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Marathon et cerveau : quand la myéline s’efface pour alimenter l’effort

Publié le mardi 27 mai 2025 à 11h44min

En avril 2025, une équipe dirigée par Carlos Matute, neuroscientifique espagnol de l’Université du Pays Basque, publie une étude qui ébranle notre compréhension du cerveau humain face à l’effort physique extrême. Pour la première fois, une étude révèle que la course de fond provoque une réduction temporaire de la myéline cérébrale, cette gaine protectrice entourant les neurones. Et surtout : que cette perte est réversible.

La myéline : plus qu’un isolant, une source énergétique ?
Traditionnellement, on considère la myéline comme un « isolant électrique » permettant à l’influx nerveux de voyager plus rapidement. Elle est constituée à 70% de lipides, un détail qui s’avère fondamental dans cette étude.
En période d’effort extrême et de stress métabolique, le cerveau semble puiser temporairement dans cette réserve lipidique comme carburant de secours. Une hypothèse autrefois jugée hérétique … aujourd’hui confirmée par l’imagerie médicale.

Comment l’étude a-t-elle été menée ?
 Protocole :

  • 10 coureurs de marathon, hommes et femmes, âgés de 45 à 73 ans
  • IRM cérébrales réalisées :
    • 48 h avant le marathon
    • 2 jours après
    • 2 semaines après
    • 2 mois après

 Ce qu’ils ont observé :
Une baisse significative de la fraction d’eau myélinique (un indicateur précis de la densité de myéline) dans 12 régions du cerveau, dont :

  • Le cortex moteur
  • Le cortex sensoriel
  • Le cortex cingulaire
  • Le corps calleux

Ces zones sont directement impliquées dans la coordination motrice, la prise de décision, le traitement de la douleur et les émotions.

Que se passe-t-il dans le cerveau d’un marathonien ?
 Pénurie d’énergie : Lors d’un marathon, les réserves de glycogène (glucose stocké) fondent rapidement. Le corps active alors la cétogénèse, utilisant les graisses comme source d’énergie. Et si cela ne suffit pas ?
 Le cerveau pourrait, en dernier recours, mobiliser la myéline comme substrat énergétique. L’étude de Matute suggère une utilisation transitoire des lipides de la myéline pour maintenir la fonction neuronale en période de stress métabolique intense.

Un phénomène réversible (et rassurant)
 Deux semaines après la course, la récupération était déjà entamée, et au bout de deux mois, la myéline avait retrouvé son niveau initial.
Cette plasticité métabolique témoigne d’un système nerveux résilient, capable de sacrifier temporairement des structures pour la survie fonctionnelle, puis de les reconstruire.
 Un mécanisme adaptatif ?
« Cela nous montre à quel point le cerveau est plastique, même à l’âge adulte », explique Matute dans les médias. « Cette découverte n’était pas prévue. Nous cherchions des effets neuroinflammatoires... et nous avons trouvé bien plus. »

Des implications pour la médecine et les neurosciences
 Nouvelles perspectives dans les maladies démyélinisantes : Dans des pathologies comme la sclérose en plaques, la démyélinisation est permanente et pathologique. Si la myéline peut se régénérer après une altération métabolique temporaire, peut-on stimuler ce mécanisme de régénération dans ces maladies ? C’est une piste de recherche prometteuse.
 Vers de nouveaux biomarqueurs : La fraction d’eau myélinique, mesurée par IRM, pourrait devenir un marqueur sensible de l’état énergétique cérébral – non seulement chez les sportifs, mais aussi chez les patients souffrant de fatigue chronique, de dépression ou d’hypométabolisme cérébral.

Une alerte pour les coureurs d’endurance ?
 Loin de dissuader la pratique du marathon, cette étude invite à la prudence et à la préparation.
 L’alimentation comme prévention : La principale recommandation des chercheurs : assurer un apport suffisant en glucides avant et pendant la course pour éviter que le cerveau n’ait à puiser dans la myéline.

« Le cerveau est prioritaire en énergie. S’il est affamé, il trouvera un moyen. Même si cela signifie détruire temporairement sa propre structure », explique un membre de l’équipe dans un commentaire de presse.

Un parallèle évolutionniste fascinant
On peut voir dans cette plasticité une trace de notre héritage évolutif : l’humain est un chasseur de fond. Nos ancêtres parcouraient des dizaines de kilomètres à pied pour traquer leur proie. Dans ces situations de stress, le cerveau devait rester actif, vigilant, fonctionnel. Quitte à sacrifier, temporairement, un peu d’isolation pour continuer à penser, planifier et survivre.

Et maintenant ?
Carlos Matute annonce vouloir :
 Reproduire l’étude à plus grande échelle
 Comparer les effets sur des athlètes professionnels vs amateurs
 Étudier les effets de courses ultra-trail (100 km et +) sur la myéline
 Tester l’impact de supplémentations alimentaires (cétogènes, glucidiques, oméga-3) sur la préservation myélinique.

Conclusion : entre fragilité et génie adaptatif
La myéline, longtemps considérée comme un simple isolant passif, apparaît désormais comme une réserve stratégique d’énergie, mobilisable en cas de nécessité extrême. Cette étude nous rappelle que notre cerveau, loin d’être figé, est un organe dynamique, stratège et résilient, capable de sacrifier un peu pour préserver l’essentiel.

Pour aller plus loin :
 Étude complète : Nature Metabolism – Matute et al., 2025
 Résumé vulgarisé : ScienceDaily (avril 2025)


Voir en ligne : Marathons

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