Calendrier, Résultats et Actualités des Marathons
vous etes ici : Accueil » Athlétisme » Ladji Doucouré « sur une jambe et demie »

Ladji Doucouré « sur une jambe et demie »

Publié le mercredi 16 avril 2008 à 07h38min

Le hurdler Ladji Doucouré, qui a fait l’impasse sur la saison en salle à cause d’une blessure au genou, retrouve peu à peu ses sensations. Le champion du monde 2005 du 110 m haies, 25 ans, se prépare dans la sérénité après deux saisons et demie gâchées par les blessures. Interview.

Comment allez-vous depuis votre forfait début février pour la saison en salle ?

Beaucoup mieux même si je ne sens encore pas trop le bout de mon pied. Mais j’essaye de ne pas y penser. Il y a encore trois semaines, je passais les haies en marchant. Désormais, en courant, en travaillant jusqu’à la pointe du pied. Mais pour l’instant, je fatigue encore un peu vite.

En résumé, vous courez sur une jambe ?

Non sur une jambe et demie. Mais j’essaye de faire au mieux chaque séance.

Depuis le 4 septembre 2005 et votre blessure à la cheville à Berlin, vous avez accumulé les blessures. Inutile de vous demander de quoi elles vous ont privé mais que vous ont-elles apporté ?

L’obligation de travailler mon mental, de m’autogérer sans jamais baisser les bras, d’être méga-vigilant sur chaque petit détail, de continuer à avancer même si je ne sais pas trop où j’en suis.

Encore aujourd’hui ?

Oui encore aujourd’hui ! Je travaille bien, j’avance tranquillement sans douleur. Actuellement, je suis à 100 %, en passe d’être à 110 % et bientôt à 120 %. Pour mieux peaufiner les détails, il faudrait que je sois à 200 %. Mais je ne m’affole pas. Certes, j’ai l’impression d’avancer au ralenti mais l’essentiel est d’avancer.

Que vous dites-vous ?

Après m’être fait trois fois les ischios en 2004, je suis arrivé in extremis aux JO d’Athènes. Et je fais quand même de bons Jeux, huitième en 13"06. Depuis, je me sais capable de me sortir de situations difficiles. Finalement, j’en arrive à la conclusion que je suis un mec de challenges.

C’est-à-dire ?

Après mes deux titres mondiaux en 2005 sur 110 m haies et 4x100 m, j’étais arrivé très haut. Entre la fin des Jeux d’Athènes un peu mal vécue parce que je bute sur la dernière haie et les Mondiaux d’Helsinki en 2005, j’ai pris énormément sur moi, j’ai pompé énormément d’énergie pour parvenir si haut. Après mes deux titres, je n’avais plus envie de courir. Malheureusement, c’est là que les gens vous attendent. Alors j’ai continué, à l’arrache. Et mon corps m’a arrêté début septembre 2005.

Vous n’aviez plus envie de courir ?

J’avais envie de m’entraîner, de travailler avec mon groupe. Mais je n’avais plus les crocs pour la compétition, plus la hargne pour me surpasser, j’étais vidé. Dans la foulée, les blessures n’ont cessé de s’enchaîner. A partir de là, j’ai vraiment vécu le revers de la médaille.

Vous le regrettez ?

Non, il fait partie du jeu. Désormais, je ne vis plus en disant "je voudrais", "tu pourrais", je ne me projette plus dans le futur. Je vis dans le présent en me disant "tu es capable", en positivant chaque séance. J’ai aussi appris à courir différemment, à apprivoiser d’autres sensations, à prendre d’autres marques. Résultat, je suis un peu reparti de zéro. Avec d’autres armes, je reviendrai plus fort. Quelque part, j’aime ce nouveau challenge même si je ne le descends pas à pleine vitesse. Je ne suis plus un pilote appuyant sur le champignon mais un pilote metteur au point. Et puis, allez savoir, si après mes deux titres tout avait encore super bien roulé, je serais certainement tombé dans une routine qui m’aurait emmenée où ? Peut-être même à arrêter ma carrière.

Aujourd’hui, quelle sensation essentielle avez-vous perdu ?

Je ne me sens plus voler depuis longtemps, je ne me sens plus au-dessus de tout. Mon dernier bon souvenir remonte à ma demi-finale des France en 2007.

Pour quoi signeriez-vous à Pékin ?

D’abord pour une qualification. Puis pour des sensations. Moi, après, je fais le reste.

A quand votre retour sur une piste ?

Pour le premier tour des Interclubs mais seulement au lancer du poids : j’espère battre mon record de 13,33 m.

Mais vous vous entraînez au poids ?

Non, je m’entraîne juste en "muscu" en poussant sur les bras.

A propos de musculation, il paraît que vous êtes devenu une vraie centrale électrique ?

Je travaille avec un nouveau petit boitier fixé sur la barre. D’un côté, il me motive parce qu’il me donne ma puissance en kilowatt/heure. Donc je me bats contre lui. D’un autre côté, je ne peux plus tricher. Il moucharde toutes les infos à mon entraîneur : souffler comme un mort ne déclenche plus son indulgence.

Certains ont évoqué votre passage sur le 400 m haies, qu’en est-il ?

Après mon passage en décathlon, j’étais devenu l’héritier de Stéphane Diagana. Jusqu’aux Jeux de Pékin, je reste sur le 110 m haies. Ensuite, j’aviserai avec mon entraîneur. Mais après, pourquoi ne pas tenter un nouveau challenge sur une autre discipline ?


Voir en ligne : La Tribune

Sur le même sujet



Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.