Samira Chellah : « J’en rêvais »

Au-delà du résultat, la sociétaire du SCO Sainte-Marguerite a suscité l’étonnement en choisissant de courir pieds nus. Actuellement assistante pédagogique à mi-temps, elle intègrera l’armée en janvier, ce qui lui permettra de bénéficier de meilleures conditions d’entraînement. De bonne augure pour la suite d’une saison qu’elle imagine autant dans les labours que sur les pistes. Interview.

Samira, pour votre première sélection en équipe de France, lors des championnats d’Europe de cross, vous terminez 19 ème et 2 ème française. Une surprise ?

Lors des cross de sélection, je n’arrivais pas à m’exprimer totalement. Mais par rapport à ce que je réalisais à l’entraînement, je savais ce dont j’étais capable. Je suis donc allée en Italie sans pression et surmotivée. Au départ, j’étais la première non-sélectionnée. J’étais vraiment peinée d’avoir raté le coche. Au fond de moi, il y a quelque chose qui me disait que je méritais cette sélection. Quand j’ai appris que je pouvais finalement porter le maillot de l’équipe de France, j’aurais pu faire la fière et refuser de venir. Mais je rêvais trop de cette sélection !

Vous avez appris la bonne nouvelle dans des circonstances assez rocambolesques...

Je suis repartie en Algérie à quelques jours des championnats d’Europe. Juste après mon arrivée, je reçois un coup de téléphone d’André Giraud, le président de mon club le SCO Sainte-Marguerite, m’apprenant que je suis finalement retenue en équipe de France. Mon téléphone portable aurait pu être éteint et c’était fini. Quelques heures plus tard, j’étais dans l’avion du retour pour la France.

En Italie, vous avez agréablement surpris les observateurs autant par vos résultats que par votre choix de courir pieds nus...

Jusqu’à mon arrivée en France, dès treize ans, je courais souvent pieds nus. En Algérie, les parcours sont souvent beaucoup plus boueux qu’en France. Dans ces cas-là, ça colle et les pointes sont totalement inutiles. A San Giorgio Su Legnano, c’était une sorte de retour aux sources. Même si le sol était sec et assez caillouteux, je n’ai rien senti. Sans chaussures, je me sens plus libre et plus aérée. Si l’occasion se représente, je le referais.

On vous connaît comme une spécialiste du cross. Et la piste ?

Je m’oriente vers le demi-fond long : 5000 m et 10000 m. Je vise une qualification aux championnats du Monde sur une de ces deux distances (ndlr : son record le plus significatif, 8’55"2 sur 3000 m, date de l’an passé). Mais, jusqu’à cette année, je participais à cinq gros cross l’hiver et j’arrivais toujours fatiguée en juin. Je ne tenais pas jusqu’à la fin de la saison. Désormais, j’ai appris à me régénérer. En septembre, j’ai commencé tout doucement par les bases. Je sens maintenant que je monte progressivement en puissance. Je m’entraîne à Marseille avec un groupe de vétérans de mon niveau. Ils m’aident beaucoup.

Quelle est la suite de votre programme ?

Je me concentre sur le cross du Mans à la mi-janvier. J’espère aussi me qualifier pour les championnats du Monde de cross au Kénya. Côté indoor, je participerai aux championnats de France sur 3000 m. Les championnats d’Europe, j’aimerais bien... Mais cela demande une préparation spécifique.