Chpts du Monde : Les USA dominent l’athlétisme mondial

Avec 30 médailles, dont 14 d’or, les Américains ont écrasé la concurrence, lors de ces Mondiaux qui ont vu la consécration de Wariner et Allyson Felix par exemple, et l’avènement de Tyson Gay. On pourra déplorer l’absence de record du monde et une ambiance sans grand relief pour cette édition dont la France revient avec seulement deux médailles.

Des champions, mais pas de record

Allyson Felix, déjà victorieuse du 200 mètres et du relais 4x100 m, a décroché sa troisième médaille d’or lors de la finale du relais 4x400 m remportée par les Etats-Unis devant la Jamaïque et la Grande-Bretagne. Elle a ainsi rejoint au nombre des multi-médaillés son compatriote Jeremy Mariner, champion du monde du relais 4x400 m après avoir été sacré dans le tour de piste individuel. Les deux chefs de file américain font partie des dix athlètes déjà sacrés à Helsinki en 2005, et qui ont conservé leur titre. Figurent aussi dans cette liste des ténors de l’athlétisme mondial, les deux relais sous les couleurs de la bannière étoilée, et une autre Américaine, Michelle Perry (100 m haies), mais aussi l’Ethiopien Kenesina Bekele et sa compatriote Tirunesh Dibaba (10000 m), le Biélorusse Ivan Tikhon (Marteau), l’Equatorien Jefferson Perez (20 km marche), l’Allemande Franka Dietzsch (disque), la Russe Yelena Isinbayeva (Perche) et la Suédoise Carolina Klüft (Hepathlon).

Derrière les USA, le Kénya a également brillé sur ces Mondiaux, avec notamment cinq médailles, dont celle du jeune Alfred Yego, l’un des plus doués de la nouvelle génération des hommes des hauts plateaux, qui a mis fin sur 800 m à 14 ans d’insuccès de son pays.

Sur une piste qui se prêtait pourtant, selon les spécialistes, à d’excellents chronos, et même si en terme de performances, cette édition a été d’une très grande densité, aucun record du monde n’a été amélioré. Deux records de France ont été battus, avec Sophie Duarté sur 3000 m steeple (9’27"51) et Leslie Djhone sur 400 m (44"46) et un a été égalé par Vanessa Boslak à la perche (4,70 m). La Suédoise Carolina Klüft a battu le record d’Europe de l’heptathlon (7032 pts). Et la Croate Blanka Vlasic a tenté en vain de battre le vieux record du monde de la hauteur en tentant d’ajouter un centimètre au record du monde de la Bulgare Stefka Kostadinova (2,09 m).

Drôle d’ambiance

Le choix d’Osaka a-t-il été un choix pertinent pour l’organisation de ces Mondiaux, même si l’on peut concevoir que l’IAAF a eu pour souci de développer l’athlétisme dans un pays aux piètres résultats (1 médaille de bronze seulement) mais au fort potentiel, et dans une ville qui accueille régulièrement un meeting international. Toutefois, les Japonais n’ont pas suivi. Le public a été la grande déception de ces 9 jours de compétition. Le stade de 33000 personnes dans sa configuration "Mondiaux-2007" n’a jamais été plein. Certains soirs, comme le mercredi, le stade était même à moitié vide (ou à moitié plein pour les optimistes). L’affluence annoncée étant largement au-dessus de la réalité. Au-delà du nombre, cela a eu aussi un impact évident sur l’ambiance qui a très rarement tourné à l’enthousiasme.

Les rares Japonais qui ont brillé ont certes fait descendre quelques cris mais ils étaient bien trop nombreux à jouer les premiers rôles pour conduire à l’euphorie. Si bien que beaucoup d’athlètes ont eu du mal à se sentir pris dans une configuration de Mondiaux, et à se mettre la pression nécessaire. D’autant que la météo a aussi présenté des inconvénients. Le ciel a été une donnée importante de ce rendez-vous. Bercé par un climat semi-tropical, Osaka a proposé un temps chaud et humide pendant toute la durée des Championnats. Les compétitions se sont déroulées avec des températures oscillant autour des 30° C. Facteur aggravant le taux d’humidité qui a dépassé les 60 % pratiquement tout le temps. Même les épreuves sur route, qui partaient avant 8h n’ont pas été épargnées. Autant dire qu’il fallait être physiquement prêt pour aborder ces conditions.

