L’itinéraire grandiose du 34 ème marathon de Berlin

La ligne de départ du marathon berlinois, dans la rue du 17 juin, a de quoi impressionner. Dans votre dos, la porte de Brandebourg ; sur votre droite, le mémorial soviétique ; face à vous, la colonne de la victoire qui trône fièrement au milieu du Tiergarten. Trois imposants éléments d’histoire, placés ici comme un jury final, qui vous interrogent : serez-vous ici de retour dans quelques heures ? Franchirez-vous la ligne d’arrivée ? Le doute vous gagne, mais cela leur est bien égal : ils ont déjà vécu bien pire, eux.

Berlin-Est : facile !

Les premiers kilomètres à travers le Tiergarten se font les doigts dans le nez. Le tracé remonte ensuite l’avenue Alt-Moabit, qui se révèle être un dégradé d’habitats sociaux différents : l’avenue rénovée et bourgeoise à son extrémité ouest semble comme s’appauvrir au fur et à mesure qu’on s’avance vers l’Est. Changement d’ambiance avec la superbe du Berlin nouveau : on franchit le quartier gouvernemental en se faufilant, modeste, entre la chancellerie, la gare centrale et le Reichstag. La Torstrasse permet d’atteindre l’Alexanderplatz et de saluer la tour de la télévision. Via le pont de Jannowitz, on débarque ensuite dans un tout autre monde : celui de Kreuzberg et de sa population cosmopolite. Quelques vieilles femmes voilées mendient, tandis que des jeunes filles turques, elles non voilées, font les courses. La Kottbusser Strasse grouille d’activité, prouvant s’il en était encore besoin la diversité culturelle de Berlin.

Revoir Kennedy

Après l’église Südstern, un nouveau changement s’opère : d’un quartier coloré et branché, on s’enfonçe progressivement dans une zone plus glauque. Bienvenue à Yorckstrasse, ses immeubles tristes, sa gare abandonnée, son tunnel de voies ferrées, sa pollution ostentatoire. A Schöneberg, l’histoire surgit à nouveau au détour d’une rue : l’imposant hôtel de ville du quartier s’impose à vous, d’un coup, sans prévenir. C’est dans ce bâtiment massif de pierre grise que Kennedy a prononcé son fameux : "Ich bin ein Berliner !".

Un parfum de campagne

Viennent après cela Wilmersdorf et ses quartiers bourgeois : Friedenau et ses larges allées bordées d’arbres, puis Schmargendorf, qui offre un tout autre visage de Berlin. La ville prend ici l’aspect d’un village britannique. Les richissimes pavillons côtoient de charmants cottages, il y a comme une odeur de crottin de cheval. Ce parfum de campagne vous emplie les poumons, alors que la course devient pénible et que les pieds traînent. On s’arrêterait bien au milieu des champs de blé pour cueillir un ou deux épis, mais il faut continuer : de belles choses attendent encore les plus courageux. Le retour vers le centre s’engage par une artère interminable : le Hollenzollerndamm, avec lequel on enjambe le périphérique berlinois. Où on découvre qu’il peut y avoir sur le « ring » autant de trafic qu’à Paris !

Un final grandiose

Après avoir vaincu Ku’Damm, on a une nouvelle pensée pour l’histoire en arrivant à la Gedächtniskirche. Longtemps après surgit, tel un volcan, le splendide dôme de la Potsdamer Platz. La Leipziger Strasse, plutôt sinistre, constitue la dernière difficulté du parcours : tout au bout de cette rue, sur l’île aux musées, l’histoire vous attend. Le passage devant le Palais de la République, ouvrage symbolique de la RDA, est très émouvant. Le bâtiment, actuellement en démolition, semble vous dire adieu. Mais vous n’avez pas le loisir de vous apitoyer sur son triste sort : devant vous s’ouvre la dernière ligne droite. Et quelle ligne ! Une des plus belles avenues du monde : Unter den Linden. Tour à tour défilent, comme pour vous féliciter, la cathédrale, les musées, l’opéra, l’université Humboldt et enfin, tout au loin…la porte de Brandebourg. Dans cette débauche de monuments qui tient à ce moment-ci du mirage, vous accomplissez votre miracle : terminer le marathon de Berlin. Dans l’indifférence générale, comme tant d’anonymes. Vous venez de vivre un grand moment d’histoire. Celle de Berlin et de la votre.

– 34 ème marathon de Berlin

Départ rue du 17 juin, arrivée porte de Brandebourg.
Samedi 29 septembre : course des enfants (départ 14h) et course de rollers (16h30).
Dimanche 30 septembre : course des adultes (départ 9h).