Christelle Daunay : « Ne surtout pas verser dans l’euphorie »

Quel a été votre quotidien depuis votre victoire sur le cross long des championnats de France ?

Je n’ai pas fêté plus que ça mon titre. Mais j’ai reçu plein de messages de félicitation. Ca m’a fait chaud au coeur. Je n’ai pas tardé à reprendre l’entraînement. Je suis d’ailleurs actuellement en stage à Moliets, dans les Landes, pendant trois semaines. Pour l’instant, je suis seule. Mais l’équipe de France de marathon me rejoint pour les deux prochaines semaines.

Accordez-vous une importance à votre victoire dans l’optique du marathon de Paris ?

Ce bon résultat prouve que la préparation se passe bien. Maintenant, il faut que j’efface absolument cette performance de mon esprit pour me remettre à penser à mon objectif majeur : le marathon de Paris. Je ne dois surtout pas verser dans l’euphorie. Là, c’est bon, je suis repartie. Les deux, trois jours de repos que j’ai eus m’ont permis de récupérer et de décompresser. Je suis de nouveau sur les rails.

Comment expliquez-vous votre progression entre les cross du début de saison et ces championnats de France ?

Dans ma tête, Vichy était une étape. Pas un objectif. J’ai d’’ailleurs arrêté la préparation spécifique au cross à la mi-janvier. Si j’ai ensuite participé à la Coupe d’Europe des clubs, c’était pour mon équipe du SCO Sainte-Marguerite Marseille. J’ai bien géré toute ma saison. Une fille comme Julie (Coulaud) disait après sa course qu’elle était fatiguée moralement et physiquement. C’est normal car nous n’avions pas les mêmes objectifs. Elle voulait faire quelque chose aux championnats d’Europe. J’y ai moi aussi participé mais si je ne m’étais pas qualifié, ça n’aurait pas été un souci. J’aurais continué tranquillement à me préparer.

Vous n’étiez jamais montée sur le podium d’un championnat de France de cross. Et là, c’est le titre...

J’ai tout de même toujours fait partie des quatre, cinq meilleures Françaises. En 2004, je termine 4 ème à une seconde de Zahia Dahmani. Je suis en équipe de France depuis 2003. Je n’arrive pas du jour au lendemain. L’an dernier, j’ai réalisé une belle saison. Je pense aussi que le parcours me convenait très bien. On voit bien qu’on a eu droit au même type de course sur le cross long masculin que pour nous. Et c’est Driss El-Himer, champion de France 2006 du 10000 m, comme moi, qui s’est imposé. C’est aussi toute une équipe qui m’a permis de réussir : mon entraîneur Cédric Thomas, mon conjoint, mon équipementier, mon kiné...

Justement, vous avez pendant plusieurs années été kinésithérapeute. Pourquoi se consacrer désormais à 100 % à l’athlétisme ?

J’ai envie de me donner les moyens de me qualifier aux jeux olympiques de Pékin. Je ne veux pas laisser passer cette chance. J’ai pendant longtemps été kiné à mi-temps. Mais c’est un métier très fatiguant, tant sur le plan mental que physique. Je travaillais dans un centre de rééeducation. J’accompagnais mes patients, je les portais, donc je passais ma journée à marcher. Aujourd’hui, j’ai amélioré mes conditions d’entraînement : j’ai plus de temps pour récupérer et pour partir en stage.

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer sur marathon cette année, vous qui êtes plutôt une pistarde au départ ?

Comme beaucoup de demi-fondeurs et fondeurs, je souhaitais m’essayer un jour à cette épreuve mythique qu’est le marathon. Avec un enjeu : la qualification aux jeux olympiques 2008. Sur 10000 m, les minimas sont très élevés. Mais ça ne signifie pas que je laisse tomber cette distance. J’attends de connaître les modalités de sélection pour Pékin mais, dans l’idéal, j’aimerais ne plus m’aligner sur marathon avant les jeux olympiques si je réussis les minimas à Paris.

Le record de France de Chantal Dallenbach, 2h28’27", vous y pensez ?

Non, pour un premier marathon, il faut bien faire les choses pour pouvoir ensuite revenir sur la distance. Je vais bien gérer mon effort. Je ne voudrais pas abandonner. J’aurais un lièvre. On partira sur les bases de 2h31. Ce sont les minimas pour les Mondiaux d’Osaka.