Hicham El Guerrouj repart vers les sommets

Pas facile de quitter la piste aux étoiles pour la piste tout court quand le monde entier réclame, semaine après semaine, le "roi" Hicham. Ce dernier, de passage à Paris lundi à la demande d’un de ses parraineurs, confesse d’ailleurs avoir pris "un mois de retard sur (sa) préparation."

"La reprise a été très difficile car j’ai accepté beaucoup de sollicitations ces derniers mois. J’essaie de rentrer dans ma préparation. J’ai presque un mois de retard, mais je suis sur la bonne voie", explique-t-il.

Il n’était que temps de laisser de côté les honneurs et repartir, d’ici une semaine, très probablement vers les sommets d’Ifrane au Maroc, ou si le temps ne le lui permet pas, aux Etats-Unis.

Les Mondiaux-2005 de cross-country, en mars à Saint-Galmier (France), figurent bien dans l’agenda du double champion olympique marocain sans qu’il soit encore certain d’y participer. Une décision sera prise "10 à 15 jours avant l’évènement", déclare El Guerrouj qui reste focalisé sur le titre mondial du 5000 m.

"Spectacle"

"A partir de juin, je ferai une préparation spécifique pour le 5000 m, annonce-t-il. Si je me prépare pour le cross, c’est pour gagner. Sinon, je n’ai pas envie d’y aller. Cela fait 15 ans que j’ai arrêté le cross. Cela rentre dans ma préparation pour le 5000 m."

Outre la première place sur 5000 m, l’enfant de Berkane rêve de battre le record du monde de cette distance, détenu par son rival éthiopien Kenenisa Bekele.

"Cette saison est importante pour moi car je souhaite terminer ma carrière en beauté. Si je suis champion du monde du 5000 m, je ferai la tournée des meetings en 2006", indique-t-il, souhaitant que cette saison 2005 soit "pleine de spectacle."

En guise de spectacle, le néo-trentenaire a eu droit lundi à un énième visionnage de ses exploits athéniens. Cravaté et costume sombre impeccable, El Guerrouj se regarde vêtu d’un short rouge et maillot vert, d’abord un peu tendu devant l’écran malgré les mois écoulés, souriant et relâché une fois la ligne franchie.

Pékin en spectateur

"A chaque fois que je revois cette course, je suis toujours stressé", avoue-t-il timidement, répétant à l’envi sa joie et sa fierté d’être "entré dans la famille de l’olympisme."

Son visage s’assombrit seulement quand on évoque le récent décès de la fiancée de son rival Bekele.

"Je n’ai pas réussi à le joindre mais je suis vraiment triste et je lui présente mes condoléances", dit d’une voix sombre celui qui est père d’une petite fille depuis juin dernier.

La compétition continue, malgré tout, et El Guerrouj d’évoquer un autre rendez-vous, le match international Afrique/Europe qui doit avoir lieu en septembre pour lequel il a dit "oui à 90%", sans encore savoir sur quelle course il pourrait s’aligner.

Et les Jeux de Pékin en 2008 ? "Seulement comme spectateur", sourit-il avant de marquer une notable pointe d’hésitation.

"Je ne sais pas, je ne pense pas, reprend-il. Cela demande beaucoup d’énergie et psychologiquement, j’ai déjà commencé un peu à lâcher. Pour l’instant, je me concentre uniquement sur les deux dernières années de ma carrière."

Seule certitude chez ce champion à la politesse et au sourire inaltérables : "J’arrêterai le jour où j’arrêterai de donner du bonheur aux gens."