Alberto Juantorena : « L’expérience cubaine peut être utile au Sénégal »
Publié le samedi 5 mai 2007 à 09h02min
Le Cubain Alberto Juantorena a marqué l’histoire de l’athlétisme mondial lors des Jeux olympiques de Montréal en 1976, en remportant la médaille d’or au 400m et au 800m. Un exploit qu’aucun athlète n’a réussi, à ce jour. Juantorena est une légende à Cuba où il occupe le poste de vice-ministre des Sports. Membre du Conseil de l’IAAF, il est très proche du président Lamine Diack à qui il apporte tout son vécu de champion exceptionnel. Alberto Juantorena a séjourné récemment à Dakar dans le cadre de la tenue du 20e congrès de la Confédération africaine d’athlétisme.
Quelles sont les raisons de votre séjour au Sénégal ?
Je suis à Dakar à l’invitation du président de la Fédération sénégalaise d’athlétisme et de mon frère et ami Lamine Diack pour participer au 20e congrès de la Confédération africaine d’athlétisme. J’ai aussi profité de ma visite pour avoir des contacts avec de hautes autorités du Sénégal dans l’intérêt du rapprochement et de la collaboration entre Cuba et le Sénégal. Nous avons eu des contacts avec le ministre de la Jeunesse et de l’Emploi, le ministre des Sports et des dirigeants des fédérations de volley-ball, boxe et athlétisme. Ces contacts nous ont permis de voir les possibilités de coopération entre les deux pays. Je suis très satisfait de ma visite au Sénégal.
Vous n’avez pas manqué aussi de suivre des compétitions d’athlétisme…
J’étais au stade lors du meeting international d’athlétisme de Dakar. L’ambiance était exceptionnelle et j’ai vu des gens qui aiment l’athlétisme. La championne Amy Mbacké Thiam a donné beaucoup de plaisir à ses compatriotes. Je l’avais vu courir quelques jours auparavant à Bamako. Je suis aussi allé à Ouagadougou avant de venir au Sénégal.
Quels sont les domaines de coopération avec l’athlétisme ?
Avec le président de la Fédération sénégalaise d’athlétisme, nous sommes en train d’étudier les possibilités d’une coopération plus étroite et plus ouverte. Des entraîneurs Cubains sont déjà sur place et travaillent avec les athlètes. Ils leur apportent leur expérience et leur savoir-faire dans les secteurs des sauts, des lancers et les courses de haies. Il y a beaucoup de possibilités dans le domaine de l’athlétisme qu’on peut exploiter. Nous étudions aussi les autres sollicitudes que la partie sénégalaise a exprimées.
Je suis très content de l’intérêt que le Sénégal porte à cette collaboration. Tous les gens que j’ai rencontrés au Sénégal m’ont exprimé leur admiration et leur respect pour Cuba. C’est le même sentiment que nourrit Cuba envers le Sénégal.
Y’a-t-il d’autres secteurs qui pourraient bénéficier de l’expertise cubaine ?
Le Sénégal souhaite bénéficier de l’expertise cubaine dans les autres disciplines comme l’escrime, le volley, la boxe et le soft ball. Et là aussi, les perspectives de coopération sont bonnes. J’ai trouvé de la réceptivité auprès des hommes que j’ai rencontrés et nous sommes dans des dispositions pour développer cette coopération. Nous respectons beaucoup la réalité de chaque pays. Et nous voulons que la collaboration dans le domaine sportif avec le Sénégal devienne une réalité. Le Sénégal compte beaucoup de talents. Notre expérience dans le domaine sportif peut être utile au Sénégal
D’un autre côté, nous voulons aussi apprendre du Sénégal. Personnellement, j’ai beaucoup appris lors de mon séjour. C’est une visite très utile pour moi. Je dois vous dire que j’ai des origines noires, malgré ma peau blanche. Ma mère est mulâtre. Il y a beaucoup d‘influence africaine dans la culture et la mentalité des Cubains.
Je remercie les autorités sénégalaises qui m’ont accordé leur temps en me recevant.
On connaît vos liens avec le président Lamine Diack. Comment appréciez-vous son bilan à la tête de l’IAAF ?
Son travail est exceptionnel. Il a beaucoup fait pour le développement de l’athlétisme dans les pays du Tiers monde. Le plan mondial qu’il a lancé vise à l’universalité de l’athlétisme. C’est un programme qui touche tous les domaines : la formation, les centres d’entraînements, la lutte contre le dopage etc.… En tant que président de la fédération cubaine d’athlétisme, nous soutenons le président Diack pour un nouveau mandat à la tête de l’IAAF. Et je suis sûr qu’il passera haut la main à Osaka.
Quel est le jugement que vous portez sur l’évolution de l’athlétisme ?
Je suis lié depuis longtemps à l’athlétisme, mais je constate que la discipline a connu aujourd’hui un développement prodigieux.
Les compétitions sont devenues plus nombreuses avec des championnats du monde tous les deux ans, la Coupe du monde, la Golden league etc.… Les temps ont vraiment changé. J’ai toujours condamné l’utilisation des substances interdites ; car c’est se faire mal en usant de ces produits prohibés. C’est mieux d’être propre et c’est le message que je lance aux jeunes Sénégalais.
Vous restez le seul champion olympique du 400m et 800m lors d’une même olympiade à Montréal 1976. Cet exploit est-il à la portée d’un athlète dans les années à venir ?
Je ne dis pas que c’est impossible. Je suis un être humain et pourtant je l’ai fait. Pourquoi un autre ne pourrait-il pas le faire ? Mais certainement, il faudra trouver un athlète qui a les qualités de Wilson Kipketer au 800m et celles de Michael Johnson au 400m. Et je pense qu’actuellement, il est difficile de trouver ce “ spécimen ”. Surtout avec la spécialisation de plus en plus poussée dans ces épreuves.
Voir en ligne : Le Soleil
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