Ceux qui ont cru pouvoir se contenter d’un travail technique pour s’en sortir se sont lourdement trompés. Le foncier était essentiel, de même que la capacité à se prendre en charge, dans une mégapole et des conditions d’hébergement et d’entraînement qui encourageait la préparation individuelle et où il était difficile de ne pas risquer de s’éparpiller.

Maigre butin français

Avec seulement deux médailles d’argent, la France est retombée sur terre et probablement à son niveau de l’année, après les éditions fructueuses et heureuses de 2003 à domicile (8 médailles) et 2005 à Helsinki (7 podiums). Et même si beaucoup voulaient croire en leur capacité à se transcender, si la Fédération française avait fait le pari d’emmener une forte délégation de 54 athlètes, un coup d’oeil aux résultats de la saison auraient suffi pour démontrer que, eu égard à la forme de chacun, seuls le double champion d’Europe Mehdi Baala (1500 m) et le champion d’Europe du 50 km marche Yohann Diniz apparaissaient comme de solides chances de podium. Disqualifié en demi-finale, Baala a été battu sans pratiquement courir. Finalement, la délivrance est venue du marcheur champenois (tout un symbole) et du perchiste Romain Mesnil, arrivé à maturité, et justement récompensé pour sa persévérance dans une discipline dont on connaît la dimension aléatoire.

Pour les autres favoris ce fut donc la désillusion. Muriel Hurtis était certes venue avec le deuxième chrono des engagées sur 200 m (22"38), mais obtenu avec un fort vent favorable dans le virage à Niort, lors des Championnats de France. Mais elle été victime d’une décevante sortie de piste dès le 2 ème tour. Les blessures accumulées ces derniers mois et leurs conséquences sur la préparation ont été rédhibitoires pour Eunice Barber (longueur), apparemment déjà la tête à son dernier challenge des Jeux, Christine Arron, sixième du 100 m, et surtout Ladji Doucouré, éliminé en demi-finales du 110 m haies. Le cas du double champion du monde 2005 (également du relais 4X100 m) est emblématique. Doucouré avait rejoint la Finlande après une saison exceptionnelle et en leader mondial sur les haies hautes. Ce n’était plus la même chanson deux ans plus tard. Le relais du tour de piste, déjà privé de Ronald Pognon, a ainsi dû déclarer forfait sur place faute de combattants. Idem pour le 4x100 m décimé par les blessures.

Leslie Djhone (400 m), Sophie Duarte (3000 m steeple), Vanessa Boslak (perche dames), et Bob Tahri (steeple), en forme au bon moment, ont mesuré cependant la distance qui les séparait d’un podium, prenant un abonnement collectif à la 5 ème place. Même si les deux premiers ont amélioré leurs records nationaux, alors que Boslak l’a égalé : maigres consolations. Les bonnes nouvelles (toutes relatives toutefois) sont donc venues des outsiders, comme Mesnil, et des jeunes, lancés dans le grand bain, et qui ne s’en sont pas si mal tirés, comme Elodie Guégan sur 800 m, et le Doubiste Fadil Bellaabouss sur 400 m haies. Eux aussi ont malgré tout été noyés dans la faillite collective française. Une faillite dont il faudra analyser les causes : une impréparation, trop d’athlètes arrivés blessés, un mental friable, une incapacité à se fondre dans une relation collective, et sans doute une propension à se satisfaire de ses résultats, comme si aller aux Mondiaux était une finalité, sans qu’il y soit associée la nécessité de résultat que cela induit. Il faudra aussi évidemment en tirer les conséquences dans les perspectives des Jeux de Pékin.