JO 2012 : Olympie, entre Broadway et GroundZero
Publié le mercredi 23 février 2005 à 12h32min
Gros budget et dossier hollywoodien. Pour combler son retard dans la course aux jeux 2012, New York sort le grand jeu, depuis lundi, au comité d’évaluation du CIO.
New York veut leur en mettre plein la vue. La ville à la statue de la liberté reçoit, depuis lundi, les membres de la commission d’évaluation chargée d’aider le comité international olympique dans son choix de la ville hôte des jeux de 2012. Et, comme il se doit, les promoteurs de la candidature « New York 2012 » ont sorti le grand jeu afin d’épater les treize paires d’« yeux » du CIO.
Pour attirer les suffrages le 6 juillet prochain, la « Grosse Pomme » a inscrit dans sa candidature tout ce qui participe à sa renommée. Manhattan, le Bronx, Brooklyn, Long island et le Queens (mais pas Harlem), tous ces quartiers devenus mythiques, seront bien sûr hôtes des compétitions. Le Madison Square Garden a, lui aussi, été réquisitionné pour le basket (la boxe a été oubliée !), tout comme Flushing Meadows, lieu de compétition de l’US Open de tennis, ainsi que les Giants et Yankee Stadiums.
Tout ce qu’il reste à construire fait l’objet d’un scénario hollywoodien classé X. Le plan du New York olympique ressemble en effet à une grande croix formée par les deux axes de communication, l’East River et l’une des lignes de métro, et dont le centre est le village olympique. Situé face à Manhattan et au siège de l’ONU, ce gigantesque complexe doit redynamiser le Queens, le long de l’East River. Les appartements destinés aux athlètes dans ces immeubles disséminés sur les vingt-quatre hectares de ce village deviendront ensuite des appartements de luxe. Autre projet pharaonique : l’édification d’un stade olympique de 78000 places pour l’athlétisme, la finale du foot et les cérémonies d’ouverture et de clôture. La très grande majorité des sites serait située dans un rayon de trente-deux kilomètres autour du village et utiliserait les nombreuses infrastructures déjà existantes, pour alléger la note.
Malheureusement pour New York, le soutien populaire achoppe sur le coût des jeux. Si les habitants sont conscients que l’organisation d’un tel événement pourrait redynamiser des quartiers laissés jusque-là à l’abandon, tout à malheureusement un prix. Et tout sera payé par le privé et la ville. L’ensemble du dossier pèse 5,7 milliards d’euros, avec 980 millions d’euros pour la construction du stade olympique et 1,1 milliard pour celle du village. Le stade gêne le plus les contribuables. Le maire adjoint de New York, Dan Doctoroff, fondateur du groupe de candidature NYC 2012, les a déjà prévenus : « Nous n’aurons pas les jeux si nous ne pouvons pas les convaincre que nous aurons un stade olympique ».
D’autre part, la localisation très centrale du village olympique fait craindre un embouteillage de la ville lors des compétitions, notamment aux points de passage obligés que sont les ponts enjambant l’East River. Enfin, le calendrier n’est pas tellement favorable à New York. En 2010 auront lieu les JO d’hiver à Vancouver, au Canada. Donner les jeux aux États-Unis enfreindrait la règle, certes non écrite, de l’alternance des continents. De plus, les JO de 1996 d’Atlanta n’ont pas laissé un souvenir impérissable et ceux d’hiver de Salt Lake City en 2002 resteront entachés par la corruption. Pire, s’ils avaient lieu à New York, les JO se dérouleraient en pleine campagne pour la présidentielle. De quoi enlever de l’impact médiatique.
Au diapason du pays, NYC 2012 joue actuellement sur la vocation quasi messianique des États-Unis. « La ville aspire à servir l’humanité : elle mobilisera ses immenses ressources pour rendre hommage aux athlètes et célébrer l’idéal olympique d’un monde meilleur grâce au sport ». Les attentats du 11 septembre 2001 restent aussi dans les esprits. Le siège du comité de candidature donne ainsi sur l’emplacement de l’ex-World Trade Center. Classée quatrième par le CIO au moment de la désignation des villes candidates, New York utilise donc tous ses atouts, de Broadway à Wall Street en passant par Flushing Meadows et « ground zero ». Difficile de dire si la « Grosse Pomme » refera son retard sur les quatre autres requérantes.
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