer. Dernier exemple en date, et non des moindres : Benjamin Compaoré. Pour le champion de France du triple saut, les qualifications n’auront duré qu’un essai, le temps de retomber à 16,34 m, record personnel égalé, et 54 centimètres au-delà des 15,80 m qualificatifs. Vite fait, bien fait, et fort impressionnant. Malheureusement, Benjamin sera le seul Bleu en finale, mais d’un rien. 13e homme, et donc premier non qualifié pour la finale, Abdoulaye Diarra (15,65 m) aura en effet dû céder sa place parmi les meilleurs pour quatre petits centimètres.

Les hurdleurs eurent plus de chance : ils seront bien deux en demi-finale. Samuel Coco-Viloin est l’un des athlètes sur lesquels comptent les responsables français pour embellir le bilan de la délégation d’une médaille. Le sociétaire d’Ouest Yvelines n’a pas failli à sa réputation. En piste dès 10 heures du matin, il a réglé le sort de la cinquième série en 13’’55 (-0,2 m/s), soit le troisième temps des séries. Quatre minutes plus tôt, Stevy Telliam s’était lui aussi glissé en demie à la place, en finissant quatrième de sa course (13’’88, + 0,8 m/s). Rendez-vous samedi pour porter le flambeau de la tradition française sur les haies hautes.

Enfin, la quatrième journée de ces Mondiaux juniors marquait aussi l’entrée en lice des féminines à l’heptathlon. Une entrée en lice on ne peut plus réussie, dans un premier temps, pour Eloyse Lesueur. Dès la première épreuve, le 100 m haies, la jeune femme améliorait son record personnel. Avec 13’’89, elle prenait même la direction des opérations. Mais une douleur tenace et qui la gêne depuis plusieurs semaines s’était réveillée. La hauteur (1,71 m) puis le poids (10,20 m, nouveau record personnel) n’allaient être qu’un face à face avec la douleur pour la junior première année. La décision était prise : la championne de France élite de la longueur, en juillet dernier, en resterait là. Et personne ne peut dire comment son histoire pékinoise se serait terminée. Elle se consolera peut-être en se disant que l’avenir lui appartient. Elle sera encore junior l’an prochain, pour les Championnats d’Europe. Yasmina Omrani, elle, est bien décidée à poursuivre l’aventure. La Lorraine, après un 100 m haies quelque peu décevant (15’’01), se reprenait bien à la hauteur (1,68 m) et au poids (11,68 m). Le 200 m, malgré un temps de surprise au départ, était avalé sur des bases correctes (25’’42). Objectif avoué pour la deuxième journée : un record personnel au final (soit 5333 points à battre) et une place de finaliste, si tout sourit.
Que retenir encore de cette antépénultième journée ? Le beau doublé Kenyan sur 800 m masculin (œuvre de David Rudisha et de Jackson Kivuna), et les difficultés qui continuent pour les neveux de l’Oncle Sam sur le sprint. Certes, les jeunes Américains sont loin de faire des Mondiaux juniors une priorité, eux qui basent leurs saisons sur les compétitions scolaires de fin mai - début juin. Tout de même... Aucun Américain en finale du 200 m (remporté par l’Estonien Marek Niit), et la première « US Girl » 5e chez les filles sur la même distance (remportée par la Bulgare Tezdzhan Naimova en 22’’99), cela fait désordre. Heureusement, Chris Carter, sorte de clône de Jeremy Wariner qui aurait rajouté des haies de peur que le tour de piste ne soit trop facile, est venu apporter la première médaille d’or des championnats aux Etats-Unis en dominant tranquillement le 400 m haies en 50’’08.

Les Bleuets, eux ne comptent toujours pas de médailles. Il leur reste deux jours pour inverser le cours des choses.