Marathon de Beyrouth : Succès de Tariku Jufar et Seada Kedir

En présence du ministre de la Jeunesse et des Sports, Fayçal Karamé, ainsi que de nombreux ministres, députés et personnalités libanaises, le coup d’envoi de cette neuvième édition a été donné cette année par la légende américaine du 400 m haies, Edwin Moses (double champion olympique aux JO de 1976 et 1984) à 7 heures du matin. La section amateurs (10 km Fun Race) a, quant à elle, été lancée à 9 heures devant le BIEL et l’arrivée était située à la place des Martyrs, dans le centre de Beyrouth.

Comme chaque année, la course 10 km Fun Race a regroupé des ONG qui brandissaient des panneaux pour leurs causes respectives, des comités d’entreprise affichant des slogans divers, des militants de Greenpeace, des activistes d’une association de lutte contre les mines dans le Sud, etc. Des déguisements plus ou moins saugrenus ont complété ce tableau coloré et festif. Il y avait en outre les catégories des 5 km, 42,195 km pour athlètes sur chaises roulantes, « Officials Race » 1 km, « Run with Mom » 1 km et enfin 10 km pour athlètes à mobilité réduite.

Mainmise éthiopienne

La ligne d’arrivée des 42,195 km n’a pas réservé de véritables surprises sur le plan des résultats techniques, dans la mesure où l’Éthiopien Tariku Jufar remportait l’épreuve devant le Kényan Sammy Malakwen et son compatriote James Rotich. Le marathon de Beyrouth réussit bien aux Éthiopiens qui ont enregistré hier leur septième victoire en 9 éditions. Déjà en tête à mi-course, Jufar s’est imposé après une impressionnante échappée en solitaire, pulvérisant au passage d’une poignée de minutes, avec 2 heures 11 minutes et 14 secondes, le record de l’épreuve de Mohammad Hussein (2h16’13"), en 2009.
Côté libanais, Hussein Awada signe le meilleur temps local (2h25’) pour la quatrième année consécutive, sans toutefois parvenir à améliorer son record personnel. Walid Genadry et Omar Issa ont été classés deuxième et troisième (2h29’ et 2h30’).

Chez les dames, c’est également une Éthiopienne, Seada Kedir, qui a décroché la première place avec un temps de 2h31’38", reléguant sa compatriote Bizunesh Urgeza Mohammad à plus d’une minute. La Française Syltan Pretot complète le podium avec un chrono de 2h33’07".
À noter que Tariku Jufar et Seada Kedir ont battu les précédents records du marathon de Beyrouth.

Nesrine Njeim, première Libanaise

Au marathon des Libanaises, l’équipe SGBL/Inter-Lebanon s’est adjugé les 1ère et 2ème places des 42,195 km, léguant la 3ème place au club Élite (ex-vétérans). Nesrine Njeim de la SGBL/Inter-Lebanon fraîchement débarquée des Pays-Bas ne faisait pas de cadeaux à ses adversaires. Elle s’était promis d’améliorer son record personnel du marathon dans la capitale de son pays. Chose faite avec brio avec un chrono de 3h09’, ce qui fait d’elle la Libanaise la plus rapide sur marathon sur le territoire libanais.

À 8 minutes d’intervalle, Marie el-Amm (SGBL/Inter-Lebanon) arrivait 2ème, avec un temps de 3h17’, suivie de près par l’inamovible Elga Trad du club Élite qui améliorait son record personnel avec un excellent chrono de 3h18’. Sonia Wansa Hanna (SGBL/Inter-Lebanon) qui a parcouru les premiers 27 kilomètres aux côtés de Marie a dû se retirer de la course à cause d’un genou qui a lâché complètement.
Pour l’entraîneur des coureuses de SGBL/Inter-Lebanon, Roger Bejjani, ces bons résultats augurent une saison 2012 encore plus faste. Bejjani est confiant que Nesrine courra la distance en dessous de la barre des 3h tandis que Sonia (37 ans en 2012) et Marie (47 ans en 2012) courront la distance en moins de 3h10’.

Edward Maalouf en force

En handisport, le champion paralympique libanais Edward Maalouf a décroché avec brio la première place en 1h25’05", devançant de plus de six minutes l’Allemand Christian Reeb. Un autre Allemand, Ziegler Bernd, se classe en troisième position. Rappelons que Maalouf avait décroché la médaille de bronze aux derniers Jeux paralympiques.

La palme d’or au BMA

Finalement, la palme d’or de ce marathon revient incontestablement à la société organisatrice BMA (Beirut Marathon Association), qui a accueilli plus de 32000 participants de 80 pays, dans une atmosphère de fête, de convivialité et de respect. Encore une fois, May el-Khalil et son équipe ont réussi leur formidable pari issu d’un rêve qui a commencé il y a neuf ans. Chapeau donc aux organisateurs, aux membres de la Croix-Rouge, aux Forces de sécurité intérieure et à l’armée libanaise, ainsi qu’aux bénévoles de tout poil qui ont su, le temps d’une journée, réunir les Libanais, toutes tendances politiques confondues. Reste à l’État de mettre la main à la pâte et surtout à la poche, pour l’édition 2012.

En effet, sur le plan de l’organisation, le marathon de Beyrouth n’a plus rien à envier aux grandes villes organisatrices de ce genre de manifestations (New York, Boston, Londres, Paris, Berlin...). Par contre, il faudrait impérativement revoir à la hausse le pactole du vainqueur (10000 dollars actuellement). À titre de comparaison, le vainqueur du marathon de Boston empoche la bagatelle de 500000 dollars. On n’en demande pas tant à l’État libanais, mais un effort pour la prochaine édition serait le bienvenu et aurait pour conséquence directe d’attirer les grands noms du marathon international. Le sport libanais mériterait bien ce genre de consécration.

* Article publié par Makram Haddad