L’incroyable destinée de Wilma Rudolph (1940-1994)

Née le 23 juin 1940 à St Bethleem, dans le Tenessee. Wilma Glodean Rudolph est la fille d’Ed et Blanche Rudolph. Elle est la 20 ème enfant d’une famille qui en comptait 22 (issus de deux mariages, son père s’étant marié deux fois). Elle déménagea avec sa famille pour Clarksville. Née prématurément, la petite Wilma était d’une santé très fragile. On découvrit lorsqu’elle était jeune qu’elle était atteinte de la polio. (Elle contracta également pendant son enfance d’autres maladies parmi lesquelles la scarlatine, une double pneumonie, ou la rougeole). Pour les médécins, il était clair qu’elle ne pourrait plus jamais marcher car la maladie lui laissait l’usage de la seule jambe droite, la jambe gauche étant gagnée par la paralysie. Malgré le diagnostic pessimiste des médecins, sa mère ne se découragea pas et découvrit qu’un établissement, le « Meharry Hospital », le centre hospitalier de Fisk University à Nashville avait une méthode de lutte contre la maladie.

Elle y emmena deux fois par semaine pendant deux ans la petite Wilma, bien que l’établissement soit distant de plus de 70 kms du domicile familial jusqu’à ce que Wilma pu marcher avec l’aide de bracelets en métal apposés sur sa jambe. Wilma dira plus tard qu’elle avait passé la plupart de son temps à s’imaginer comment les enlever. Les médecins conseillèrent alors à la mère de Wilma de faire suivre à l’enfant des exercices physiques à la maison. Les frères et sœurs de Wilma se succédaient pour lui faire suivre quotidiennement ses exercices, pour effectuer des massages de sa jambe non valide...l’encourager et la motiver. Petit à petit, la situation s’améliora. Elle fut d’abord capable de marcher avec des chaussures orthopédiques, puis finalement à l’âge de 12 ans, elle fut capable de marcher normalement.

Les béquilles, les bracelets en métal et autres chaussures orthopédiques étaient définitivement derrière elle. Elle était définitivement guérie. Ses frères installèrent un panier de basket dans la cour de la maison, et à partir de ce moment, Wilma devint une adepte de ce sport. Au lycée, Wilma Rudolph se révèle être une sportive émérite en basket
(record de l’Etat en nombre de points marqués, victoire remportée lors du championnat de l’Etat, 805 points en 25 matchs). Le coach de l’équipe la surnomma « moustique » parcequ’elle était petite et courait vite. Wilma pratiqua également le sprint, où elle resta invaincue lors de toutes ses courses.

Entraînée par Edward Temple à l’université de Nashville, en 1956, à l’âge de 16 ans, elle participa aux jeux olympiques, remportant une médaille de bronze avec le relais 4x100 mètres. En 1957, Rudolph obtint une bourse et entra à la Tennessee State University, toujours sous les ordres de Temple, un coach d’athlétisme passionné et bénévole, qui était également professeur de sociologie. Il ne badinait cependant pas avec la discipline. Wilma dont le potentiel s’affirmait commença à avoir en tête les jeux olympiques de Rome, qui devaient avoir lieu en 1960. Au cours de cette même année, elle battit le record du monde du 200 mètres (22"9) lors des championnats américains devenant par la même occasion la première femme au monde à descendre en dessous de 23 secondes. Aux jeux olympiques quelques mois plus tard, elle devint une superstar en remportant trois médailles d’or (100 m, 200 m, relais 4x100 m).

Elle participa aux épreuves du 100 m, 200 m et relais 4x100 m. Après avoir égalé le record du monde du 100 m en demi-finales en 11,3 secondes, elle s’imposa en finale avec une avance de trois mètres sur ses adversaires et un temps de 11 secondes. Un vent trop favorable (2,47 m) la priva malheureusement d’un record du monde officiel dans cette épreuve. Trois jours plus tard, elle remporta une victoire facile sur 200 m. Enfin, dernière relayeuse du 4x100 m, elle offrit à l’équipe américaine un record du monde en demi-finales, avant d’ajouter un troisième titre olympique à son palmarès en finale. Certains journaux la surnommèrent la perle noire, d’autres "la gazelle noire" pour sa vélocité, sa grâce et sa beauté.

Lors de son retour de Rome, le gouverneur du Tennessee, Buford Ellington voulut organiser une cérémonie de retour en son honneur. Wilma Rudolph lui répondit qu’elle ne participerait pas à ces célébrations si les noirs n’y participaient pas également. Elle ne voulait pas de ségrégation raciale lors de cet événement. La parade et le banquet donnés en son honneur furent les premiers événements intégrés de sa ville d’origine, Clarksville. L’année suivante, en 1961, Wilma Rudolph égalera à nouveau le record du monde du 100 m (11,3 secondes), avant de l’améliorer quatre jours plus tard d’un dixième de seconde (11,2 secondes). Elle établira également un autre record du monde, avec l’équipe américaine de relais. Sa brillante carrière prendra fin en 1962, année de son retrait de la compétition. Elle se consacrera alors à l’entraînement et à l’enfance défavorisée.

Sa carrière terminée, Wilma Rudolph se reconvertit comme coach d’athlétisme, se maria en 1963, eut quatre enfants. Elle servit également comme « ambassadrice de bonne volonté » aux jeux de l’amitié à Dakar en 1963. Elle travailla comme consultante sportive notamment. Elle créa aussi la Wilma Rudolph Foundation dont le but était de venir en aide aux jeunes sportifs issus de milieux défavorisés. Son autobiographie intitulée « Wilma », fut publiée en 1977. Elle mourut le 12 novembre 1994 d’une tumeur au cerveau. Wilma Rudolph fait partie des 50 meilleurs athlètes de tous les temps, et figure dans le "US Olympic Hall of Fame" des sportifs américains. L’Etat du Tenessee lui rendit hommage en faisant du 23 mars 1997 le "Wilma Rudolph Day". Un timbre à son éffigie fut édité par l’US Postal Services en 2004.