Chpts du Monde en salle : De l’argent et du bronze pour conclure

Ce devait être Renaud Lavillenie, et le désert. Au final, ce fut beaucoup mieux que ça pour l’équipe de France, qui repart de Turquie avec un bilan assez inattendu de trois médailles. Avec 11 athlètes seulement au départ, le ratio est même extrêmement positif, avec plus de 25 % de participations couronnées par des breloques. Et le bonheur est encore venu de la perche pour les Bleus, grâce à la spectaculaire renaissance de Vanessa Boslak, tout juste revenue de trois années de galère après moult blessures. Pendant qu’Yelena Isinbayeva s’attaquait au record du monde et gagnait à 4,80 m, la Nordiste se contentait très largement de sa magnifique médaille d’argent avec un saut à 4,70 m.

En plus de cet argent riche de symbole, les Bleus ont complété leur éventail de métaux avec la médaille de bronze de Pascal Martinot-Lagarde sur 60 m haies. Tout récent champion de France, l’élève de Patricia Girard avait déjà fait naître de sérieux espoirs en remportant sa demi-finale, avec le troisième temps sur les deux courses combinées. La finale a accouché d’une énorme surprise avec la victoire de l’Américain Aries Merritt (7"44) devant Liu Xiang (7"49), et Martinot-Lagarde n’a échoué qu’à quatre petits centièmes de la star chinoise. Ultra-prometteur, donc.

Boslak : "Trois ans, c’est long"

En revanche, Benjamin Compaoré a déçu, alors que l’ami de Teddy Tamgho semblait avoir le potentiel pour aller chercher une médaille au triple saut. Las, le Français n’a pris que la sixième place en 17,05 m, bien loin des 17,70 m de Will Claye. Toutefois, même la meilleure performance de sa carrière, à savoir 17,29 m, n’aurait pas suffi à Compaoré pour grimer sur le podium, puisque Christian Taylor et Lyukman Adams suivent Claye en 17,63 m et 17,36 m. Murielle Ahoure a failli créer un ouragan sur 60 m, mais Veronica Campbell-Brown l’a emporté pour trois centièmes (7"01 contre 7"04). Enfin, Brittney Reese a explosé son record de carrière à la longueur, en sautant à 7,23 m, ce qui constitue également la nouvelle référence pour la compétition.

Le bilan est donc mitigé pour ce millésime 2012 des Mondiaux en salle. Les faits marquants resteront ces records du monde améliorés sur les deux épreuves combinées, avec la surprise Natallia Dobrynska, qui a passé la barre des 5000 points (5013 unités) pour la première fois de l’histoire, au nez et à la barbe de la grande favorite Jessica Ennis. En heptathlon, Ashton Eaton a amélioré sa propre référence en la portant à 6645 points. Côté français, la belle histoire est donc pour Boslak, qui a amélioré de cinq centimètres son propre record de France, vieux de cinq ans. "Même si j’ai toujours cru en moi, trois ans, c’est long, on a le temps de se poser des milliards de questions, confiait-elle après son concours sur France Ô. J’ai eu la chance d’avoir aussi des gens qui ont cru en moi". La perchiste voulait notamment parler de son entraîneur, Gérald Beaudoin, qui a toujours voulu la relancer pendant que beaucoup lui conseillaient d’arrêter sa carrière.

* Article publié par Thomas Siniecki