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De la mousse au carbone : L’évolution de la réglementation des chaussures de course

Publié le vendredi 25 juillet 2025 à 09h48min

Les performances sur marathon ont toujours été influencées par les progrès technologiques, mais c’est à partir de 2016–2017 que la situation s’est radicalement transformée avec l’arrivée des premières « super chaussures » combinant mousses ultra-réactives et plaques en carbone. Ces innovations ont conduit World Athletics à intervenir pour préserver l’équité.

Depuis 2020, la World Athletics (anciennement IAAF) encadre strictement les chaussures utilisées en compétition afin d’assurer l’équité entre athlètes et d’éviter que des innovations techniques démesurées ne faussent les performances. Ces règles s’appliquent notamment aux marathons homologués sur route.

Les règles principales en vigueur

  • Hauteur de semelle maximale : 40 mm
    Toute chaussure utilisée sur route en compétition officielle ne doit pas dépasser 40 mm de hauteur de semelle. Au-delà, elle est déclarée non conforme et l’athlète risque disqualification ou annulation du temps.
  • Plaque rigide unique :
    Une seule plaque rigide fonctionnelle est autorisée, même si elle peut être composée de plusieurs éléments formant un seul plan mécanique. Les systèmes articulés ou à ressorts actifs sont interdits.
  • Disponibilité commerciale :
    Toute chaussure utilisée en compétition doit être disponible dans le commerce au moins 4 mois avant son utilisation. Cela vise à limiter l’usage de prototypes non accessibles au public. Nota : Cette exigence de 4 mois s’applique strictement aux compétitions labellisées World Athletics. Les coureurs amateurs, dans des épreuves sans label, peuvent parfois courir avec des modèles plus récents sans disqualification formelle.
  • Homologation implicite par modèle :
    World Athletics publie régulièrement une liste des modèles autorisés, mise à jour sur son site officiel. Les chaussures portées par les élites lors des grands marathons sont systématiquement vérifiées.

Les modèles interdits
Certains modèles expérimentaux, souvent utilisés lors d’événements non officiels ou de records non homologués (ex : Kipchoge à Vienne en 2019), sont exclus de la compétition. Ces modèles incluent :

  • Des prototypes dépassant les 50 mm de hauteur,
  • Des chaussures avec technologie non passive (ressorts dynamiques, plaques multiples)
  • Des modèles jamais commercialisés (ou commercialisés trop tardivement).

Ces modèles ne figurent pas sur la liste blanche de World Athletics et sont donc interdits en compétition officielle.

Chronologie des grandes étapes réglementaires

  • 2017 : Nike Vaporfly 4%
    Première apparition publique d’une chaussure qui utilise à la fois une mousse ZoomX à très haut rebond et une plaque en fibre de carbone. Le modèle est porté par Eliud Kipchoge à Berlin et intrigue par ses performances.
  • 2018 : Débat scientifique et éthique
    Les premières études indépendantes (Hoogkamer et al.) confirment que la Vaporfly réduit la dépense énergétique de 4 %. Les performances explosent, les records tombent. Plusieurs fédérations nationales commencent à contester l’avantage perçu.
  • 2019 : Projet Ineos 1:59
    Kipchoge court le marathon en 1h59m40s à Vienne, chaussé d’un prototype Nike Alphafly à triple chambre d’air et plaque carbone multiple. Bien que non homologué, ce record relance le débat sur la validité technique.
  • Janvier 2020 : Réaction officielle de World Athletics
    World Athletics publie une première réglementation officielle, qui entre en vigueur immédiatement :
    • Hauteur de semelle maximale fixée à 40 mm pour la route
    • Limitation à une seule plaque rigide
    • Obligation de commercialisation 4 mois avant usage en compétition.
  • 2021 : Liste blanche des modèles
    Pour garantir la transparence, World Athletics publie une base de données publique, interrogeable en ligne, répertoriant tous les modèles autorisés avec leurs caractéristiques techniques (hauteur, plaque, date de mise en vente). Toute chaussure utilisée dans les grandes compétitions doit y figurer.

