La génération montante sort les crocs
Publié le lundi 14 mars 2005 à 13h09min
Merritt, Clement, Spearmon junior... Trois noms à retenir. Trois jeune athlètes américains qui ont réussi, en l’espace d’un mois, à chambouler, sur 400 et 200 mètres, une hiérarchie bien établie en faisant une entrée, discrète mais remarquée, dans le clan très fermé des meilleurs performers de l’histoire.
Si l’athlétisme américain a connu, ces deux dernières années, plus de bas que de hauts, la génération montante semble fermement décidée à redorer un blason salement écorné par le tristement célèbre scandale Balco. Et pendant que les professionnels, fatigués par une saison hivernale passée à courir les meetings européens, planchent sur la meilleure tactique à adopter pour mieux se préparer, au mieux, aux championnats du monde à venir (Helsinki-Finlande, 6-13 août), la relève n’en finit plus de faire parler d’elle.
A commencer par le jeune Lashawn Merritt. Engagé, le 11 février dernier, au départ du 400 mètres comptant pour la réunion de Fayetteville, le jeune quater miler, 18 ans, crée la sensation en réalisant un chrono de 44’’93, deuxième meilleure performance indoor de tous les temps sur la distance, à 20 centièmes du record du monde de son illustre aîné, Michael Johnson (44’’63, 1995). Un coup d’éclat remarqué pour l’élève de Bill Carson qui signe, quelques semaines plus tard, un contrat d’un an avec l’équipementier Nike.
Merritt désormais professionnel, l’étudiant de l’université de Caroline Est se voit contraint de déclarer forfait pour les championnats universitaires qui débutent quelques jours plus tard... à Fayetteville. Un rendez-vous très prisé auquel se présente Kerron Clement. Engagé, lui aussi, sur 400 mètres, l’américain, 19 ans, originaire de Trinidad et Tobago survole la course franchissant la ligne d’arrivée en 44’’57 avec sept mètres d’avance sur son dauphin Terry Gatson (45’’29) !
« Si je suis son parcours, je me réserve un bel avenir »
Un nouveau record du monde pour Clement qui efface des tablettes la marque de Johnson et devient le troisième homme, avec « M.J » et Merritt, à franchir la barre mythique des 45 secondes. « C’est stupéfiant s’amusait-il après avoir pris connaissance de son chrono. Je ne peux pas décrire ce que je ressens. Plus sérieusement, j’ai envie de crier. J’étais si confus lorsque j’ai su que j’avais battu le record du monde du grand Michael Johnson... Et maintenant, je l’ai ! ».
Deux quater milers exceptionnels obligés de se partager les faveurs des gros titres de la presse américaine avec un troisième larron, Wallace Spearmon Junior, spécialiste, pour sa part, du 200 mètres. Un Spearmon devenu, en cette fin de semaine, le nouveau recordman US sur la distance après avoir empoché la mise sur la distance en 20’’10, deuxième meilleure performance indoor de tous les temps à 18 centièmes de la marque de référence sous contrôle, depuis 1996, du néo retraité Franckie Frandericks. « J’ai rempli mon objectif qui était de gagner s’expliquait, posé, ce brillant étudiant de l’université d’Arkansas. Le chrono est venu avec, ce n’est pas vraiment une surprise, c’est un bonus. Je me rapproche maintenant de Fredericks. Si je suis exactement son parcours, je ne sais pas mais je crois que je me réserve un bel avenir ».
Trois athlètes exceptionnels, pleins de fraîcheur, qui pourraient, dans un avenir très proche, chambouler une donne bien établie et pousser, sans ménagement, vers la sortie, les ténors de leurs disciplines respectives. Trois jeunes athlètes en devenir aux ambitions clairement affichées : faire, de nouveau, des Etats-Unis, le pays référence, avec discrétion et sobriété, mais non sans bruit.
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