90 ème Sedan - Charleville : La tortue dompte le lièvre
Publié le lundi 4 octobre 2010 à 16h25min
Le Kenyan Kirui a présumé de ses forces et a dû céder la victoire au Burundais Nduwimanea. Sa compatriote Chemtay s’est imposée chez les femmes.
Éparpillés façon puzzle : la célèbre réplique des Tontons flingueurs, le film culte de Georges Lautner du début des années 60, collait parfaitement au déroulement de la 90 ème édition de la Doyenne des courses ville à ville hexagonales. Après un premier kilomètre parcouru en 3’06", le Kenyan Boniface Kirui prenait les affaires en main, accélérant le rythme ostensiblement. Les chronos s’affolaient même : 14’36" au passage du 5 ème kilomètre, 29’30" au 10 ème, le tout avalé déjà en solitaire, avec une facilité déconcertante.
Les chronos s’affolent
Au 7 ème km, il se permettait même de s’amuser avec le nombreux public, tapant même dans la main d’un jeune spectateur. Derrière lui, chacun s’accrochait comme il pouvait et faisait la course à son allure. Les écarts semblaient bien établis. Le Burundais Willy Nduwimanea était le seul à pouvoir troubler les prétentions de victoires de l’athlète de la Rift Valley qui montrait, en plus, des signes de faiblesse. A partir du 15 km (bouclé en 44’50"), il se retournait à plusieurs reprises pour tenter de jauger son avance.
Ce qui donnait forcément des idées à Nduwinanea, toujours à l’affût à quelques dizaines de mètres. Le temps de passage au semi-marathon (1h05’01") prouvait que Kirui n’avait plus de force dans les jambes. « En bas du Cours Briand, Nduwimanea avait encore 7 secondes de retard, raconte Stéphane « Rocky » Laurent qui l’a suivi en moto. Mais, il a placé une grosse accélération dans la montée pour le rejoindre et le déposer ». En 1,5 km, le Burundais « collait » tout juste une minute au Kenyan pour couper la ligne en 1h15’10", finalement dans un chrono dans la moyenne basse des dernières années.
La leçon de Tours retenue
Son compatriote Osephor Nkunzimana complétait le podium (1h17’51"). « C’était un parcours varié que j’ai apprécié », reconnaissait le vainqueur qui a visiblement retenu la leçon de la semaine dernière.
Dimanche dernier, il a pris la 2 ème place des 20 km de Tours en 58’23", battu au sprint par le Kenyan Geoffrey Terer, après ne pas avoir cessé de placer des attaques. Un peu plus de huit minutes derrière, Pascal Fétizon décrochait la place de meilleur régional mais seulement la 3 ème chez les vétérans derrière Mesbah et le Russe Tachinski. Chez les féminines, la Kenyane Consalater Chemtay a inscrit son nom au palmarès en 1h27’36" quelques secondes seulement devant l’Ougandaise Catharine Webonbesa (1h27’49") et sa compatriote Risper Gesabwa (1h27’55").
Fétizon est éternel
La prime attribuée au premier régional a été supprimée depuis plusieurs années, mais le titre honorifique de meilleur coureur champardennais de la classique a toujours suscité les convoitises dans une lutte souvent homérique entre résistants ardennais et conquistadors marnais. « Nous ne courons pas pour l’argent, mais ce prix constituait la cerise sur le gâteau, témoigne Philippe Deville (15 ème en 1h24’28"). La place de premier régional offre une certaine notoriété. Il est dommage qu’elle ne soit plus récompensée ».
Habitué de la plus haute marche de ce podium fictif, le Sedanais de l’Efsra n’avait pas la préparation suffisante, trop ennuyé par des problèmes physiques, pour rivaliser au-delà d’Elaire (km 15) avec Olivier Lejeune (Grac), qui abandonnera finalement plus tard, mais surtout Pascal Fétizon (ASPTT Châlons) et Damien Labroche (AS Sommer). Un temps distancé, le cent-bornard a soufflé le vice-champion de Champagne-Ardenne de cross-country à l’approche du dernier kilomètre. « J’ai attaqué plus tôt que d’habitude, car je ne voulais pas faire la course en dedans, mais Pascal était plus frais, reconnaît celui qui avait couru le premier de ses neuf Sedan-Charleville un chronomètre à la main. Le résultat (13 ème en 1h23’44") est loin de mon temps de l’année dernière, mais quand je vois le soutien de tout ce public, je suis fier d’être Ardennais ».
En attendant la relève
A jurer qu’il ne se sentait pas bien au réveil, Pascal Fétizon (12 ème en 1h23’29") a-t-il fait de l’intox ? A l’arrivée, il n’en démordait pas, tout en attendant avec impatience l’arrivée de son épouse Elena (Efsra), meilleure féminine champardennaise (6 ème en 1h42’25"). « J’ai eu mal aux jambes du début à la fin, mais comme je suis en pleine préparation du marathon de Reims, où je vise 2h27’, j’ai la caisse, expliquait-il. Pourtant, quelque part, je suis déçu qu’à 48 ans, personne n’ait pris la relève. Il y a évidemment Mahiedine Mekhissi-Benabbad, vice-champion olympique du 3000 m steeple, mais nous avons du mal à trouver de bons marathoniens. Depuis 1993, seuls Jawad Annour et moi avons réalisé 2h20’ sur le marathon ». L’année prochaine, il faudra encore compter sur l’éternel quadragénaire. Avec un adversaire en moins puisque Damien Labroche, qui participera au marathon de Berlin en septembre 2011, a déjà annoncé qu’il se contenterait d’accompagner son frère dans le peloton de la quatre-vingt-onzième édition.
* Article publié par Sylvain Pohu et Cédric Goure
Voir en ligne : L’Union
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