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Mourir d’avoir trop bu... d’eau !


Publié le lundi 25 avril 2005 à 14h08min

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C’était au printemps 2002 lors du marathon de Boston. Une femme de 28 ans s’est écroulée à la ligne d’arrivée, dans un état presque comateux. Elle est morte avant son arrivée à l’hôpital. Morte d’avoir trop bu d’eau !




Il doit y avoir une erreur, monsieur le chroniqueur ; vous voulez sûrement dire « morte de ne pas avoir bu assez d’eau ». Il n’y a pas d’erreur, les deux situations, bien que rares, peuvent se produire lors de longues épreuves d’endurance cardiovasculaire.

Mais il est certain que les décès causés par une perte d’eau excessive (déshydratation) ont été davantage médiatisés ces dernières années. Avec raison d’ailleurs, puisque la popularité grandissante des marathons et triathlons (jogging, natation, vélo), a fait en sorte que beaucoup de participants se sont lancés dans ces épreuves en négligeant de boire suffisamment d’eau. De plus, ce n’est que depuis une quinzaine d’années que les organisateurs de marathons annulent l’épreuve ou changent l’heure du départ si la météo annonce un temps chaud et, surtout, très humide. Je rappelle ici qu’un air très humide (plus de 80 %) rend très difficile l’évaporation de la sueur qui perle sur la peau, ce qui nuit énormément au refroidissement du corps. À 100 % d’humidité dans l’air, suer ne sert plus à rien !

On avait donc là les conditions parfaites (des participants qui ne boivent pas assez d’eau et la tenue des marathons par temps très humide) pour multiplier les cas de déshydratation sévère, voire des coups de chaleur parfois mortels. Et c’est ce qui s’est produit de 1960 à 1990 et pas seulement dans les marathons. En effet, même des joueurs de football, trop lourdement habillés, s’effondraient pendant les camps d’entraînement, complètement déshydratés.

Trop boire est aussi dangereux

Pour prévenir la déshydratation, on a donc beaucoup insisté dans les médias et les revues spécialisées sur l’importance de boire suffisamment d’eau pendant un marathon ou une autre épreuve d’endurance.

Résultat : les points de ravitaillement en eau ne manquent pas le long du parcours. Il n’est pas rare non plus de voir des coureurs se « surhydrater » avant la course en buvant beaucoup d’eau. Le message préventif est donc bien passé et on peut dire mission accomplie.

Le hic, c’est qu’on découvre maintenant qu’il y en a qui boivent trop d’eau ! Ainsi, après avoir fait des prélèvements sanguins auprès de 488 participants au marathon de Boston de 2002, des chercheurs ont découvert que 62, soit plus de un sur huit, avaient un sérieux déséquilibre en sel et en eau parce qu’ils avaient bu trop d’eau ou de boissons hydratantes pendant la course.

Trois d’entre eux souffraient d’un déséquilibre critique et une marathonienne de 28 ans, celle dont je parlais plus haut, est morte d’avoir bu trop d’eau (surhydratation), une condition appelée hyponatrémie.

Dans une autre étude menée auprès de 18000 adeptes des épreuves de grande endurance (incluant les triathloniens), on rapporte qu’environ 9 % des participants qui se sont écroulés, durant ou après les épreuves, présentaient des symptômes de surhydratation. Un super marathonien expérimenté a même dû être hospitalisé après avoir consommé plus de 20 litres de liquide lors d’une course ininterrompue de 100 km qui a duré 8,5 heures !

Prévenir la surhydratation

Bien sûr, la question vous brûle la langue : comment peut-on mourir d’avoir trop bu d’eau ? Voici comment les choses se passent dans l’organisme. Dans des conditions normales, on peut boire jusqu’à 9,5 litres d’eau par jour sans surcharger le travail des reins et sans trop affecter la concentration en sel (sodium) dans l’organisme.

Si on boit au-delà de cette quantité d’eau (remarquez que cela arrive rarement), il se produit une diminution de la concentration en sodium, l’hyponatrémie en question. Cette diminution favorise, par un simple phénomène de diffusion (osmose), un transfert d’eau vers les cellules qui se mettent alors à gonfler dangereusement.

A ce stade, la surhydratation peut causer des troubles graves du métabolisme, un œdème cérébral, voire le coma et la mort. Les personnes minces et légères qui participent à des marathons ainsi que celles qui mettent plus de quatre heures à compléter les 42 km (elles boivent plus souvent) sont les plus à risque.

Bref, le risque de surhydratation est plus élevé chez les femmes et les marathoniens amateurs que chez les pros qui font le trajet en moins de deux heures et quelques minutes.

Pour éviter la surhydratation, voici les recommandations les plus récentes de l’American College of Sports Medicine et du USA Track and Field, deux autorités en la matière :

- Entraînez-vous suffisamment avant de participer à des épreuves d’endurance de plus de deux heures. Vous allez produire alors une sueur moins salée, ce qui diminuera vos pertes en sodium pendant l’effort.

- Si la météo prévoit un temps chaud et humide pour la tenue de l’épreuve, mangez un peu plus salé que d’habitude deux ou trois jours avant le grand départ. Évitez, bien entendu, de faire le contraire, c’est-à-dire de manger moins salé. Ce conseil est particulièrement important si vous suez abondamment durant des efforts prolongés.

- Pesez-vous avant et après une longue séance d’entraînement (plus d’une heure), question de vérifier que vous n’avez pas pris du poids après l’entraînement, ce qui serait le signe d’un apport trop élevé en eau. Vous pouvez même calculer la vitesse à laquelle vous produisez de la sueur (taux de sudation). Vous trouverez sur le site suivant : (usatf.org) la formule pour calculer ce taux.

Pour le reste, fiez-vous à un mécanisme que nous possédons depuis des millénaires : la soif.

Si elle est présente en cours d’effort, allez hop ! quelques gorgées d’eau ; ça rassasie tout en faisant le plein !


Voir en ligne : Cyberpresse

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