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Lutte antidopage : Naman Keita et Florent Lacasse témoignent

Publié le vendredi 5 décembre 2008 à 08h15min

Mercredi, à Arras, s’est tenu le dernier colloque de l’année, d’une longue série entamée en mai, autour de la thématique de la prévention et de la lutte contre le dopage. Huit rendez-vous comme celui-là ont été organisés depuis mai dernier par la Fédération Française d’Athlétisme.

L’objectif ? Informer sur les dangers du dopage les athlètes, les entraîneurs et les dirigeants. Mais aussi instaurer un dialogue avec les représentants de la FFA, le corps médical et des athlètes comme Naman Keita, médaillé de bronze sur 400 m haies aux Jeux olympiques d’Athènes et Florent Lacasse, le spécialiste du 800 m. Tous deux ont été suspendus pour deux ans après avoir été contrôlé positif à la testostérone en 2007. Ils ont accepté de témoigner en racontant leur expérience. Interview.

Pourquoi avez-vous accepté de participer à ces colloques sur la prévention et la lutte contre le dopage ?

Florent Lacasse
C’est une démarche complètement volontaire. J’ai organisé un peu de mon côté un premier colloque à Salon-de-Provence grâce à Laurence Vivier, conseillère Technique et Sportive à la Ligue de Provence. Puis, j’en ai monté un second à Manosque. Les deux se sont bien passés même si je m’attendais à ce qu’il y ait un peu plus de monde. J’ai ensuite participé à quatre colloques organisés par la FFA, à Châlons-en-Champagne, Cognac, Marseille et Blois.

Naman Keita
J’ai manifesté dès mon passage devant l’Organe de Discipline de la FFA mon envie de faire passer un message. De montrer que ce que j’ai vécu peut arriver à n’importe qui. J’ai commis un accident de parcours. En allant partager mon expérience, ma sanction a une utilité.

Avez-vous ressenti une petite pointe d’appréhension avant le premier colloque auquel vous avez participé ?

N.K
J’étais confiant car je n’avais rien à me reprocher. Mais, pour un premier colloque, il y avait forcément une petite appréhension. D’habitude, je suis plutôt de l’autre côté, dans le public !

F.L
J’ai fait une bêtise. Je l’ai payé cher. Le produit que j’ai pris ne servait pas à améliorer mes performances mais il était interdit donc il y a eu sanction. Vu que je n’avais rien à cacher, je n’ai pas eu d’appréhension.

Quel message avez-vous délivré ?

F.L
L’athlète n’est pas simplement une machine. Il peut avoir des moments de doute et de fatigue. Le plus important, c’est la récupération. Elle doit être prise en compte par l’athlète mais aussi par l’entraîneur. Les gens hors structures doivent tisser des liens plus importants avec la FFA et leur Ligue sur le plan du suivi médical. Il faut, à un moment, arrêter de se dire que le sport de haut niveau doit être dur tous les jours. Eviter l’isolement doit également être une priorité. En quittant l’INSEP, je me suis retrouvé seul avec mon entraîneur que je ne voyais que deux fois par semaine. Il faut garder un groupe d’entraînement. Quand tu es seul et que ça se passe mal, tu peux avoir tendance à te croire tout permis et vivre dans ta bulle.

N.M
De mon côté, j’ai essayé de délivrer un message de prévention. Il ne faut jamais laisser l’athlète seul, même si notre sport est individuel par nature. J’ai pu montrer qu’il y avait une différence entre le vrai dopage et les bêtises que l’on peut et que l’on doit éviter.

Un dialogue a-t-il pu s’instaurer avec la salle ?

N.M
Les colloques se terminaient toujours par les questions du public avec un vrai dialogue. Il y avait surtout des dirigeants et ça manquait un peu d’athlètes. Mais ce n’est que le début, les gens viennent découvrir. La FFA est la seule fédération à faire ça. Elle a même reçu les félicitations de l’Agence Française de Lutte contre le Dopage.

F.L
Moi, on m’a posé des questions un peu pièges. Et c’est ça qui est intéressant. Si on nous caressait dans le sens du poil, ça n’aurait aucun intérêt.

Il vous reste à tous les deux moins d’un an de suspension. Souhaitez-vous revenir sur les pistes ?

F.L
Je m’entraîne depuis janvier avec un nouveau coach, Bertrand Carpentier. J’ai effectué des tests sur 800 m pour voir où j’en étais. J’ai couru à l’entraînement en 1’46"50 à Nice le 4 août. Contrat rempli. J’estime qu’avoir réalisé ce chrono seul, sans être tiré, ce n’est pas mauvais. J’ai mis en place tout ce qu’il fallait pour être en forme à mon retour l’été prochain.

N.M
J’ai repris l’entraînement il y a quelques semaines. Je ne peux pas dire que retrouver la piste me démangeait. Mais ça me manquait quand même un peu. Tout de même, faire une pause d’une année m’a fait du bien. Je n’avais pas pris de vacances en août depuis au moins dix ans !

* Propos recueillis par Florian Gaudin-Winer


Voir en ligne : FFA

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