Consulter la base de données

  • 2022–2024 : Affinage du règlement et contrôles renforcés
    Des précisions sont apportées sur les configurations tolérées, telles que les unités d’air (“pods”), les plaques incurvées ou les mousses à compression différenciée. Les juges peuvent demander inspection des chaussures avant ou après course, en particulier lors des championnats du monde ou des courses labellisées.
    À compter du 1er novembre 2024, World Athletics limite à 20 mm la hauteur maximale de semelle pour toutes les chaussures utilisées sur piste ou en stade (courses, sauts, lancers), quelle que soit l’épreuve. Cette règle est plus stricte que celle de 2020 (25 mm pour les distances ≥ 800 m et 20 mm pour le reste), et concerne un champ plus large, incluant désormais les pointes et chaussures de saut.

Consulter les règlements techniques

  • 2025 : Situation actuelle
    Depuis fin 2024, la nouvelle limite de 20 mm sur piste est pleinement appliquée pour toutes les chaussures, y compris les pointes et modèles de saut, afin d’harmoniser les équipements d’athlétisme en stade.
    Depuis juin 2025, un organe indépendant mandaté par World Athletics est chargé de valider les modèles via un portail dédié, de contrôler leur usage lors des grandes compétitions, et de superviser les procédures d’homologation de records.
    Le marché est désormais stabilisé. Toutes les grandes marques proposent des modèles conformes et optimisés pour les 40 mm réglementaires. La plupart des marathons élite sont disputés avec ces modèles « à la limite » mais légaux. Le débat s’est déplacé vers l’interaction entre chaussure et revêtement, et la combinaison optimale.

Évolutions possibles après 2025 : vers une régulation intégrée chaussure-surface
Alors que la décennie 2015–2025 aura été marquée par la standardisation du matériel et la consolidation d’un cadre réglementaire sur les chaussures, plusieurs signaux laissent penser que l’après-2025 s’orientera vers une approche plus globale de la performance. World Athletics, tout comme certains chercheurs et organisateurs de courses, envisagent désormais de regarder au-delà de la seule chaussure, pour s’intéresser à l’interaction complète chaussure + revêtement + contexte de course.

Des marathons ultra-rapides comme ceux de Valence, Berlin ou Chicago exploitent aujourd’hui des chaussées très lisses, bitumées avec des granulométries spécifiques, parfois couplées à une absence totale de virages serrés ou de relief. Le « facteur sol » devient une composante presque aussi influente que la chaussure. Combiné à des chaussures maximisant le retour d’énergie au contact, cela crée un effet synergique sur la propulsion, la cadence et l’économie de course.

Des voix s’élèvent déjà pour demander une harmonisation des parcours ou un contrôle plus strict des revêtements, au même titre que l’on contrôle les pentes (règle des 42 mètres de dénivelé max) ou la température en compétition officielle. Certains évoquent même un « index de rendement du parcours », à calculer à partir de la texture du sol, du nombre de virages, de la densité de l’air, ou de la dureté de l’asphalte. Une telle évolution obligerait à redéfinir la notion de record sur route, voire à classer les courses selon des coefficients correcteurs (à la manière des classements handisport ou du ski alpin).

Si cette voie est encore théorique, l’intensité de la compétition entre marques, la quête de performances et l’analyse fine des moindres gains la rendent probable à moyen terme. En somme, après la guerre des chaussures, pourrait venir le temps des « super routes » à réguler elles aussi.

Des chaussures encadrées, mais une performance en perpétuelle évolution
L’introduction de réglementations strictes par World Athletics a sans conteste permis de réinstaurer une forme d’équité dans le monde du marathon. En posant des limites claires sur la hauteur de semelle, les plaques rigides ou la disponibilité commerciale, la fédération internationale a su réagir à temps à la révolution amorcée par les super chaussures. Ces garde-fous ont encouragé les marques à innover dans un cadre partagé, au bénéfice de tous les coureurs, élites comme amateurs.

Mais le marathon reste une discipline évolutive, façonnée autant par la technologie que par l’environnement. Alors que les chaussures atteignent aujourd’hui leur limite réglementaire, c’est vers le revêtement, la stratégie, la biomécanique et la combinaison des facteurs que se déplacent désormais les leviers de la performance. En 2025, la chaussure n’est plus seule à porter le record : elle fait partie d’un tout, et c’est cette interaction subtile que les années à venir chercheront à comprendre, puis à encadrer.

La prochaine révolution ne viendra peut-être pas de la mousse, ni du carbone, mais de ce qui se trouve sous la semelle et autour du coureur.


Voir en ligne : Marathons



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